A pleasant evening
Annonce dans une rame TGV, 2011.
Phénomène de va-et-vient chez un même locuteur, entre deux ou plusieurs styles, registres, langues ou parlers. L’alternance permet de traiter une situation de multiactivité, de faire face à plusieurs interlocuteurs, de basculer d’un régime d’action à un autre.
Annonce dans une rame TGV, 2011.
Viola May, extrait du film de Peter Goldsmid et Zanele Zuholi, Difficult Love, 2010.
Danielle, lecture extraite du projet Hysterical Litterature réalisé par Clayton Cubitt, 2012.
Scène d’enregistrement d’une publicité radio en studio, 2018
Apprentissage du chinois par un enfant, vidéo postée sur YouTube, 2008.
Tanneurs Quarante-Cinq, tentative de traduction en direct, extrait de la vidéo "Quatre strophes de Jean-Luc Wauthier devant une porte de garage", YouTube, 2016.
Appel de labour en Vendée, extrait du disque Voix du Monde : une anthologie des expressions orales, 1986.
Instructions d’un réalisateur lors du tournage d’un film pornographique, années 2000.
Commentaires d’un match de foot, 2017.
Scène de marché, 2019.
Discours d’ouverture d’un congrès politique dans le canton de Vaux, 2019.
Cathy Berberian, extrait de sa pièce Stripsody, 1966.
Présentation de l'émission philippine Pornikula, 2009.
Leonard Bernstein, Schleswig-Holstein Orchestra, répétition du Sacre du Printemps, 1988.
Jean-Michel Royer et Georges Pompidou, extrait d’une conférence de presse, ORTF, 1969.
Extrait de l’émission Tommy Teleshopping, télévision hollandaise, 2013.
Jacques Higelin et une spectatrice, extrait d'un concert à Cluses, 2006.
Extrait du film documentaire d'Astrid Bscher, Maestro Andris Nelsons: le feu du génie, Arte, 2012.
Ouverture d’une conférence de presse du Conseil fédéral, Suisse, 2020.
Scène de famille, enregistrement de Nicolas Rollet, Naples, 2015.
Pasteur Olivier Derain, extrait du disque La prière et le parler en langue, 2005.
Raymond Devos, extrait du film de Jean-Luc Godard, Pierrot le fou, 1965.
Version enfantine, enregistrement d'Emmanuelle Lafon, 2015.
Kenneth E. Hagin, extrait d’un prêche, 2003
Paula White, extrait d’un prêche en soutien au dépouillement lors de l’élection présidentielle étasunienne, 2020.
Kristina Rose et Manuel Ferrara, extrait du film Kristina Rose Is Slutwoman, 2011.
Michel Thomas, méthode d'apprentissage de l'Allemand, années 1970.
Altercation dans un avion, vidéo postée sur YouTube, 2015.
Vidéo d'une youtubeuse dans sa voiture, 2013
Extrait d'une partie du jeu ARK : Aberration, 2017.
Manfred Kropp, extrait d'un cours au Collège de France, 2008.
Rachid Abou Houdeyfa, extrait de Au cœur d'une tombe, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Park Soe-Joon, extrait d’une masterclass, vidéo Youtube, 2018.
Scène de manifestation à Alger, vidéo YouTube, 2019.
Lettre vidéo postée sur Youtube, 2012.
Jon Elster, extrait d'un cours au Collège de France, 2009.
Extrait d'un dîner, enregistrement de Valérie Louys, 2011.
Sankara de Kunta, interview de Zinedine Zidane, extrait de l'émission Scud de Werra, République démocratique du Congo, 2009.
Intervention de Jean-Claude Juncker au Parlement Européen, 2017.
Jacques Derrida, extrait du film Ghost Dance de Ken McMullen's, 1983.
Publicité pour l'ouverture d'un restaurant, vidéo postée sur YouTube, 2017.
Extrait d’une répétition de chorale, enregistrement personnel, 2018.
Philippe et Cooky, extrait d'un sketch de ventriloquie, source inconnue.
Extrait de l'émission Ringbahndam Gschechtla, ∏node, 2021.
Extrait d’une performance domestique, vidéo postée sur YouTube, 2018.
Explication de l’utilisation d’une formation rythmique « samba » dans un groupe funk, Brésil, date inconnue.
Oscar Rollet Gardon, enregistrement personnel, 2018.
Annonce du programme lors du concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique, 2018.
Extrait de stream d’une run de Dead Cells par At0miumVOD, vidéo Youtube, 2018.
Extrait d’un cours de chant, enregistrement personnel, 2020.
Extrait d’un cours de hautbois, enregistrement personnel, 2016.
Philip, Vincenzo, Raffaella, Nicolas, enregistrement de Nicolas Rollet, Napoli, 2015.
Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, déclaration à la Radio Télévision Guinéenne, 2021.
Enfant jouant, enregistrement de Camille Gaudou, 2016.
Daniel Bizeray, présentation de saison de l'Opéra Théâtre de Saint-Etienne, webzine Utopia, 2010.
Séance d'exorcisme, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2011.
Extrait d’une vidéo ASMR, YouTube, 2019.
Afida Turner, extrait de l'émission Carré VIIIP, TF1, 2011.
Andreï Lado, extrait d'un cours de gymnastique articulatoire, YouTube, 2012.
Classe d'histoire géographie au lycée français de San Francisco, 2013.
Catherine Lemorton lors du débat parlementaire sur la loi Hadopi 2, 2009.
Extrait d'une émission culinaire, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Alejandro Jodorowsky, extrait d'une démonstration, YouTube, 2012.
Père Jacob Manjaly, extrait d'un prêche au Kerala, 2018.
Gouy Gui, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2012.
Extrait de la net TV "StockMarketFunding.com", 2010.
Jacques Chirac en visite officielle dans les rues de Jérusalem, extrait du JT de France 2, 1996.
Exercice de prononciation en vietnamien, vidéo postée sur YouTube, date inconnue.
Alternance | Phénomène de va-et-vient chez un même locuteur, entre deux ou plusieurs styles, registres, langues ou parlers. L’alternance permet de traiter une situation de multiactivité, de faire face à plusieurs interlocuteurs, de basculer d’un régime d’action à un autre.
Lors de l'émission Carré VIIIP sur TF1 en 2011, Afida Turner explique à une candidate, sous forme de master class brouillonne et spéculaire, comment se comporter en vedette de variété sur scène. Sa référence étant manifestement la grosse machine anglo-saxonne, elle ponctue ses explications et mouvements simulés de formules anglophones incantatoires. Elle alterne. Si on peut difficilement assurer une explication à cette alternance, on peut au moins la décrire comme une ressource pour dynamiser sa simulation et affirmer une compétence (au moins celle de faire partie de la classe des chanteurs internationaux). L’alternance désigne ce basculement d’une forme langagière à une autre. Si les manières d’alterner sont très diverses, les actions qu’elles contribuent à accomplir le sont tout autant.
La notion d’alternance se ballade sur un continuum allant d’une distribution fonctionnelle entre situations bien délimitées (parler russe dans les champs, en français à la cour), à un basculement plus enchevêtré dans la conversation elle-même. De cette porosité de l’alternance aux connaissances sous-jacentes, aux stratégies, voire aux accidents, il résulte un très grand nombre de cas. Si l’on déplie : alterner avec, sur, pour, entre – ces prépositions ne s'excluent pas les unes les autres, mais fonctionnent ici comme des vecteurs.
L’alternance se produit souvent au sein d’une communauté (famille, collègues, etc.) qu’elle contribue à définir (alterner avec). Une personne peut avoir l’habitude (et la partager avec ses partenaires) lors d’un dîner, de basculer semble-t-il à brûle-pourpoint entre français, espagnol et anglais. La plasticité de cette alternance ne réclame aucune justification lorsqu’elle se produit : c’est ainsi que l’on fait. On peut émettre l’hypothèse qu’une telle alternance suppose qu’au moins un des partenaires est capable de saisir un ou plusieurs de ces parlers (écouter aussi En grec avec ma mère en italien avec mon père). Il y aurait donc une fonctionnalité minimale à cette alternance, celle de constituer un réseau de présences sous formes de validations régulières que les participants peuvent attraper au vol (écouter aussi Coraggio).
C’est ainsi assez distinct d’un cas d’apprentissage comme dans cet extrait de classe d’allemand avec Michel Thomas. Ici l’alternance est un but en soi : comme une étape vers le bilinguisme, l’alternance s’exprime par tentatives et relances. De même dans cet extrait où une adolescente anglophone s’essaye à différentes variétés de français devant sa caméra. Les commentaires sur les essais ratés se font aussi bien dans la langue native que dans la langue étudiée. À des niveaux divers de maîtrise, l’alternance peut ainsi refléter une distinction entre des tâches, comme dans cet extrait de classe de lycée français à San Francisco (écouter aussi You see the difference ?).
Toujours dans la lignée didactique, l’alternance peut constituer un mode planifié, pour expliquer ou commenter par inserts. Cet extrait permet d’entendre qu’un locuteur peut délibérément instituer un statut contrasté entre deux formes, autrement dit qu’il peut faire entendre non pas deux formes qui alternent de manière égale (alterner entre), mais une forme qui alterne sur une autre. On en a un autre exemple dans l’extrait de Pierrot le fou où Raymond Devos chante Est-ce que vous m'aimez ? Un chant qui alterne sur son histoire amoureuse désastreuse par ponctuation, punctum (au sens de Barthes, ce qui vient piquer depuis le cadre) et finalement saturation. On notera qu’ici l’alternance porte une dimension sympathique (voir l’entrée Sympathie, même si ici le couplage se fait sur de la musique et non une parole tierce) puisque l’acteur s’appuie sur un air de piano qu’il désigne expressément comme étant là, dans la scène.
Enfin, dans certaines situations une forme peut venir comme au secours d’une autre (alterner pour), comme dans cet extrait d’entretien (écouter aussi I’m sorry that I’m a girl).
Parmi les degrés de profondeur, ou de complexité de l’alternance, on peut entendre du très mixé que ce soit d’un point de vue pragmatique par exemple dans Échaudé gâteau petit chou chaud ou d’un point de vue syntactico-lexical. Lorsqu’un anglophone, vivant entre Paris et Naples, s’emploie à inclure des participants italophones et francophones, le mixage atteint une haute densité et touche presque au conflit intérieur, entre embrayeur italien, forme présentative en français et prononciation anglaise. On peut aussi entendre du tout juste emprunté, comme dans cet extrait où l’usage de formes anglophones figure comme une prescription publicitaire à la manière des incrustations de pop-up et autres images subreptices (que l’on ne confond pas avec certains items anglophones qui peuvent «faire partie» d'un type de parler comme c’est peut-être le cas dans Votre dernier mot en français). Dans cette idée d’emprunt, on peut entendre une version presque coquette chez Hitchcock qui, devant le critique de cinéma André Labarthe, conclue l’explication d’un passage de film par du français à la manière du populaire «voilà».
Dans cet extrait d’émission sur la bourse, le commentateur alterne entre une voix de chasseur («hunting around») et une autre plus éprise, plus marquée émotionnellement. On retrouve cette idée d’alternance entre modes vocaux chez cet animateur radio qui bascule sur du chant dans sa présentation de programme, comme une manière elliptique d’éviter la longueur – une chanson vaut mieux. Ce phénomène de bascule vocale peut d’ailleurs dépasser le contrôle du locuteur comme chez cet adolescent invité d’une émission ou chez cette femme sollicitée par une stimulation sensuelle.
On entend aussi dans les jeux enfants, les formes d’alternances comme polyphonies, où une histoire se raconte pour un soi projeté et pour soi-même – entre routines dramaturgiques et créations émergentes. Dans cet extrait, non seulement l’enfant alterne entre les voix, mais elle figure également des activités corporelles telles que marcher, ouvrir une porte.
A l’image de l’extrait précédent, l’alternance peut être mobilisée pour organiser et faire partager une activité complexe constituée de et pour plusieurs ressources sémiotiques (comme chanter en marchant Vs marcher et chanter). On entend couramment des cas dans des répétitions d’orchestre où le chef commente, dit le rythme, chante, etc, bref où les participants oscillent entre des régimes conversationnels et instrumentaux.
Du très régulier au complètement (supposément) aléatoire, l’alternance constitue un phénomène bien plus riche que le simple passage d’une langue à une autre. D’abord parce que ce basculement peut être très marqué ou quasi-accidentel; dialectique, embrassé ou intriqué. Ensuite parce que, pour autant qu’on puisse les repérer comme remarquables, nous sommes régulièrement (quotidiennement) pris dans, et invités à des ajustements. Donner des coudes et dire bonjour.
Opération par laquelle la parole tend à organiser ses accents toniques selon un patron régulier. Processus rythmique qui offre au locuteur des appuis lui permettant de clarifier son discours, de parler vite ou longtemps, de susciter l'adhésion et l'enthousiasme.
Chamane selknam, Argentine, extrait de Les voix du monde : une anthologie des expressions vocales, 1966.
Scène de la Foire du Trône, enregistrement de Daniel Deshays, date inconnue.
Neil Patrick Harris, extrait de la série How I met your mother, 2012.
Conversation téléphonique entre un manager LIDL et un employé, extrait de l'émission Cash Investigation, France Télévisions, 2017.
Annonce dans une rame TGV, 2011.
Scène de rééducation, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2008.
Lynn Margulis, extrait d’un entretien, NHK-TV, années 80.
François Asselineau, vidéo postée sur le site de l’UPR, 7 mai 2017.
Consignes de sécurité avant décollage, enregistrement de Nicolas Rollet, 2012.
Jocelyn Regina, extrait d’un spectacle, années 2000.
Claire Chazal, extrait du journal de TF1, 2013.
Gaël Quirante, SUD PTT 92, prise de parole à sa sortie du commissariat du 13ème après une action au Ministère du travail, 2019.
The Electrified Mojo, générique d'une émission radio sur WJMB, Detroit, 1984.
Natalia Makarovas, répétition du ballet de l'Opéra de Paris, extrait du film documentaire Ballerina, BBC, 1982.
Message téléphonique citant les paroles de Nervous breakdown de Black Flag, source inconnue.
Cérémonie de l'église Church Universal and Triumphant, extrait de la compilation The Sounds of American Doomsday Cults, 1984.
Joan Porras, message de soutien à des prisonniers politiques, 2018.
Fabulous Trobadors, extrait du disque Era pas de faire, 1992.
Extrait d'un commentaire de tiercé, 2007.
Extrait de l'émission Questions pour un champion, années 2000.
Entretien avec le conteur Gabriel Kinsa, extrait du documentaire La voix en quelques éclats, Pierre Boulay et Claire Parnet, 2013.
Valérie Dréville, extrait du spectacle Comme un chant de David mis en scène par Claude Régy, 2005.
Message posté sur Youtube, 2014.
Pierre Velay, extrait du disque Accouchement sans douleur, années 60.
Lil Wayne, extrait de l'album Tha Carter III, 2008.
Extrait de l'émission El Precio Justo, TVE, 2000.
Extrait de l’émission Tommy Teleshopping, télévision hollandaise, 2013.
Phil Leray, extrait d’une vidéo d’hypnose, YouTube, 2014
Adrienne Kish, extrait de l'émission La Méthode scientifique, France Culture, 2019.
Femme à sa fenêtre, vidéo postée sur Youtube, 2013.
Chant aborigène, Terre d'Arnhem, extrait de Les Voix du monde : une anthologie des expressions vocales, 1963
Klaus Kinski, extrait du poème Der Handschuh de Friedrich Schiller, Deutsche Grammophon, 1959.
Charlie Chaplin, extrait du film Le Dictateur, 1940.
Subzero, extrait d'une session d'enregistrement postée sur YouTube, 2008.
Extrait d'un disque pour apprendre l'allemand, source inconnue
Julien Blaine, récitation du poème I am a poet, années 2000.
Vidéo du ministère de l’intérieur, 2016
Ouverture d’une conférence de presse du Conseil fédéral, Suisse, 2020.
Pasteur Olivier Derain, extrait du disque La prière et le parler en langue, 2005.
Jean-Marc Lebihan, extrait d'une performance au festival d'Aurillac, 2013.
Message de quarantaine posté sur Whatsapp, 2020.
Jean-Pierre Léaud, extrait du film Baisers volés de François Truffaut, 1968.
Eric Maillet, extrait de la pièce sonore Attente du standard, Villa Arson, 1995.
Günter Lamprecht, extrait de la série Berlin Alexanderplatz de R. W. Fassbinder, 1979-1980.
Kenneth E. Hagin, extrait d’un prêche, 2003
Freestyle, vidéo postée sur YouTube, 2009
Rim-K, extrait a capella de Banlieue de Booba, 2005.
Paula White, extrait d’un prêche en soutien au dépouillement lors de l’élection présidentielle étasunienne, 2020.
Muhammad Ali, extrait d'une conférence de presse, Kinshasa, 1974.
Olivier Quintyn, extrait du supplément CD à la revue Nioques 1.9/2.0, 2003.
Pastor Tommy Bates, extrait de la vidéo Preaching the Gospel, années 2000.
Extrait d'un dialogue entre chatbots, Cornell’s Creative Machines Lab, 2011.
Saul Williams, extrait du film Slam de Marc Levin, 1998.
Eddie Fenech Adami, Premier ministre de Malte, extrait d'un discours, 1987.
Danez Smith, lecture publique du poème Dear White America, 2014.
Extrait d’un cours de langue, YouTube, 2010
Rachid Abou Houdeyfa, extrait de Au cœur d'une tombe, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Balastik Dogg, extrait d'un freestyle posté sur YouTube, 2007.
M. Liochon, extrait d'une interview, Le petit rapporteur, TF1, 1975.
Jean Perrigault, extrait d’un entretien à la radio, 1949.
Sylvie Noachovitch, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2007.
Discours d'un mineur gréviste, extrait du disque Shoulder to Shoulder, 1985.
Extrait de l'émission Le Morning, Radio Générations, 2019
Jean-Claude Bajeux, discours aux funérailles de Me Yves Volel, 1987.
Natalie Sbaï, bulletin météo de la Radio Télévision Suisse, 2020.
Vincent Beckers, extrait d'un tirage de tarot, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Colette Magny, extrait du disque Transit, 1975.
Michel Foucault, extrait d'un cours au collège de France, 1975-1976.
Philippe Bilger, extrait de l'émission Les Matins de France Culture, 2009.
Extrait d’un épisode d’une série Nollywood, 2019.
Maria Casarès, extrait de Les 25 plus beaux poèmes de la langue française, années 60.
Alain Finkielkraut et Fabrice Luchini, extrait de l'émission Répliques, France Culture, 2011.
Guillaume Apollinaire, récitation de Le pont Mirabeau, Les Archives de la parole, 1913.
Henri Chopin, extrait d'une intervention à Actoral 6, Marseille, 2008.
Publicité pour l'ouverture d'un restaurant, vidéo postée sur YouTube, 2017.
Extrait du direct de la finale 800 m nage libre aux J.O. d'Athènes, NHK, 2004.
Mister mv lors du Z event 2021, Twitch TV, 2021.
Charles Pennequin, extrait d'une lecture au Centre Pompidou, 2000
Extrait du film Singin’ in the Rain de Stanley Donen et Gene Kelly, 1952.
Extrait d’une vidéo d’apprentissage du “gongyo” par le Soka Gakkai International, 2013.
Extrait du JT de la BBC en langue arabe, 2012.
Cumbia Siglo XX, extrait de la compilation Palenque Palenque : Champeta criolla & Afro Roots in Columbia, années 1970.
Olivier Cadiot, extrait d'une lecture de Retour définitif et durable de l'être aimé, Théâtre national de la Colline, 2002.
Manifestation, enregistrement personnel, 2003.
Extrait d'une vente aux enchères de taureaux, 2011.
John Korrey, extrait d'une vente aux enchères, extrait du DVD Chant of a Champion, 2007.
The Monty Python, extrait de l'émission The Monty Python's flying Circus, 1972.
Takana Zion, vidéo postée sur Youtube, 2019
Récitation d'un poème de G. M. Hopkins par des écoliers, enregistrement de Jay Salter, 1998.
Encouragements d’un entraîneur de rugby avant match, 2008.
Samir Hadj-Doudou, extrait de l’émission Le Téléphone sonne, France Inter, 2020.
Sarah Bernhardt récitant une tirade de Phèdre de Jean Racine, 1902.
Exercices de prononciation en français, enregistrement de Joris Lacoste, 2013.
Patti Smith, extrait d'une lecture au Centre Pompidou, Paris, 2000.
Compétition de cheerleading (TC Wiliams High School), extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Scène d’enchères au Tsukiji fish market à Tokyo, vidéo postée sur YouTube, 2007.
Extrait d'un rituel d'exorcisme portugais, enregistrement de Tiago Pereira, 2010.
Extrait du sujet "La journée nationale du bégaiement" diffusé sur France Info, 2007.
Annonce d'une hôtesse sur Air Maroc, enregistrement personnel, 2010.
Dialogue entre un père et son fils, vidéo postée sur YouTube, 2011.
Échanges CB entre routiers américains, 2009.
Gabrielle Giffords, audition devant la commission judiciaire du Sénat, 2013.
Récitation du Coran par un chœur berbère du Haut-Atlas, extrait du disque Les Voix du monde : anthologie des expressions orales, 1977.
Publicité pour une compagnie aérienne, 2016.
Témoignage d'un homme recueilli par le Daily Mail, Angleterre, 2014.
Jimmy McMillan, extrait d'un débat pour le poste de gouverneur de New York, 2010.
Extrait du film de Richard C. Sarafian, Vanishing Point, 1971.
Tom Lescher aka Kaypacha, extrait d’une vidéo de la chaine YouTube « New Paradigm Astrology », 2019.
Audrey Hepburn, extrait du discours de réception du Cecil B. DeMille Award, 1990.
Message laissé sur un répondeur téléphonique, 2012.
Camelot sur le marché de Choisy-le-Roi, YouTube, 2015.
Exercices de prononciation en portugais, enregistrement personnel de Tiago Pereira, années 2000.
Dominique de Villepin, extrait d'une déclaration à la presse en marge du procès Clearstream, 2009.
Extrait d’un reportage, BFMTV, 2018.
Barnaby Raine, extrait d'une intervention à la conférence Coalition resistance, 2010.
Allen Ginsberg, extrait d'une lecture du poème Hum Bom !, 1994.
Barack Obama, extrait d'un discours au New Hampshire, 2008.
Rex Harrison, Wilfrid Hyde-White, extrait du film My Fair Lady de George Cukor, 1964.
Fred Hampton, extrait d'un discours, 1969.
Cadence | Opération par laquelle la parole tend à organiser ses accents toniques selon un patron régulier. Processus rythmique qui offre au locuteur des appuis lui permettant de clarifier son discours, de parler vite ou longtemps, de susciter l'adhésion et l'enthousiasme.
Toute parole s'organise rythmiquement. La parole la plus quotidienne présente des attaques ou des accents plus ou moins réguliers. C'est dans ce "plus ou moins" que s'anime la question de la cadence dans cette collection : dans quelles situations une parole se cadence-t-elle ? Quels appuis apportent la cadence ? Que fait-on avec de la cadence ?
Dans cet extrait d’un discours électoral d’Obama, au cours duquel il lance son célèbre motto "Yes we can", on entend comment la parole s'organise selon un raffermissement des accents toniques en un patron régulier. Le discours se cadence. Cette cadence est ensuite reprise à son compte et à sa manière par la foule : "We want change".
La cadence n’est en effet pas toujours monolithique dans la parole : elle fluctue, elle peut souvent s’entendre comme un processus. On entend un discours en voie de cadencement, ou tendanciellement cadencé, comme dans cet extrait où un mineur anglais en grève appelle à la solidarité et à la justice, dans cette performance de Patti Smith, ou encore dans ce messsage d'un politicien américain atypique (écouter aussi We are now the generation on the fight back).
Il arrive qu'une cadence se forme au sein d'une situation d'interlocution, dans le jeu d'alternance des prises de parole. Les locuteurs construisent alors ensemble une cadence, comme dans cette pseudo annonce publicitaire par les Fabulous Trobadors, ou dans cet extrait d’un sketch des Monty Python (écouter aussi Les prières dans les langues).
Certaines paroles sont remarquable par l'extrémisme de leur cadencement, dans la mesure où elles ne fonctionnent pas sur l'alternance régulière de temps forts et de temps faibles, mais accentuent toutes les syllabes. C'est le cas de cette lecture de Charles Pennequin. Le paradoxe de ces cadences martelées peut s'énoncer ainsi : tout en étant les paroles au tempo le plus régulier qu'on puisse imaginer, ce sont peut-être les moins rythmiques qui soient.
On l'a entendu avec Obama, un des effets les plus évidents de la cadence est celui de l’entraînement. On peut délibérément chercher à entraîner l’autre comme dans cet extrait où Fabrice Luchini récite La Fontaine (écouter aussi Colette Magny dans La Bataille). Elle peut parfois aller jusqu'à provoquer un effet de transe sur soi et sur les autres (écouter aussi : Fabienne Tabard, Dedication to the takling of the Beast and the Dragon, Santa Cruz).
Le plus souvent, la cadence fonctionne comme structuration du discours, puisqu'elle le découpe en unités signifiantes distinctes : c'est ce qu'on peut entendre dans cette déclaration de Dominique de Villepin en marge du procès Clearstream. De manière plus paradigmatique encore, cet extrait d'un documentaire vantant une méthode contre le bégaiement montre comment le handicap est surmonté en découpant les énoncés en syllabes indépendantes martelées.
La cadence peut être mobilisée pour singulariser un message comme ce générique de radio américaine, ou encore cet extrait de message amoureux sur un répondeur dans lequel l'appelant tente une forme particulièrement cadencée (à partir des paroles d'une chanson du groupe Black Flag). Elle peut s’avérer d’un grand secours pour ou lire une longue question dans un temps imparti lors d’un jeu, ou constituer un ressort dramatique comme dans cet extrait d’un film de Fassbinder.
La cadence contribue facilement à l'esthétisation d'une parole, que ce soit dans la récitation classique, comme ici Maria Casarès, dans des lectures de poésie contemporaine (écouter Ne surtout pas s’endormir, We bomb), des documents de poésie sonore (I shot Reagan), des morceaux de slam ou de rap (écouter Double Time, I'm that nigger, Hebs), ou encore des chants traditionnels.
L'usage de la cadence comme stratégie de saturation est perceptible dans les paroles serrées qui progressent sans espacement. Ce type de rythme à flux tendu rend difficile l'interruption aussi bien que l'interlocution. C'est par exemple évident dans cette intervention de l'avocat Philippe Bilger. C'est une stratégie de conviction. Il n'est donc pas étonnant qu'on observe un cadencement très fort des paroles politiques. La satire qu'en propose Chaplin en est un exemple saisissant.
Certaines paroles se cadencent parce qu'elles sont indexées sur des activités extérieures : c’est le cas d’une course de chevaux commentée, d’une vente aux enchères, ou encore d’un accouchement accompagné. Dans d'autres situations, c'est l'invitation à apprendre quelque chose, à attacher sa ceinture de sécurité, à exercer sa prononciation, qui va cadencer le discours.
La cadence peut enfin apparaître comme un moyen de faire quelque chose ensemble, comme dire un poème ou bien être ensemble le temps d’un rituel religieux ou d’une manifestation (voir l'entrée Choralités).
Propriété d'une parole dite à plusieurs. Selon que sa forme est plus ou moins unie ou multiple, organisée ou spontanée, la choralité marque soit une subordination à une norme, soit la constitution en temps réel d'un sujet d'énonciation collectif.
Liturgie catholique, extrait de l'émission La Messe, France Culture, 2011.
Apprentissage d'un poème de G.M. Hopkins par des enfants de 2 ans, enregistrement personnel de Stacy Doris, 2008.
Extrait du disque d'hypnose Méta-relaxation : créativité face aux problèmes, années 90.
Sun Ra, extrait du disque It's after the end of the world, 1970.
Témoignage d’un couple, enregistrement de David Christoffel, Monaco, 2016.
Compétition de Chorale Speaking, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Jeunesses pétainistes, extrait du film Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophuls, 1969.
Extrait d'une séance d'instruction de tir, source inconnue.
Triomphe à la Scala de Milan, années 90.
Scène de prière des évangélistes de la Montagne de feu, enregistrement personnel, 2010.
Vendeur de sandwich de poisson frais à Istanbul, enregistrement de Claude Vittiglio, 2003.
Scène de marché, place du Jeu de Balle à Bruxelles, enregistrement personnel, 2012.
Conversation entre des syndicalistes et une ouvrière, extrait du film La reprise du travail aux usines Wonder de Jacques Willemont, 1968.
Des salariés et Bruno Le Maire, ministre du Travail, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2019.
Témoignage extrait du film documentaire Episode I de Renzo Martens, 2003.
Pierre-Yves Macé, Grégory Castéra, Esther Salmona, Frédéric Danos, Joris Lacoste, Nicolas Rollet, Nicolas Fourgeaud, extrait d'une réunion de l'Encyclopédie de la parole, 2009.
Extrait d'un prêche à Kinshasa, enregistrement de Manuel Coursin, 2004.
Fabulous Trobadors, extrait du disque Era pas de faire, 1992.
Chant kanak, extrait du disque Les Voix du monde : anthologie des expressions orales, 1984.
Conversation entre amis, extrait d'un enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2008.
Raekwon, Ghostface Killah, extrait de l'album Striving for Perfection, 1995.
Extrait du film Doulaye, une saison des pluies de Henri-François Imbert, 1999.
Scène chez le dentiste, extrait d’une vidéo YouTube, années 2010.
Dialogue entre bébés, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Scène aux Champs-Elysées à l'occasion du lancement de l'iPhone en France, 2007.
Scène de métro, extrait d'un enregistrement posté sur Audioboo, 2011.
Scène de classe, extrait d'un enregistrement personnel de Laurie Bellanca, 2013.
Extrait d'une joute oratoire brésilienne, vidéo postée sur YouTube, années 2000.
Extrait d'une récitation en classe, source inconnue.
Extrait d’un reportage présenté par des enfants, Jemidor TV, 2021.
Extrait de « Gary Hemming, le vagabond des cimes », Une Histoire particulière, France Culture, 2020.
Country Joe Mc Donald, extrait d'un concert à Woodstock, 1969.
Extrait d'un spectacle de Guignol, vidéo postée sur YouTube, années 2000.
Manifestation en opposition au roi Gyanendra, Népal, 2007.
All-Blacks, rituel d'avant-match, 2010.
Scène de zoo, vidéo postée sur Youtube, 2011.
Roberto Benigni, Tom Waits, John Lurie, extrait du film Down by Law de Jim Jarmusch, 1986.
Recette polonaise échangée entre amis, 2019
Extrait de A-Ronne de Luciano Berio, texte d'Edoardo Sanguineti, 1974.
Extrait d'un commentaire de football, années 2000.
"Musique blanche" de la Patrouille de France, vidéo postée sur Youtube, 2013.
Gamers jouant à Guitar Hero, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Scène de dîner, enregistrement personnel de Valérie Louys, 2013.
Extrait de la performance Le Foyer/le Chœur de Gwénaël Morin, Théâtre de l'Élysée (Lyon), 2007.
Briefing avant perquisition, années 2010.
Extrait du film Les Invasions barbares de Denys Arcand, 2002.
Extrait du film Biquefarre de Georges Rouquier, 1974.
Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, extrait du film 6 Bagatelas de Pedro Costa et Thierry Lounas, 2001.
Jacky Bernard et Fernand Raynaud, extrait du disque Les secrets du music-hall dévoilés par Jacky Bernard publié par Fernand Raynaud, 1965.
Liturgie catholique, extrait de l'émission La Messe, France Culture, 2011.
David Wampach, Sabine Macher, Marie-Thérèse Allier, enregistrement de Sabine Macher, 2011.
Conversation entre amis, extrait d'un enregistrement personnel d'Esther Salmona, 2009.
Élaboration d'une déclaration d’amour vidéo, YouTube, 2013.
Extrait du documentaire La danse / Le ballet de l'Opéra de Paris de Frederick Wiseman, 2009.
Patricia Martin, Jean-Marc Four, Pierrick Bolnau, Cyril Grasiani, extrait du 7-9 du week end, France Inter, 2014.
Extrait d'un commentaire télévisé de patinage artistique, 2007.
Scène de nuit parisienne, enregistrement personnel, 2013.
Brigitte Fontaine, extrait d'un entretien avec Raphaël Misrahi, 1995.
Extrait d'une assemblée générale à Occupy Wall Street, 2011.
Tirage du Sorteo de Navidad, loterie de Noël, 2014.
Extrait d'une répétition de la chorale de l'Encyclopédie, enregistrement personnel d'Olivier Normand, 2010.
Extrait d'une partie de jeu de cartes, Italie, 2011.
Black Lives Matter, slogan contre la police, 2020.
Sage Francis, Apathy, extrait de la mixtape Still Sick... Urine Trouble, 2000.
Slogans lors d’une manifestation, 2018.
Marguerite Duras et Gérard Depardieu, extrait du film Le Camion de Marguerite Duras, 1977.
Action réalisée par le collectif DurEs à queer, Nantes, 2010.
Disque audiomaton, années 1960
Gabriel, Louise, Sarah et Marc Tchalik, extrait de l'émission Métaclassique #101, 2021.
Scène de devoirs à la maison, 2019
Marlène Jobert, Chantal Goya, Jean-Pierre Léaud, extrait du film Masculin, féminin de Jean-Luc Godard, 1966.
Guy Lumbroso, Gwénaël Morin, Grégory Castéra, Adrien Bardi Bienenstock, Joris Lacoste, extrait de la performance Le Bloc, Bétonsalon (Paris), 2008.
Compétition de cheerleading (TC Wiliams High School), extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Extrait du film Hinterland de Marie Voignier, 2009.
Raffaella Gardon et Antonio, enregistrement de Nicolas Rollet, 2014.
Extrait du film documentaire de Deborah Scranton The War Tapes, 2006.
Scène d'arrestation, enregistrement personnel posté sur Soundcloud, USA, 2015.
Extrait du film Monty Python and the Holy Grail de Terry Jones & Terry Gilliam, 1975.
Échanges CB entre routiers américains, 2009.
Juliet Berto et Philippe Clévenot, extrait du film Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette, 1974.
Extrait du Rig-Veda, Mandala 9, Brahamarishi Devarat, années 70.
Roger Waters, David Gilmour, Richard Wright, Nick Mason, extrait d'un entretien de Pink Floyd à la télévision australienne, 1971.
Méline, extrait de l'horoscope sur NRJ, 1999.
Extrait d’une partie du jeu en ligne WarCraft 3, 2014.
Classe d'histoire géographie au lycée français de San Francisco, 2013.
Scène de safari, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2007.
Extrait d'un dîner entre amis, enregistrement personnel, 2013.
Slogan dans une manifestation à Athènes, enregistrement personnel, 2012.
Prière collective de l'église Church Universal and Triumphant, extrait de la compilation The Sounds of American Doomsday Cults, v.14, 1984.
Séance de spiritisme, extrait de l’émission “La Mort vivante”, La Série documentaire, France Culture, 2019.
Extrait d'un sermon des évangélistes de la Montagne de feu, enregistrement personnel de Frédéric Danos, 2010.
Compte à rebours dans une classe, vidéo postée sur YouTube, 2014.
Maurice Pialat et des enfants, extrait de la série La Maison des bois de Maurice Pialat, 1970.
Arnaud Laporte, Marie Audran, Vincent Huguet, extrait de l'émission La Dispute, France Culture, 2012.
Extrait de l'émission Une vie, une oeuvre, France Culture, 2016.
Conversation entre amis, enregistrement personnel, 2020.
Mathilde Monnier & La Ribot, extrait du spectacle Gustavia, 2008.
Manifestation, extrait du site Révoltes FM de Bruno Guiganti.
Match de catch, extrait de l'émission Sur les docks, France Culture, 2009.
Sara Forestier, Sabrina Ouazani, Nanou Benhamou, Aurélie Ganito, extrait du film L'Esquive d'Abdellatif Kechiche, 2004.
Disque audiomaton, années 1960.
Extrait de l'émission Sur les Docks, France Culture, 2009.
Apparition d’un fantôme, extrait de l’émission Boulevard de l'étrange, France Inter, 1984.
Extrait du jeu télévisé Jeopardy, 2012.
Choralité | Propriété d'une parole dite à plusieurs. Selon que sa forme est plus ou moins unie ou multiple, organisée ou spontanée, la choralité marque soit une subordination à une norme, soit la constitution en temps réel d'un sujet d'énonciation collectif.
Le premier exemple que nous donnons de la choralité est paradoxal : il s’agit d’un moment de prière collective dans une église évangélique. On entend le brouhaha régulier d'individus qui sont unis par la même activité (s’adresser à Dieu), mais parlent, ou murmurent chacun de leur côté. C’est une forme chorale a minima, dans laquelle les individus sont à la fois ensemble et séparés (écouter aussi Va y avoir du monde dans l'entrée Sympathies).
La collection va distinguer deux grandes familles de choralités : l’unisson, qui peut être produit de diverses façons, et des formes de paroles distribuées, où un même discours se répartit entre plusieurs locuteurs. Cette distinction en recoupe une autre : les discours collectifs préexistants (rituels ou scénarisés), et ceux où la parole chorale se constitue spontanément autour d’une activité partagée.
La choralité la plus élémentaire est sans nul doute la forme de l’unisson, dans laquelle plusieurs individus disent la même chose en même temps. Un moyen simple de produire un unisson est d’exiger d’un groupe qu’il imite un locuteur principal qui donne le ton et l’exemple, comme fait le chef des jeunesses pétainistes et ses disciples, l’officiant et ses ouailles, le leader d’un groupe de supporters, le maître d’école et ses élèves, ou encore un manifestant instruisant une chaîne d’amplification humaine. L’unisson s'impose aussi par l'usage et la répétition comme dans cette cérémonie d'une secte californienne.
Parfois la répétition se produit davantage par un jeu d’entraînement que d’autorité, comme dans cet extrait du film Down by Law de Jim Jarmusch, ou dans cette scène de catch.
Quand la voix-modèle se retire ou se fond dans la masse chorale, le chœur donne l’impression d’être émancipé, comme dans la récitation scolaire de poésie ou de tables de multiplications, dans les "hakas" des All-Blacks, ou bien sûr dans certaines performances théâtrales.
Un cas particulier de choralité est celui où un leader lance un appel auquel le groupe répond par un autre énoncé. Cela peut s’entendre à la messe, dans des manifestations de rue, au Guignol, dans des séances d'instruction de tir de la police nationale, dans cette chasse aux sorcières des Monty Python.
Dans cette action du collectif DurEs à Queer à Nantes en 2010, on peut entendre une multiplicité de modes de choralité écrite : d'abord un unisson ("Où sont mes droits ?"), puis une prise de parole une à une sur un même modèle ("Je suis pédé où sont mes droits ? Je suis gouine où sont mes droits ?", puis une réponse collective à un appel ("Et qu'est-ce qu'on veut ? L'égalité des droits !").
La choralité peut évidemment prendre des formes plus subtiles que l’unisson. Un mode très répandu est ainsi la répartition d’un même discours entre deux locuteurs. C’est le cas des duos de comiques ou de troubadours, des orateurs pourvus d’interprètes, des hypnotiseurs qui travaillent à deux, voire, plus exceptionnellement, de personnages de Jacques Rivette faisant mine de se rappeler des souvenirs d’enfance érotiquement partagés.
La composition duale semble la plus courante dans ce type de distribution pré-établie (c’est d’ailleurs le cas dans une prière telle qu’on a pu l’entendre, avec un leader et un groupe qui suit). En revanche, on va trouver dans les formes plus libres, plus quotidiennes, des distributions, ventilations réparties sur un nombre très variable de locuteurs.
Ces choralités se construisent dans le présent de la parole: plusieurs personnes font ensemble la même chose, chacune à sa façon, mais en poussant la parole dans une direction commune, c’est-à-dire en partageant une activité. On peut ainsi assister à l'émergence d'un sujet collectif. Ces activités peuvent être très diverses :
- apprendre ou répéter, comme ces enfants de deux ans qui apprennent un poème avec leurs parents ; de même un collectif d’artistes qui répète une chorale parlée, ou bien un comédien et un réalisateur qui enregistrent un générique radiophonique (écouter aussi Tu me l'écris je peux p'têtre te dire).
- raconter une histoire, comme Marguerite Duras et Gérard Depardieu dans Le Camion ou ce couple relatant un incident de vacances.
- observer ou décrire, que ce soit dans le cadre d'un safari, d'un commentaire sportif, de la supervision de répétitions de danse, de la préparation et simulation de voltiges en patrouille.
- répondre ensemble aux questions d’un tiers, comme ces anciens camarades questionnés par un documentariste, les 4 membres de Pink Floyd s'exprimant tour à tour, les cinéastes Straub et Huillet parlant d’une seule voix, ou bien encore ces adolescents qui construisent collectivement une définition de l’adolescence.
- improviser un discours collectif, comme dans cette performance du collectif W, voire dans cet échange entre deux bébés.
- jouer à décliner des synonymes, comme dans cet extrait du film Masculin Féminin de Jean-Luc Godard.
- se défendre ou se justifier face à une ouvrière récalcitrante, ou à une grave accusation permettant de faire émerger une cohésion de copines.
- réfléchir ensemble, comme dans cette réunion de travail de l’Encyclopédie de la parole.
- simplement dîner entre amis pour parler d’un plat que l’on a pu cuisiner ou bien établir des traductions et descriptions d’ingrédients.
Enfin, une représentation particulièrement élaborée de choralité entremêlant différents locuteurs, différents textes et différentes langues : un extrait de la pièce A-Ronne 2 de Luciano Berio.
Qualité d’une parole qui avance en recomposant et réorganisant les éléments qui la constituent. Tout à la fois répétition et variation, reprise et déclinaison, combine et combinatoire, la combinaison est une ressource poétique autant que rhétorique.
Mahmoud Darwich, lecture d'un poème, extrait du documentaire “Mahmoud Darwich et la terre comme langue” de Simone Bitton, 1998
Séance de dressage, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Appel de labour en Vendée, extrait du disque Voix du Monde : une anthologie des expressions orales, 1986.
Jean-Luc Godard, extrait d'un live Instagram, 2020.
Improvisation d’un enfant de six ans, enregistrement personnel, 2019.
Test radio, extrait d'un enregistrement pour le film Tongue Twisters d'Érik Bullot, 2007.
Message posté sur Youtube, 2019.
Yves, extrait du film Le Moindre Geste de Fernand Deligny, 1962-1971.
Leçon de mathématiques, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2008.
Criée sur un marché, 2019.
Noëlle Obscarskas, vidéo postée sur YouTube en 2012.
Olivier Cadiot, extrait du texte Mr Solo, enregistrement personnel, années 80.
Extrait du jeu télévisé Des chiffres et des lettres, Antenne 2, 1972.
Séance de dressage, extrait d'une vidéo sur YouTube.
Vidéo d’un consommateur, YouTube, 2019.
Dialogue entre bébés, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Phil Leray, extrait d’une vidéo d’hypnose, YouTube, 2014
Extrait d'un disque d'hypnose, année inconnue.
Scène de métro, enregistrement de Martin Juvanon du Vachat, 2016.
Raymond Devos, extrait du sketch « Ouï-dire », 1979
Guy "Bear" Vasquez, vidéo postée sur YouTube, 2010.
Annie Johnston, extrait de l’enregistrement d’Alan Lomax, Bird Imitations, île de Barra (Écosse), 1951.
Sebastian Dieguez, Florian Delorme, extrait de L'invité de Matins, France Culture, 2018.
Raymond Devos, extrait du sketch « Sens dessus dessous », 1979
Idi Amin Dada, extrait d’un conseil des ministres, années 70.
Message laissé sur le répondeur de Martin Juvanon de Vachat, 2017.
Jean-Marie Massou, extrait de Message pour les témoins de Jéhova, 2007.
Jacques Martin, extrait de l'émission L'École des fans, France 2, années 90.
Démarchage téléphonique, enregistrement posté sur Soundcloud, 2016.
Scène de panique dans l'avion, vidéo postée sur YouTube, 2009.
Brion Gysin, extrait de la compilation Mektoub: Recordings 1960-81, 1996
Paula White, extrait d’un prêche en soutien au dépouillement lors de l’élection présidentielle étasunienne, 2020.
Protestation d'un homme menacé par la police, YouTube, 2014.
David Lynch, extrait d’une interview avec Hikari Takano, 2006
Louis-Ferdinand Céline, extrait de l'émission Lectures pour tous, ORTF, 1957.
Jérôme, extrait de l'émission Radio Tisto, l’émission des jeunes de l’hôpital de jour d’Antony, Radio Libertaire, 2020.
Séance vidéo d'Emotional Freedom Technique, YouTube, 2013
Gamers jouant à Guitar Hero, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Scène de manifestation à Alger, vidéo YouTube, 2019.
Christophe Tarkos, poème enregistré pour la revue Boxon, 1999
Message laissé sur le répondeur de Catherine Gilloire, 2011.
Raoul Hausmann, extrait de Phonèmes, 1956-1957.
Tristan Garcia, extrait de la conférence Laisser être et rendre puissant, 2017.
Pierre Repp, extrait du sketch Les Crêpes, années 60.
Nicolas Sarkozy, extrait d’un discours, 2011.
Jacky Bernard et Fernand Raynaud, extrait du disque Les secrets du music-hall dévoilés par Jacky Bernard publié par Fernand Raynaud, 1965.
Claude Gaignebet, extrait de l’émission Euphonia, France Culture, 1988.
Scène de nuit parisienne, enregistrement personnel, 2013.
Marie-Pierre Planchon, extrait de la météo marine, France Inter, 2009.
Josep Maria Puyal, extrait du commentaire d'un match, Catalunya Ràdio, 2007.
Gherasim Luca, lecture du poème “Passionnément”, 1986.
Extrait du film Singin’ in the Rain de Stanley Donen et Gene Kelly, 1952.
John Korrey, extrait d'une vente aux enchères, extrait du DVD Chant of a Champion, 2007.
The Monty Python, extrait de l'émission The Monty Python's flying Circus, 1972.
Romain Duris et Fabrice Luchini, extrait du film Molière de Laurent Tirard, 2007.
Scène de rond-point dans le Gard, extrait d’un live sur périscope, 2018.
Exercices de prononciation en français, enregistrement de Joris Lacoste, 2013.
Extrait d'une conférence de développement personnel, Allemagne, 2014.
Claude Bartolone, extrait d’une séance de l’Assemblée nationale, 2013.
Soliloque sur un quai métro, enregistrement personnel, 2016.
Morsay Truand 2 la Galère, vidéo postée sur YouTube, 2008.
Robert Wilson et Christopher Knowles, extrait de la performance A Letter to Queen Victoria: The Sundance Kid is Beautiful, 1975.
Apéro entre amis, enregistrement personnel, 2020.
Redjep Mitrovitsa, extrait du spectacle Le Journal de Nijinski enregistré pour France Culture, 1996.
Service client de la compagnie Elion, année inconnue.
Extrait d'une séance de méditation ASMR, YouTube, 2014.
Extrait d'un tchat entre deux gameurs, ViolVocal.com, 2007.
Donald Rumsfeld, extrait d'une conférence de presse, circa 2003.
Extrait d'un enregistrement personnel de Gauthier Tassart, 2007.
Allen Ginsberg, extrait d'une lecture du poème Hum Bom !, 1994.
Eartha Kitt, extrait du documentaire All by Myself: The Eartha Kitt Story, 1982.
Gertrude Stein, lecture du poème If I Told Him, A Completed Portrait of Picasso, 1934-1935.
Combinaison | Qualité d’une parole qui avance en recomposant et réorganisant les éléments qui la constituent. Tout à la fois répétition et variation, reprise et déclinaison, combine et combinatoire, la combinaison est une ressource poétique autant que rhétorique.
Un exemple classique de combinaison nous est donné par Molière dans cette fameuse scène du Bourgeois Gentilhomme. Monsieur Jourdain veut écrire dans une lettre les paroles ‘belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour” mais “tournées à la mode, bien arrangées comme il faut”. Il demande au maître de philosophie de lui “dire un peu, pour voir, les diverses manières dont on les peut mettre”, tout en insistant qu’il ne veut que “ces seules paroles-là dans le billet” : l’aspect fini et exclusif de l’ensemble des termes ne laisse au maître de philosophie d’autre possibilité que de les recombiner de toutes (ou presque) les façons possibles.
Le langage est par essence combinatoire : parler consiste au fond à combiner un ensemble fini d’éléments, en particulier le lexique dont on dispose à un moment donné. Ce n’est que quand cet ensemble d’éléments se trouve, pour diverses raisons, restreint à un petit nombre d’éléments, que le phénomène de la combinaison devient apparent. Ainsi quand une personne s’adresse à un chien avec les seules instructions “couché” “assis” et “debout”.
Mais on peut combiner d’autres éléments que les mots. Dans cet enregistrement, deux bébés dialoguent au moyen exclusif de la seule syllabe “da”, laquelle est affectée de différentes intonations combinées, montantes et descendantes. C’est cette combinaison intonative qui leur permet de mimer la forme de la conversation.
Dans cet autre extrait, une enfant française combine non pas des mots à proprement parler mais des sons inspirés de l’idée qu’elle se fait de la langue anglaise: la combinaison de ces sons lui permet d’inventer un charabia original, de la même manière presque que le poète dadaïste Raoul Hausmann en son temps.
Les exemples les plus frappants de combinaisons sont ceux où l’on trouve un discours composé exclusivement de permutations d’un tout petit nombre d’éléments.
La stratégie combinatoire la plus mathématique consiste à épuiser systématiquement tous les agencements possibles. C’est ce que fait, trois siècles après Molière, le poète Brion Gysin avec ses Permutation poems, dont le premier, I am that I am, est le plus connu : il combine les cinq mots de cet énoncé biblique de toutes les façons pour aboutir à un poème de 5x4x3x2x1=120 vers (notons que Gysin ne déduit pas les doublons produits par le fait que les éléments “I” et “am” sont répétés dans l’énoncé de départ).
La combinaison d’un tout petit nombre d’éléments est parfois utilisée comme technique conceptuelle. C’est ce qu’on peut entendre dans cette conférence de presse de Donald Rumsfeld où l’alors Secrétaire à la Défense croise les deux termes “known” and “unknown” pour ébaucher quelque chose comme une épistémologie personnelle : il y a ce que l’on sait que l’on sait ; il y a ce qu’on sait qu’on ne sait pas ; et il y a ce qu’on ne sait pas qu’on ne sait pas (notons que Rumsfeld n’épuise pas ici la combinaison puisqu’il néglige le quatrième terme de la combinaison, à savoir ce qu’on ne sait pas que l’on sait).
Notre collection montre d’autres exemples de ce genre de permutations fermées, mais qui ne manifestent pas de volonté d’épuisement : pour une raison liée à son activité, le locuteur dispose dans ces cas d’un nombre limité de mots dont l’usage dépend d’une action extérieure (voir l’entrée Indexations). Ainsi quand on s’amuse à nommer les couleurs qui apparaissent sur l’écran du jeu Guitar Hero ; qu’on joue à Les Chiffres et les lettres, ou qu’on commente un match de foot en nommant un à un les joueurs au moment où ils ont le ballon.
Les combinaisons les plus courantes sont néanmoins celles où un nombre fini d’éléments se voit redistribué tout en se mélangeant à d’autres termes de circonstance. Plus la récurrence des mêmes termes est espacée, plus la combinaison est ouverte.
Parmi les combinaisons ouvertes mais encore serrées, on trouve des situations où le discours du locuteur s’appuie principalement sur un petit nombre de mots ou d’expressions qui ressortent régulièrement et dans le désordre : ainsi de ces deux personnes (Cherche chève, Allez poulette) qui s’adressent ici encore à un chien (l'adresse animale est décidément propice aux combinaisons). Ou encore cet homme pris d’une crise de panique dans un avion.
Dans des documents comme Mer agitée des pluies, Nine seventy five, Calculer une intégrale, ou I dupli u stranu, l’activité professionnelle du locuteur (respectivement présentatrice de la météo marine, commissaire priseur, professeur de mathématiques, coach de gym) comprend le recours obligatoire à un certain nombre de termes experts qui reviennent régulièrement baliser le discours, le ponctuer, le rythmer. Le langage naturel vient délier (au sens culinaire) la répétition obligée de ces termes.
Dans les exemples ci-dessus, les effets combinatoires semblent purement fortuits. Mais la combinatoire peut également être une ressource rhétorique volontaire. C’est le cas des documents Tapiner dans le 9.2, Des démons, Filles et femmes du monde entier, dans lesquels on entend comment la récurrence d’un petit nombre de mots et leur combinaison permettent d’insister, de reformuler, de convaincre ou d’intimider. De façon plus spectaculaire encore, le commentateur de foot catalan Josep Maria Puyal célèbre un but de Messi en improvisant comme un poème moderniste.
En poésie, on l’a vu avec Brion Gysin, la permutation est une technique couramment utilisée dans les avant-gardes, en particulier constructivistes. C’est sans doute Gertrude Stein qui l’a le plus pratiquée et systématisée. On peut l’entendre aussi, et cela même sans comprendre l’arabe, dans ce poème récité par Mahmoud Darwich ou encore chez Christophe Tarkos.
On retrouve souvent ces mêmes effets et ces mêmes stratégies chez les hypnotistes, que ce soit en français ou en anglais. La rhétorique de l’induction hypnotique s’appuie en effet principalement sur un jeu rythmique de répétitions-variations qui permet à la fois d’assoupir la vigilance du patient tout en faisant insensiblement progresser le discours.
Dans certains cas particuliers, la combinaison se fait au niveau non pas des mots mais des phonèmes, syllabes, voyelles ou consonnes : c’est le cas de Raymond Devos avec les syllabes “sou” et “su”, de ce virelangue qui combine les allitérations en b, de Gherasim Luca dans son célèbre poème Passionnément, ou encore de Raoul Hausmann.
Dans un certain nombre de combinaisons ouvertes, la parole s’organise autour d’un seul élément qui se voit répété, décliné ou conjugué avec d’autres termes. Il est le point d’appui du discours sur lequel viennent s'agréger toutes sortes de variations.
C'est souvent dans un but d’insistance. Ainsi dans cette interview de Louis-Ferdinand Céline, la répétition des termes “lourd” et “lourdeur” intervient à chaque fois dans un nouvel agencement qui le relance et lui donne un nouveau poids. D’une manière similaire, ce coach allemand de développement personnel articule tout son discours autour du terme “problème”, en en faisant tour à tour le sujet ou le prédicat de ses énoncés. De même dans ce monologue illuminé du métro avec le mot “clochard”.
Un phénomène particulier de ces combinaisons orbitales : la parole tourne autour d’un seul terme qui varie dans ses formes grammaticales (qu’en rhétorique on appelle “polyptotes”). Par exemple ce message téléphonique, où se combinent les énoncés “il m’a appelé, “je vais le rappeler”, “je l’ai appelé”, “je dois le rappeler”, “pour le rappeler”, “merci de m’avoir rappelé”. On entend un usage similaire des polyptotes dans cet autre poème de Christophe Tarkos, ou encore chez Allen Ginsberg.
Il arrive que ce soit l’incompréhension ou les erreurs à répétition d’un des participants qui produisent des combinaisons involontaires.
Cela peut se passer dans le cadre d’un dialogue. Ainsi Fernand Raynaud, dans ce disque édité à l’attention de ses amis, qui s’amuse malicieusement de l’incapacité qu’a le dénommé Jacky Bernard à présenter son numéro. On retrouve presque exactement la même situation (la malice en moins) dans ce dialogue téléphonique en Estonie.
Dans la veine “conceptualisation politique” de Donald Rumsfeld cité plus haut, quoique d’une logique moins rigoureuse, on trouve cet extrait d’un discours de Nicolas Sarkozy.
Mais c’est le comique Pierre Repp qui reste le maître et le génie de cette (fausse) maladresse, en reprenant, mixant et combinant de façon vertigineuse les mots et les expressions, les sonorités et les syllabes.
Stratégies visant à réduire, raccourcir, comprimer, contracter une parole. La compression permet de gagner du temps ou du souffle. Elle crée des effets de vélocité, de brouillage, de bouillie ou de cryptage.
Extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2008.
Steve Jobs, keynote de Mac OS X Tiger, 2008.
Extrait d'un reportage de Vincent Lapierre, Le média pour tous, 2019.
Extrait d’un entretien dans le bocage normand, enregistrement de Perrine Davy, 2021.
Carole Franck, Osman Elkharraz, Sara Forestier, extrait du film L'Esquive d'Abdelatif Kechiche, 2004.
Olivier Cadiot, extrait du texte Mr Solo, enregistrement personnel, années 80.
Jérôme Game, extrait d'une lecture au cipM (Marseille), 2005
Grand Magasin, extrait du spectacle 5ème Forum International du Cinéma d'Entreprise, 2005.
Exercice de prononciation en portugais, enregistrement personnel, 2013.
Françoise Sagan, extrait de l'émission Midi2, Antenne 2, 1985.
Jaap Blonk, extrait du disque Flux de Bouche, 1993.
Publicité radio, 2015
Charles Manson, extrait d'un entretien avec Heidi Shulman, Today Show, 1987.
Pierre Guyotat, extrait d'un enregistrement personnel, 1976.
Extrait d’un conseil de discipline, Les pieds sur terre, France Culture, 2009.
Témoignage d’un adolescent, Belgique, extrait de l’émission “Les pieds sur Terre”, France Culture, 2003.
Jean-François Kahn, extrait de l'émission Mots croisés, France 2, 2008.
Les Inconnus, extrait du sketch La Bourse, Antenne 2, 1991.
Entretien avec un militaire, extrait de l'émission Sur les docks, France Culture, 2008.
Appel de bergers, extrait de Le berger, la stagiaire et les moutons de Robin Hunzinger, Arte Radio, 2005.
Dizzy Rascal, extrait a cappella de Jus' a Rascal, 2003.
Kristina Rose et Manuel Ferrara, extrait du film Kristina Rose Is Slutwoman, 2011.
Intervention lors d’une visioconférence de la police de Los Angeles, 2020.
Msg l'évêque de Canterbury, Charles Windsor et Diana Spencer, extrait de la cérémonie de mariage du prince Charles et Diana Spencer, 1981.
Michael Pitt, extrait du film Last Days de Gus Van Sant, 2005.
Balastik Dogg, extrait d'un freestyle posté sur YouTube, 2007.
M. Liochon, extrait d'une interview, Le petit rapporteur, TF1, 1975.
Jean-Luc Delarue, extrait d'un entretien sur RTL, 2009.
Conversation de palier, enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2010.
Felicia Pearson, extrait de la série The Wire, 2007.
Robert Wilson, extrait d'une lecture de poèmes de Christopher Knowles, 1999.
Scène de coucher du soleil, vidéo postée sur Youtube, 2012.
Michel Rocard, extrait de l'émission La Marche du siècle, FR3, 1996.
Henry Rollins, extrait du stand-up Up For It, 2001.
John Korrey, extrait d'une vente aux enchères, extrait du DVD Chant of a Champion, 2007.
Serge Aron, extrait d'une conférence à la Cité des Sciences et de l'Industrie, 2011.
Extrait du témoignage d’une personne atteinte de la maladie de Huntington, 2016.
Louis de Funès, extrait du film Hibernatus d'Édouard Molinaro, 1969.
Entretien avec un habitant du Val-Fourré, extrait de l'émission Les Pieds sur terre, Franc Culture, 2008.
Scène de métro, enregistrement d’Emmanuelle Lafon, 2017.
Clément Rosset, extrait de l’émission Hors Champs, France Culture, 2013.
Extrait d'un reportage, vidéo postée sur YouTube, 2011.
Louis de Funès, extrait du film Hibernatus d'Édouard Molinaro, 1969.
Marc Kravetz, extrait de l'émission Les Matins, France Culture, 2007.
Extrait de la série South Park, saison 1, épisode 5, 1997.
Jean Sas, extrait de canular, 1971.
Extrait de The Legendary Tape Recordings Vol.2 par Walter Gavitt Ferguson, année inconnue.
Litanie d'un mendiant, enregistrement personnel, 2019.
Joutes oratoires, demi-finales du Samford Tournament, 2010.
Quentin Le Brouster, Chief Technology Officer de Black Market, vidéo YouTube, 2019.
Extrait du film La BM du Seigneur de Jean-Charles Hue, 2011.
Filippo Tommaso Marinetti, extrait du poème Battaglia di Adrianopoli, 1924.
Publicité pour une compagnie aérienne, 2016.
Extrait du verdict du procès Khodorkovski-Lebedev, 2010.
Résumé de Game of Thrones, saison 4, YouTube, 2015.
Extrait du film De beaux lendemains d'Atom Egoyan, 1997.
Sara Forestier, Osman Elkharraz, extrait du film L'Esquive d'Abdelatif Kechiche, 2004.
Dario Fo, extrait de la performance La fame dello Zanni, Rai Due, années 80.
Témoignage recueilli par le photographe Antoine Bruy, 2016.
Claudette, extrait du film Sans Adieu de Christophe Agou, 2017.
Récit d’une expérience, 2018.
Extrait de la chaîne YouTube d’une influenceuse, 2019
Eartha Kitt, extrait du documentaire All by Myself: The Eartha Kitt Story, 1982.
Coluche, extrait du sketch C'est l'histoire d'un mec, 1974.
Slogan féministe, années 70.
Rod Paradot, discours de remerciement pour la remise du meilleur espoir masculin, cérémonie des Césars, 2016.
Compression | Stratégies visant à réduire, raccourcir, comprimer, contracter une parole. La compression permet de gagner du temps ou du souffle. Elle crée des effets de vélocité, de brouillage, de bouillie ou de cryptage.
Compresser, c’est réduire le volume que prend quelque chose. Dans le domaine de la parole, on pourrait dire qu’un énoncé est compressé quand il nous apparaît plus court que ce à quoi nous nous attendions. La langue parlée est riche de stratégies visant à gagner du temps, à éviter les redondances, à abréger, à résumer, à synthétiser, à percuter. La compression est parfois aussi le résultat d’une précipitation, d’un trouble, d’une émotion, d’une idiosyncrasie.
La collection s’est attachée à distinguer différents types de compressions, en fonction non seulement des procédés employés mais aussi de l’échelle du discours sur laquelle ils s’exercent.
Une parole peut d’abord être compressée dans la mesure où le locuteur parle plus vite que la norme (environ 5 syllabes par seconde dans un grand nombre de langues), comme ici M. Liochon interviewé pour Le petit rapporteur. Dans d’autres cas, c’est un effet de style, comme dans le rap double-time, les virelangues ou chez certains commissaires-priseurs étatsuniens, un défi comme dans les "speed-debates" organisés dans des universités américaines, ou la conséquence d’une grande émotion comme ici Jean-Luc Delarue.
L’accélération du débit s’accompagne souvent d’une déformation de la prononciation, comme quand Michel Rocard est pris par le feu d'une explication très technique. On l’entend aussi dans cet extrait du film La BM du Seigneur de Jean-Charles Hue, ou dans cette interview de Françoise Sagan expliquant elle-même que sa dactylo est obligée de ralentir la vitesse de défilement du magnétophone pour étirer sa parole et distinguer les mots.
Les mots sont mangés d’une manière similaire dans cette scène de répétition d’un atelier théâtre extraite du film L’Esquive, où une scène de Marivaux est dite à toute vitesse par un acteur dont le trouble produit un effet d’emboutissage des syllabes les unes dans les autres — de même dans cette lecture d’une lettre d’excuses devant un conseil de discipline. Dans cet entretien radiophonique, c’est la reprise des termes de l’intervieweur qui produit la compression articulatoire.
Ce phénomène est exacerbé jusqu’à lui donner une dimension ironique ou burlesque dans cette interview du criminel Charles Manson, dans cet extrait du film Hibernatus, ou encore dans cette performance de Dario Fo. De même, dans ce micro-trottoir de 1971, l’humoriste Jean Sas, marmonne et précipite une partie de ses questions, déconcertant son interlocuteur.
La compression articulatoire trouve son expression la plus stylisée chez le poète Jaap Blonk, lequel expurge méthodiquement les voyelles et diphtongues d'une phrase répétée jusqu’à sa quasi-disparition.
La compression morphologique désigne des cas où des mots ou locutions sont littéralement abrégés. Ce type d’abréviations est très courant dans la parole ordinaire, que ce soient les syncopes (“d’bout”), les apocopes (“ciné”), les aphérèses (“bus”).
Ainsi, dans cette autre scène du film L'Esquive, le personnage produit les syncopes “t’ça”, “que’que”, “v’là”.
Quand Patrick Modiano cite le célèbre vers de Baudelaire, « Mais le vert paradis des amours enfantines », soit qu’il estime la référence littéraire suffisamment connue de son interlocuteur, soit qu'il recule soudain devant la répétition du mot “enfance”, il fait une apocope en amputant le mot "enfantines" de ses deux dernières syllabes.
D'autres types d'abréviations, très courantes dans la langue usuelle, en particulier dans certains jargons d’entreprise, sont les acronymes ou les sigles : ainsi dans ce document. Leur caractère cryptique peut être une ressource comique, comme dans cet extrait d'un spectacle de Grand Magasin ou dans cette parodie d'interview d'un analyste de la Bourse. Cela peut être aussi une ressource ludique, comme dans ce battle entre adolescentes.
Une autre manière de compresser le discours, c'est de faire subir des élagages aux énoncés dans leur structure même : suppression des articles, des pronoms, des prépositions, et jusqu'à des pans entiers de l'énoncé. Ainsi l'asyndète est une figure qui réduit un énoncé en en supprimant les liens logiques et les conjonctions, comme chez le journaliste Jean-François Kahn emporté par sa verve.
Ce genre de compression syntaxique peut aussi relever du procédé poétique : on l’entend dans cette lecture d'Olivier Cadiot, ou de Jérôme Game : les énoncés sont coupés comme arbitrairement, obligeant l'auditeur à reconstituer mentalement les moitiés manquantes, avec toutes les équivoques afférentes.
Relèvent peut-être également de la compression, à une autre échelle, les procédés par lesquels un mot ou un son expriment une action ou une émotion et se substituent ainsi à des pans entiers de discours. Ainsi les pronoms (personnels, démonstratifs, relatifs), d'une certaine manière, compressent les énoncés pour lesquels ils valent : ils peuvent être systématiquement décompressés à condition d'avoir connaissance du contexte.
À ce titre, l’onomatopée est une stratégie de compression très efficace, par exemple pour ce témoin d’un accident de la route, dont le récit mime la rapidité et la brutalité de l’événement. Les poètes et les acteurs savent parfaitement jouer du pouvoir d’évocation et d’ambiguïté des onomatopées : ainsi le futuriste Marinetti dans son poème Battaglia di Adrianopoli ou Louis de Funès dans un autre extrait d'Hibernatus.
Dans un registre moins spectaculaire, un gardien d'immeuble compresse dans un petit sifflement l'exaspération qu'il éprouve vis-à-vis des occupants de l'immeuble dont il a la charge. On peut aussi penser que le sifflement vient ici prendre la place du mot qui ne lui vient pas aux lèvres et qu'il n'a pas le temps de chercher. Dans cet autre extrait, c'est l'esclaffement du locuteur qui exprime tout son sentiment vis-à-vis de la question posée.
De nombreuses autres stratégies de compression référentielles ou rhétoriques pourraient ici être répertoriées. Un deuxième extrait d'Olivier Cadiot montre par exemple l'usage ironique qu'il fait du "et cetera" : compression de tout un implicite donné comme obvie mais ouvrant en réalité sur une multiplicité d'interprétations laissées à la fantaisie de l'auditeur.
Un exemple particulier de compression référentielle nous est donné par certaines formules ou certains slogans : quand des femmes scandent "Oui Papa, oui Chéri, oui Patron, y'en a marre !", c'est une partie importante des revendications féministes qui est compressée dans cette désignation synthétique du patriarcat.
De même, il arrive que dans un mot ou deux soit contenu tout un implicite très formalisé : c'est le cas du "oui" du mariage qui est une compression de tout le contrat matrimonial tel qu'il vient d'être énoncé par l'autorité étatique ou religieuse. Dans un extrait de la cérémonie de mariage de Diana Spencer et du Prince Charles, on peut ainsi entendre comment le "I will" prononcé par les époux est lourd de tout ce qu'il représente pour l'État britannique, la Royauté anglaise, l'Église anglicane, la famille Windsor, et le consentement d’un couple princier.
Phénomène par lequel une parole s'exhibe, s'écoute, s'expose, se donne en représentation. Théâtrale ou toute en retenue, l'emphase est produite par la mobilisation de tel ou tel paramètre de la parole : l'intonation, l'articulation, l'accentuation, le rythme, le lexique ou l'espacement.
Marine Le Pen, extrait d'un entretien radiophonique, 2008.
Nazareth Casti Rey, dit "el Niño predicador", extrait d’un prêche, années 2000.
Publicité pour Club Thalasso Europe, 2010.
Gaël Quirante, SUD PTT 92, prise de parole à sa sortie du commissariat du 13ème après une action au Ministère du travail, 2019.
Salvador Dali, extrait du flexidisc L'Apothéose du dollar, 1971.
Extrait d'un sermon catholique, extrait de l'émission La Messe, France Culture, 2009.
Maïté, extrait de l'émission La Cuisine des Mousquetaires, FR3, 1987.
Extrait d'une alerte citoyenne postée sur YouTube, 2011.
Priscilla Pizzato, extrait de l'émission La Grande Table, 2010.
Pacific sound 3003, vidéo postée sur YouTube, 2014.
Helios Azoulay, extrait de l'émission Ce soir ou jamais, France 3, 2009
Entretien avec le conteur Gabriel Kinsa, extrait du documentaire La voix en quelques éclats, Pierre Boulay et Claire Parnet, 2013.
Papy Boris, enregistrement personnel, années 90.
Eugene Green, extrait d'une lecture de Bérénice, France Culture, 2000.
Extrait de l’émission Tommy Teleshopping, télévision hollandaise, 2013.
Annie-Claude Chevrier, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Bernard Jonzier, commentaire d'une course de moto, 2011.
Charlie Chaplin, extrait du film Le Dictateur, 1940.
Guy "Bear" Vasquez, vidéo postée sur YouTube, 2010.
Giovanni Trapattoni, entraîneur du Fußball-Club Bayern München e.V., extrait d'une conférence de presse, 1998.
Gil Gomes, extrait de l’émission de faits-divers Aqui agora, Globo, années 90.
Dialogue entre une star de la téléréalité et une mendiante, Porto, 2013
André Malraux, extrait du discours prononcé à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, 1964.
Mary-Ann Duganne Glicksman, extrait d'une lecture de Espahor ledet ko uluner de Guy de Cointet, Centre Pompidou, 2013.
Robert Badinter, discours à l’Assemblée nationale, 1981.
Serge Pey, extrait du disque L'Enfant archéologue, 2001.
Richard Darbois, jingle pour DJ, vidéo postée sur Youtube, années 2000.
André Tubeuf, extrait de l’émission André Tubeuf Mémoire, France Musique, 2021.
Michel Daerden, discours au Sénat, Bruxelles, 2010
Frédéric Mitterrand, extrait de l'émission Du côté de chez Fred, Antenne 2, 1989.
Scène de zoo, vidéo postée sur Youtube, 2011.
Mariah Carey, extrait d'un discours de réception au Palm Springs International Film Festival, 2010.
Jill Bolte Taylor, extrait d'une conférence TED, 2007.
Paula White, extrait d’un prêche en soutien au dépouillement lors de l’élection présidentielle étasunienne, 2020.
Dialogue entre un enfant et ses parents, vidéo postée sur YouTube, 2013.
Eddie Fenech Adami, Premier ministre de Malte, extrait d'un discours, 1987.
Antonin Artaud, extrait de la pièce radiophonique Pour en finir avec le Jugement de Dieu, enregistrée pour la RDF (mais non diffusée), 1947.
Extrait d'un entretien avec un militant du Modem, enregistrement personnel de David Christoffel, 2007.
Jack Ralite, extrait d'une prise de parole dans une AG, 2014.
Philippe Seguin, extrait d’un discours au premier Parlement des enfants, 1994.
Sylvie Noachovitch, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2007.
Extrait de la série Lego Bionicle, Netflix, 2016.
Maurice Garrel, extrait du disque Serge Gainsbourg – Portraits, 2003.
Sylvie Caspar, extrait de Lettre d'amour de Silvain Gire, Arte Radio, 2004.
Récitation d'un poème par un enfant lors d'une inauguration officielle, Pologne, 2011
Demande publique en mariage, YouTube, 2012.
Stefan Rotenberg, extrait de l'émission Top Chef, 2013.
Extrait de la série Amour, gloire et beauté, années 90
Vincent Beckers, extrait d'un tirage de tarot, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Publicité radio, 2019.
Fabrice Luchini, extrait de l'émission Répliques, France Culture, 2011.
Présentation lors d’un défilé canin à la SPA, 2018
Extrait d’un prêche évangéliste, 2019
Jacques Lacan, extrait d'une conférence à l'université de Louvain, 1972.
Annonce de la mort de Kim Jong-il à la Télévision Centrale Nord-Coréenne, 2011.
René Ghil, extrait de Chant dans l'espace, Archives de la parole, 1913.
Gérard Depardieu, extrait du film Uranus de Claude Berry, 1990.
Jacques Vergès, extrait de plaidoirie au procès de Klaus Barbie, 1987.
Marc Labrèche et Anne Dorval, extrait de la série Le Cœur a ses raisons de Marc Brunet, TVA, années 2000.
Jill Bolte-Taylor, extrait d'une Ted Conference, 2007.
Jean-Louis Bory, extrait de l'émission Le Masque et la Plume, France Inter, 1963.
Extrait de la V.F. de l’épisode 6, saison 4 de Game of Thrones, 2019
Maria Casarès, extrait de Les 25 plus beaux poèmes de la langue française, années 60.
Alain Finkielkraut et Fabrice Luchini, extrait de l'émission Répliques, France Culture, 2011.
Laurent Terzieff, extrait de l'émission La Nuit des Molières, France 2, 1988.
Élaboration d'une déclaration d’amour vidéo, YouTube, 2013.
Julien Delmaire, extrait d'un slam au Théâtre national de la Colline, 2008.
Enfant racontant une histoire, vidéo postée sur YouTube, 2011.
Message WhatsApp, 2020.
Guillaume Apollinaire, récitation de Le pont Mirabeau, Les Archives de la parole, 1913.
Boniment circassien, enregistrement personnel, 2014.
Michael Buffer, présentation du combat George Foreman vs. Shannon Briggs, 1997.
Parodie d'haltérophilie, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Lecture de poésie à la télévision egyptienne, 2012.
Claude Piéplu, extrait du dessin animé Les Shadoks de Jacques Roussel, 1968.
Publicité pour l'ouverture d'un restaurant, vidéo postée sur YouTube, 2017.
Extrait d'une vidéo anti-avortement, Lettonie, 2009
Mister mv lors du Z event 2021, Twitch TV, 2021.
Richard Fontana, extrait de La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Jean-Luc Boutté, 1981.
Jean-Marie Bigard, extrait du sketch Le lâcher de salopes, 2001.
Dominique de Villepin, extrait d'un discours à l'Assemblée, 2006.
Bill Merriman, interview pour Sunday Sports, 2011.
Roberto Begnini, discours de réception de l'oscar du meilleur acteur, 1999.
Extrait d’une performance domestique, vidéo postée sur YouTube, 2018.
Encouragements d’un entraîneur de rugby avant match, 2008.
Extrait d’une recette de cuisine, vidéo postée sur Youtube, 2019.
Bande annonce du film Mysterious City of Gold, 2013.
Sarah Bernhardt récitant une tirade de Phèdre de Jean Racine, 1902.
Arturo Toscanini, extrait de répétitions, NBC, 1950.
Publicité pour une chaîne de pizza, année inconnue.
Extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Disque audiomaton, années 1960
Nikos Aliagas, extrait de The Voice saison 6, 2017.
Lancement du journal télévisé, RTS, 2020.
Marc François, extrait du spectacle Macbeth de Marc François, 1996.
Bernard-Henri Levy, extrait d’un message vidéo, 2009.
Théobald de Bentzmann, vidéo de recrutement pour la start-up Chefing, 2018.
Steve Irwinn, extrait du documentaire animalier Crocodile Hunter, Discovery Channel, 2009.
Léon Blum, extrait d'un discours au Luna Park de Paris, 1936.
Extrait du journal télévisé pour enfants Les Z'infos, Télé Kids, 2007.
Litanie d'un mendiant, enregistrement personnel, 2019.
Récitation d’un poème, vidéo postée sur YouTube, 2018.
Concours de récitation de poésie à la télévision chinoise, 2014.
Nöel Godin, extrait de « La croisade pâtissière de Georges Le Gloupier », Strip-tease, 1987.
Publicité pour une compagnie aérienne, 2016.
David Attenborough, extrait du documentaire animalier Bird Sounds From the Lyre Bird, BBC, 2007.
Extrait du film de Richard C. Sarafian, Vanishing Point, 1971.
Extrait du journal télévisé CNN World News, 2011.
Voix enregistrée du jouet «Chien Culbuto», 2010.
Pierre Sabbagh, extrait du journal télévisé de l’ORTF, 1968.
Gerrit Graham, extrait d'un bonus au DVD Phantom of the Paradise de Brian De Palma, 1974.
Scène de métro, années 2010.
Dominique de Villepin, extrait d'une déclaration à la presse en marge du procès Clearstream, 2009.
Jacques Lacan, extrait du film Télévision de Benoît Jacquot, 1973.
Gilles Deleuze, extrait du cours Le point de vue, 1986.
Extrait d'un tchat entre deux gameurs, ViolVocal.com, 2007.
Myriam Marseille, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Brigitte Fontaine, extrait du journal télévisé 19/20, France 3, 2009.
Père Jacob Manjaly, extrait d'un prêche au Kerala, 2018.
Francis Lalanne, extrait de l'émission Avis de recherche, TF1, 1990
Joseph Muscat, extrait d'un discours de campagne électorale, Malte, 2017
Extrait de l’épisode 1644 de Samhini, série turque doublée en arabe dialectal marocain, 2019
Kenneth Copeland, anathème, 2020.
Publicité pour un séminaire de développement personnel en Slovénie, vidéo YouTube, 2016
Extrait d’une vidéo d’hypnose postée sur YouTube, 2016.
Emphase | Phénomène par lequel une parole s'exhibe, s'écoute, s'expose, se donne en représentation. Théâtrale ou toute en retenue, l'emphase est produite par la mobilisation de tel ou tel paramètre de la parole : l'intonation, l'articulation, l'accentuation, le rythme, le lexique ou l'espacement.
Le mot emphase n'a pas, en français, les mêmes connotations que le mot anglais emphasis. Tel qu'on peut le lire sur un synthétiseur, emphasis est une opération d'altération du signal sonore, agissant sur l'amplitude et la fréquence. Au titre de jeu sur l'ampleur, on peut parler d'emphase à propos de paroles qui amplifient certaines de leurs caractéristiques. C'est ainsi qu'on peut trouver des emphases selon les différents paramètres sonores (volume, timbre, hauteur, durée) et langagiers (lexique, prosodie).
On peut trouver de l'emphase par accentuation dans cette déclaration du comédien Laurent Terzieff ou dans cette plaidoierie de Jacques Vergès, dont les points d'appui sur certaines syllabes, ou plus ponctuellement encore sur certains phonèmes, accentuent un ton qui donne de l'importance à la situation d'énonciation et entend se mettre à la hauteur de sa solennité. Dans cette intervention télévisée de Marine Le Pen, les mots "délirant" et "charia" sont fortement appuyés, de sorte que l'emphase y est employée comme un stabylo. De même Fabrice Luchini nous fait entendre comment les accents peuvent rendre une parole emphatique (insistance sur le "gr" de "grelot"), alors que d'autres effets font emphase, comme les ruptures de volume, les changements de débit et même les décrochements de niveaux de considération. L'emphase par accentuation se retrouve typiquement dans les énoncés publicitaires ou encore les bandes annonces de film, qui y puisent une force de conviction. De la même manière, on peut l'entendre opérer comme un outil quasi pédagogique dans cette voix off de documentaire animalier ou avec cet animateur rappelant les règles du jeu d'une émission télévisée.
Quand le metteur en scène baroque Eugene Green dit un extrait de Bérénice, un souffle soutient la parole, semble dire l'importance de la prise de la parole en deçà des termes énoncés. On pourrait dire que ce souffle implique l'hyper-prononciation et la sur-exposition de l'accent du locuteur (comme on peut l'entendre chez ce grand-père qui raconte une histoire, chez cette petite fille utilisant ces codes déclamatoires propres au conte, ou dans ce discours d'André Malraux où le ton appelle une hauteur qui rend la longueur de certaines phrases ou la mention de la salle de bain plus ou moins folles).
Nous pouvons retrouver cet écart entre le contenu et l'élan intonatif dans cette déclaration de Léon Blum. Si cet écart n'est pas visé pour son effet dramatique, la déclamation théâtrale l'implique, comme cela est notable chez Sarah Bernardt. Comme l'enregistrement date de 1912, on peut imaginer qu'il nous fait entendre une diction typique de l'époque. Pour autant, cette emphase dans le dire théâtral se poursuit de nos jours, comme peut le montrer cet extrait d'une mise en scène de Marc François où l'emphase semble dosée à proportion de l'effet dramatique attendu. C'est d'ailleurs l'un des points communs de forme entre le théâtre et la parole politique (ce qu'on peut vérifier en écoutant cette déclaration de Dominique de Villepin, ou plus ouvertement, ce militant du Modem, ou encore l'annonce de la mort de Kim-Jong où le discours a tout d'une mise en scène).
Cette façon de projeter la déclamation dans un espace qui doit dépasser les frontières de l'auditoire, est fréquemment associée à un enroulement prosodique, une sorte d'emballement rythmique, comme on peut l'entendre dans une présentation d'émission de Frédéric Mitterrand, dans une longue réplique dite par Gérard Depardieu ou dans le slam de Julien Delmaire dont le ton est modifié au moment de commencer sa performance. À ce moment-là, on entend le décrochement de ton entre le verbe quotidien et le dire des vers de poésie. Dans cette récitation par Maria Casarès, s'il n'y a pas vraiment d'emportement du volume de la voix ou d'accentuation particulièrement marquée, il y a une concentration dans la diction, un dépouillement tel que le soin dans la prononciation et le stéréotype de l'intonation doivent donner charge et singularité à la prise de parole. Cette manière d'appeler l'attention permet d'ajouter un caractère emphatique à une parole qui, pourtant, est quasiment chuchotée et dépourvue d'ampleur (écouter Je suis venu te dire que je m'en vais et Ecoute mon grand).
Le locuteur se lance et laisse sa parole dépasser les intentions spectaculaires qui ont pu motiver son emportement. C'est ainsi que le Dictateur met en scène son énervement jusqu'à temporairement perdre sa voix, alors que l'aspect performatif de cet emportement se donne pour hors du commun et entend tirer de son effort un caractère extraordinaire. Sur ce plan, quand l'emphase par le volume de la voix est poussée jusqu'à éprouver le grain du locuteur, le détimbrage (Monsieur Hollande, I found nirvana), prend une dimension viscérale. Tout est alors monté comme si le locuteur n'avait pas assez de ses cordes vocales pour parler et devait convoquer des ressources organiques plus profondes (comme ce chef en colère dont les consignes dépassent le volume de l'orchestre). Quand elle n'est pas dans la voix, l'emphase peut être dans les mots, mais tient dans le même paradoxe d'une volonté de s'affranchir de la maîtrise de soi. Elle peut être une marque de défiance ou avoir pour fonction de souligner un franc-parler, de chercher à le valoriser comme un courage intempestif.
Ces jeux peuvent être évolutifs. Si l'emphase s'installe progressivement, la perte de contrôle est elle-même instable. L'emportement de Klaus Kinski peut par exemple valoir comme la marque de sa colère, sinon de son désir de la trouver. Et, bien entendu, le procédé peut être utilisé avec d'autres émotions, comme l'enthousiasme (Ça vous prend au ventre, Now my body is in tumulto) ou l'hyper-ferveur. Et quand le locuteur ne maîtrise plus ses effets, il est même fréquent d'entendre l'emphase tourner à vide. La force argumentative est alors nettement plus flottante, ce qui permet de nuancer plus ou moins volontairement le propos, en ajoutant la détresse (I'm not happy with you, Vous, ronds de cuir) à la révolte. Le crescendo peut être corrélé à une perte de contrôle, de sorte qu'un effet caricatural accompagne l'excès.
Phénomène par lequel une parole laisse la place à du silence ou de l'absence. Écart qui témoigne d'une interruption accidentelle, de l'indexation de la parole à un événement extérieur, ou bien s'apparente à une stratégie rhétorique pour découper, asseoir et fortifier son discours.
Klaus Groh, extrait du poème sonore Voooxing Poooêtre, 1982.
Stefano Siviero, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Scène de jeu à gratter, enregistrement personnel, 2019.
Cécile Duflot et Claude Bartolone, extrait d’une séance de questions au gouvernement, 2014.
Robert Cabé, entretien extrait du film Cultures et Biodiversité dans le Massif Pyrénéen de Ralph Mahfoud et Thierry Boutonnier, 2013.
Lancement d'une fusée H-2A, Japon, 2014.
Extrait du dernier discours de Nicolaz Ceauşescu, Televiziunea Românã, 1989.
Scène familiale, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Roland Barthes, extrait du cours Comment vivre ensemble, Collège de France, 1976-1977.
Instructions d’un réalisateur lors du tournage d’un film pornographique, années 2000.
Senator Robert Byrd, extrait d'une intervention au Sénat des États-Unis, 2007.
Extrait d'un disque d'hypnose, source inconnue.
Extrait d'un sermon catholique, extrait de l'émission La Messe, France Culture, 2009.
Geoffrey Carey, Frédéric Danos, extrait d'un enregistrement de prédictions, 2019.
Ariane Dubillard à propos de son père, France Culture, 2013.
Conversation dans un hôpital, extrait d'un enregistrement d'Esther Salmona, 2008.
Extrait d'une partie de Counter strike global offensive, jeu vidéo en ligne, enregistrement personnel, 2018.
Pacific sound 3003, vidéo postée sur YouTube, 2014.
Criée sur un marché, 2019.
Soundcheck de micro avant un concert du groupe Five Finger Death Punch, Casper, WY, 2012.
Conversation entre un contrôleur aérien et un pilote, 1998.
Extrait du jeu télévisé Des chiffres et des lettres, Antenne 2, 1972.
Jean-Michel Royer et Georges Pompidou, extrait d’une conférence de presse, ORTF, 1969.
Dialogue entre une adolescente et son père sur un bateau, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Femme à sa fenêtre, vidéo postée sur Youtube, 2013.
Extrait de l'émission Les Pieds sur Terre, France Culture, 2010.
Animateur lors d'une course camargaise, enregistrement personnel, 2019.
Extrait d'une visioconférence, 2020.
Père Boulad, extrait d'un sermon, 2014.
Message laissé sur un répondeur téléphonique, 2015.
Nicolas Bouvier, Pierre Stucki, extrait de l’émission scientifique Dimensions, RTS, 1975.
Scène de classe, enregistrement personnel, 2017.
Extrait de l'émission Faites entrer l’accusé, RMC story, 2008.
Gilles Deleuze, extrait d'un cours à l'Université de Paris VIII-Vincennes, 1981.
Appel de bergers, extrait de Le berger, la stagiaire et les moutons de Robin Hunzinger, Arte Radio, 2005.
Adolescent jouant au jeu en ligne Fornite, enregistrement personnel, 2018.
Laurie Anderson, extrait du disque Big Science, 1982.
Mike Tyson, extrait du film Tyson de James Toback, 2008.
Manfred Kropp, extrait d'un cours au Collège de France, 2008.
Message envoyé sur un groupe Whatsapp pendant la grève contre la réforme des retraites, 2020.
Message posté sur Vice TV, 2020.
Discours d’un djéliba lors d’un mariage, 2019.
Adolescent jouant au jeu en ligne Fortnite, enregistrement personnel, 2018.
Jérôme, extrait de l'émission Radio Tisto, l’émission des jeunes de l’hôpital de jour d’Antony, Radio Libertaire, 2020.
Grégoire Monsaingeon, extrait d'un enregistrement de Joris Lacoste et Jeanne Revel, 2005.
Jean-Pierre Elkabbach, Georges Marchais, extrait de l'émission Cartes sur table, Antenne 2, 1972.
Extrait d'un périscope lors de l'acte VIII des gilets jaunes, 2019.
Conversation téléphonique entre un animateur radio et une prostituée, radio lituanienne, 2014.
Nicolas Couturier, extrait d'un récit d'hypnose, enregistrement de Joris Lacoste, 2005.
Apprentissage de la lecture, extrait de l'émission Les Pieds sur Terre, France Culture, 2010.
Ségolène Royal, extrait de la déclaration après le premier tour de l'élection présidentielle, 2007.
Récit de rêve, 2017
Dialogue entre une neuro-psychologue et sa patiente, extrait du documentaire Voyage au centre du cerveau, France Culture, 2018.
Jon Elster, extrait d'un cours au Collège de France, 2009.
Maud Mannoni, extrait du film Quartier Lacan d'Emil Weiss, 2001.
Jacques Lacan, extrait d'une conférence à l'université de Louvain, 1972.
Anne Fagot-Largeault, extrait du cours au Collège de France, 2009.
Jacques Vergès, extrait de plaidoirie au procès de Klaus Barbie, 1987.
Raphaël Enthoven et Michael Edwards, extrait de l'émission Les Nouveaux chemins de la connaissance, 2009.
Georges Perec, extrait de l'essai radiophonique Tentative de description de choses vues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978, France Culture, 1978.
Juliette Binoche et Michel Boujout, extrait de l'émission Cinéma cinémas, Antenne 2, 1986.
Christophe Tarkos, Le petit bidon, Centre Pompidou, 1999.
Claude Royet-Journoud, extrait d'une lecture de Théorie des prépositions au cipM (Marseille), 2008.
Patricia Martin, Jean-Marc Four, Pierrick Bolnau, Cyril Grasiani, extrait du 7-9 du week end, France Inter, 2014.
Henri Chopin, extrait d'une intervention à Actoral 6, Marseille, 2008.
Lecture de poésie à la télévision egyptienne, 2012.
Zouc, extrait du sketch Le Téléphone, 1977.
Senator Robert Byrd, extrait d'une déclaration au Sénat des États-Unis, 2008.
Extrait de stream d’une run de Dead Cells par At0miumVOD, vidéo Youtube, 2018.
Exercice de respiration dans un cours de chant, enregistrement personnel, 2012.
Scène dans une gare, enregistrement personnel, 2013.
Nikos Aliagas, extrait de The Voice saison 6, 2017.
Musicien de rue, enregistrement personnel, 2021.
Antonio Lobo Antunes, extrait de l’émission Par les temps qui courent, France Culture, 2019.
Claude Bartolone, extrait d’une séance de l’Assemblée nationale, 2013.
Entretien avec un terroriste repenti de l’ETA, 2015.
Jean-Pierre Léaud et Elsa Leroy, extrait du film Masculin, féminin de Jean-Luc Godard, 1966.
Extrait d'un tutorial sur le logiciel Live, YouTube, 2009.
Réprimandes à un chien, vidéo postée sur YouTube, 2018
Michel Foucault, extrait de l'émission Autoportrait, Radio Canada, 1971.
Raffaella Gardon et Antonio, enregistrement de Nicolas Rollet, 2014.
Emma Gonzalez, extrait d'un discours lors de la "March for our lives", 2017.
Joel Burns, intervention au conseil municipal de Fort Worth City, 2010.
Hubert Wulfranc, réaction à l’attaque terroriste de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, 2016.
Concours de récitation de poésie à la télévision chinoise, 2014.
Extrait d’une lettre vidéo envoyée pendant le confinement, 2020.
Message posté sur YouTube, 2014.
Michel Prades, extrait de la pièce sonore Mmmmmmmm de Boris Achour, 2000.
Extrait d'une vidéo postée sur Youtube, année inconnue.
Dominique de Villepin, extrait d'une déclaration à la presse en marge du procès Clearstream, 2009.
Chiara Gallerani, extrait d'une conversation téléphonique, enregistrement de Joris Lacoste, 2012.
Extrait d'une émission culinaire, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Récit de rêve, 2019
Gilles Deleuze, extrait du cours Le point de vue, 1986.
Apprentissage de la lecture, enregistrement personnel, Suède, 2017.
Vidéo live sur Instagram, 2019.
Joseph Muscat, extrait d'un discours de campagne électorale, Malte, 2017
Extrait d'une partie en ligne de Call of Duty, 2020.
Négociations entre un homme et un coyote, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2008.
Conversation téléphonique, enregistrement personnel, 2018
Hans Rudolf Merz, extrait d’un discours au Conseil fédéral suisse, 2010.
Espacement | Phénomène par lequel une parole individuelle ou collective laisse la place à du silence ou de l'absence. Écart qui témoigne d'une interruption accidentelle, de l'indexation de la parole à un événement extérieur, ou bien s'apparente à une stratégie rhétorique pour découper, asseoir et fortifier son discours.
Nous dialoguons, je vous laisse parler, vous me laissez répondre : c'est la manifestation la plus évidente de l'espacement dû à l’alternance de locuteurs dans l’échange de paroles, comme dans cette conversation téléphonique. Mais l'espacement est d'abord un phénomène et bien souvent une ressource qui intervient dans le flux d'une parole : on cherche un mot, on rappelle une idée, on ponctue sa phrase, on a un trou. On aurait tendance à minimiser la créativité et la richesse de l’espacement, à ne lui associer qu’une notion négative de «silence», ou pire, de «vide», alors que bien souvent l’espacement participe pleinement au déploiement du discours.
L'espacement est un agent structurant de la parole magistrale. Les pauses d'Anne Fagot-Largeault dans un cours au Collège de France ponctuent et mettent en relief certains énoncés, tout comme ceux de Jacques Vergès dans sa plaidoirie au procès de Klaus Barbie. Le poète Henri Chopin découpe sa parole en de très courts segments et, dans ce sermon catholique, c'est la régularité des espacements qui cadence la parole et témoigne de la volonté de clarté du prêtre (écouter aussi Tu es mon autre). On retrouve ce découpage formel de la parole quand elle est subordonnée à la lecture d'une déclaration de l'entre-deux-tours, ou dans ce poème de Claude Royet-Journoud lu par l'auteur dans lequel l'espacement est un équivalent de l'espace blanc laissé sur la page.
Ainsi que le rapporte ce journaliste, la pause peut être un outil de dramatisation médiatique, comme les découpes appuyées de Dominique de Villepin en marge du procès Clearstream. De même, on peut apprécier les silences qui en disent long de Jacques Lacan en 1972 à l'université libre de Louvain ; également les pauses du sénateur américain Robert Byrd dans une intervention contre le dressage des chiens de combat en 2007.
Les espacements de plus en plus allongés donnent toute l'ampleur séductrice nécessaire à la parole d'un hypnotiseur : de façon tout à fait similaire, ils appuient l'impression d'intimité et de confiance recherchée par Laurie Anderson dans cet extrait du disque Big Science.
On peut idéaliser une parole qui ne connaîtrait dans son flux aucun heurt. Mais si l'espacement est souvent remarquable, c'est en tant qu'il produit un écart par rapport à une norme.
Il est le temps de la réflexion quand la question de Jean-Pierre Léaud est un peu vache, quand celle de Raphaël Enthoven est "tellement bonne", quand le journaliste qui interroge Michel Foucault cherche à le déstabiliser, ou bien quand Juliette Binoche met à mal la norme de l'entretien et joue des limites du mutisme (écouter aussi Ah, un paysan! et C'est quelqu'un qui euhm).
Il est étirement, marquant le temps de la remémoration, dans cet extrait d'un récit d'une séance d'hypnose, ou quand l'acteur Grégoire Monsaingeon décrit sa partition d'actions dans une pièce de théâtre. Cette remémoration peut entraîner de vives émotions, lesquelles imposent un certain étirement comme on l’entend chez Myke Tyson lorsqu’il évoque son mentor Cus d'Amato.
On peut également entendre des espacements quand la parole dépend d'un événement extérieur. Pour le poète Klaus Groh qui compte des gouttes qui tombent, pour Georges Perec qui décrit simplement ce qui passe dans la rue, pour ce reporter radio pendant la prise de Bagdad en 2003. Pour ces bergers, c'est la durée de l'écho qui conditionne la fréquence d'appel d'une vallée à l'autre ; ici le temps de tirer des consonnes et des voyelles, ou là une manière de réguler une annonce destinée aux flux des usagers d’une gare.
Le surgissement d'un événement peut provoquer un espacement dans la parole, comme l'expérimente Roland Barthes dans cet extrait d'un cours au Collège de France. On peut l’entendre aussi dans ce face-à-face avec le peuple de Bucarest en colère le 21 décembre 1989. Parfois l'événement est d'ordre pathologique et fait du silence la matière même d'un dialogue entre une fille et sa mère frappée d'Alzheimer. À l'inverse, il peut être un moyen de rétablissement de la parole comme dans ce témoignage enregistré par un locuteur aphasique. Ou encore une ressource dans l'activité d'apprentissage de la lecture.
Ces deux notions de pause et d’étirement ne sont bien sûr pas exclusives l’une à l’autre. On peut à la fois instaurer un certain cadre esthétique à l’énonciation tout en étant manifestement contraint par un cadre extérieur, on aura pu l’entendre avec l’extrait de Roland Barthes au Collège de France ou encore avec ce témoin de l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima qui commente la gravité de l’événement en faisant une revue de presse.
Loin de constituer uniquement une marque normée pour réguler le flux de la parole, l’espacement est ainsi partie prenante de celle-ci en tant qu’action, que ce soit aux bienfaits de cette régulation ou à des fins moins physiologiques que sociales ou dramatiques.
Phénomène par lequel une parole joue de différentes adresses. Manière de changer d'interlocuteur, d'élargir ou de resserrer sa cible, de se distribuer entre divers destinataires, voire de s'adresser en même temps à plusieurs instances.
Nina Simone, extrait d'un concert au Montreux Jazz Festival, 1976.
Message laissé sur un répondeur, 2017.
Laurie Cholewa, extrait de l'émission TNT Show, Direct 8, 2008.
Extrait d'une harangue djihadiste postée sur internet, 2014.
La Dame de Carreau, extrait d’une séance de voyance, live Facebook, 2021.
Jimmy et Imrul, extrait du projet Radio Ld'A de Lincoln Tobier, Laboratoires d'Aubervilliers, 2002.
Appel de labour en Vendée, extrait du disque Voix du Monde : une anthologie des expressions orales, 1986.
Roland Barthes, extrait du cours Comment vivre ensemble, Collège de France, 1976-1977.
Joan Porras, message de soutien à des prisonniers politiques, 2018.
Emmanuel Macron, présentation du "Plan Banlieues" à l’Élysée, 2018
Jamel Debbouze, Omar Sy, Fred Testo, extrait de l'émission Le Cinéma de Jamel, Canal +, 1998.
Michel Sardou, extrait de l'émission T'empêche tout le monde de dormir, M6, 2007.
Intervention de Julie Fernandez Fernandez au Parlement belge, 2017.
Jacques Higelin et une spectatrice, extrait d'un concert à Cluses, 2006.
Extrait de l'émission In Ze Boîte, Gulli, 2017
Scène de classe, enregistrement personnel, 2017.
Scène de classe, enregistrement personnel, 2019.
Vente aux enchères chez Christie's, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Jacques Martin, extrait de l'émission L'École des fans, France 2, années 90.
Extrait de « Gary Hemming, le vagabond des cimes », Une Histoire particulière, France Culture, 2020.
Efrim Menuck, extrait d'un concert de A Silver Mt. Zion en Finlande, 2008.
Philip Anselmo, extrait d'un message posté sur YouTube, 2007.
Extrait de l'émission Les Pieds sur terre, France Culture, 2016.
Nina Simone, extrait d'un concert au Montreux Jazz Festival, 1974.
Extrait d'une cassette trouvée.
Extrait d'un périscope lors de l'acte VIII des gilets jaunes, 2019.
Extrait de l'émission Le Morning, Radio Générations, 2019
Jon Elster, extrait d'un cours au Collège de France, 2009.
Raimu, extrait du film La Femme du boulanger de Marcel Pagnol, 1938.
Jacques Vergès, extrait de plaidoirie au procès de Klaus Barbie, 1987.
Extrait du jeu télévisé La ruleta de la suerte, télévision espagnole, 2010
Altercation dans un foyer d'hébergement, Pays-Bas, 2012
Léon Zitrone, extrait de l'émission Intervilles, ORTF, 1962
Sankara de Kunta, interview de Zinedine Zidane, extrait de l'émission Scud de Werra, République démocratique du Congo, 2009.
Intervention de Jean-Claude Juncker au Parlement Européen, 2017.
Extrait d'un spectacle de rue, enregistrement personnel, 2015.
Jacky Bernard et Fernand Raynaud, extrait du disque Les secrets du music-hall dévoilés par Jacky Bernard publié par Fernand Raynaud, 1965.
Jacques Derrida, extrait du film Ghost Dance de Ken McMullen's, 1983.
André Parinaud, extrait du disque Colette, une femme insoumise, 1949.
Evelyne Thomas, extrait de l'émission Y'a une solution à tout, Direct8, 2009.
Stéphane Bern, Alexis Grüss, une militante, extrait de l'émission Le Fou du roi, France Inter, 2008.
Molly Roth, extrait du disque Plant Talk, 1976
Maïté et Micheline, extrait de l'émission La Cuisine des mousquetaires, FR3, 1992.
Arletty, conversation extraite du disque Entretien avec Marc Laudelout, 1982.
Daniel Cohn-Bendit, extrait d'une intervention au Parlement européen, 2010.
Jane Birkin, extrait du disque live Arabesques, 2002.
Scène de marché, extrait d'un enregistrement de Manuel Coursin, 2007.
Jacques Chirac, extrait du discours d'investiture à la Présidence de la République, 1995.
Scène de métro, enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2010.
Scène de capture de Rattata, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, 2015.
Dominique de Villepin, extrait d'un discours à l'Assemblée, 2006.
Aimé Jacquet, extrait du film Les yeux dans les bleus, 1998.
Sollicitations d'une femme dans le métro, Prague, 2013
Liliane Boury, extrait d'une séance plénière du conseil régional de Rhône-Alpes, Lyon, 31 janvier 2013
Extrait de stream d’une run de Dead Cells par At0miumVOD, vidéo Youtube, 2018.
Dimitri Rougeul, extrait du film de Roger Allers et Rob Minkov Le Roi lion, 1994.
Enfant jouant, enregistrement de Camille Gaudou, 2016.
Témoignage, extrait de l'émission Les Pieds sur terre, France Culture, 2008.
François Bon, extrait d'une conférence, Ecrivains en bord de mer, 2013.
Réprimandes, vidéo postée sur YouTube, 2016
Jean-Luc Mélenchon, extrait d'une intervention aux assises de l'Ecosocialisme, 2012.
Robert Badinter, discours à l’Assemblée nationale, 1981.
Afida Turner, extrait de l'émission Carré VIIIP, TF1, 2011.
Indochine, extrait d'un concert au Zénith de Paris, 1986.
Litanie d'un mendiant, enregistrement personnel, 2019.
Récitation d’un poème, vidéo postée sur YouTube, 2018.
Morsay Truand 2 la Galère, vidéo postée sur YouTube, 2008.
Donald Trump, extrait d’un meeting de campagne électorale, Atlanta, 2016.
Claude François et Daniel Guichard, extrait de Numéro 1 spécial Claude François, TF1, 1975.
Scène de métro, années 2010.
Discussion entre une cliente et un perroquet, enregistrement personnel, 2018.
Scène de club, extrait de l'émission Boîte de N'huit, Direct8, 2010.
Alejandro Jodorowsky, extrait d'une démonstration, YouTube, 2012.
François-Henri de Virieu, extrait de l'émission L'Heure de vérité, France 2, 1994.
Claudia Tagbo, extrait du sketch La Faim, Jamel Comedy Club, fin des années 2000.
Vidéo live sur Instagram, 2019.
Francis Lalanne, extrait de l'émission Avis de recherche, TF1, 1990
Conversation téléphonique, enregistrement personnel, 2018
Focalisation |Phénomène par lequel une parole joue de différentes adresses. Manière de changer d'interlocuteur, d'élargir ou de resserrer sa cible, de se distribuer entre divers destinataires, voire de s'adresser en même temps à plusieurs instances.
Toute parole est adressée. On ne peut imaginer parler à personne : que ce soit à une chose inerte, à une idée abstraite, à un absent, voire à soi-même ou à Dieu, la parole humaine n'existe que dans le mouvement qui la constitue vers autre chose : elle est vecteur, toujours elle vise. La notion de focalisation permet d’observer comment l’adresse d’un discours peut se transformer, soudain se concentrer ou au contraire s’ouvrir, se déplacer ou se distribuer entre plusieurs interlocuteurs.
La collection s’ouvre sur un cas paradoxal de focalisation : un chanteur tutoie son public, c’est-à-dire qu’il s’adresse à la fois à une foule et à chaque membre de cette foule. Les autres documents de la collection peuvent être répartis en cinq grandes familles de focalisations.
Il arrive souvent qu’un orateur en train de s’adresser à toute une assemblée se focalise soudain sur l'un de ses membres : ici Villepin concentre sa réponse sur François Hollande, là Daniel Cohn Bendit apostrophe son homologue Martin Schultz. On entend dans les deux cas l’adresse se préciser et pour ainsi dire se muscler au moment où elle se resserre.
Le même phénomène de resserrement, quoique de manière plus attendue et donc plus flegmatique, est à l’œuvre dans cette vente aux enchères où le commissaire-priseur passe d’une adresse large et ouverte, interrogative, à une adresse fermée, ciblée sur certains individus en particulier, ratifiant leur offre au moment où ils surenchérissent.
Dans un autre contexte, Roland Barthes, au moment de commencer son cours au Collège de France, resserre à un moment son discours sur les auditeurs qui sont debout dans la salle, les invitant à revenir une autre fois. Dans une conférence sur Proust, François Bon illustre son propos en s'adressant personnellement à un des membres de l'assistance. De même, dans cet extrait du film Entre les murs, le professeur s’adresse d’abord à la classe entière puis resserre son adresse sur certains de ses membres, en ciblant ses injonctions. Un laboureur ne fait pas autrement quand il distribue ses indications à chacun de ses bœufs.
L’exemple le plus systématique d’adresse distribuée nous est donné dans cette liste de remerciements tirée d’un concert de Jane Birkin. Les situations formelles, comme le discours d'investiture de Jacques Chirac ou cette plaidoirie de Jacques Vergès, sont également propices à ce genre d’adresse sérielle, tout comme, dans un mode nettement plus relâché, les messages télévisuels.
On peut entendre dans cet extrait d’un spectacle de Claudia Tagbo comment la comique divise son public en s’adressant successivement aux Blanches, aux Arabes, aux Noires, aux Asiatiques ou lors de ce concert de A Silver Mt. Zion où le chanteur s'adresse à son public en le distribuant en catégories socio-professionnelles.
Le phénomène de focalisation le plus spectaculaire est peut-être celui où le locuteur alterne des adresses de statut très différent : ainsi ce monsieur qui, sur un mode très contrasté, parle alternativement à une journaliste de France Culture et à son chien ; ou bien cette voix qui parle sans transition à un humain et à une plante ; ce maraîcher qui passe de l'aparté au général ; cette chanteuse en séance de coaching alternant ses adresses entre son élève et un public imaginaire, ou encore ce célèbre extrait de la Femme du boulanger, où le personnage joué par Raimu transpose le discours de reproches à sa femme vers la chatte qui vient d’apparaître dans la cuisine.
Il arrive parfois que le changement d’adresse se fasse sous un mode plus insensible, comme dans ce message de l’ancien chanteur du groupe Pantera à propos de la mort du guitariste Dimebag Darrel : on l’entend passer du "il" au "tu", transformant un message d’excuses à sa famille en une déclaration d’amour.
La radio et la télévision fournissent de nombreux cas d’alternance d’adresses, puisqu’on y passe souvent d’une adresse générique aux auditeurs ou aux télespectateurs à des formes d’adresses concrètes et ciblées, que ce soit l’invité, comme dans cette interview de Colette ou de Ségolène Royal, ou le co-animateur, comme dans cette émission de radio amateur où l’on entend les deux animateurs en herbe préparer leur intervention.
Mais les focalisations sont encore plus remarquables quand elles se font entre trois, quatre, voire cinq types d’adresses différentes. La télévision montre souvent des cas très spectaculaires de multi-focalisations. Ainsi dans cette émission d’Evelyne Thomas (adresses successives à Thomas, aux téléspectateurs, aux invités du plateau) ; ce fou-rire de la présentatrice Laurie Cholewa (le public, les collègues, les téléspectateurs); cette conseillère régionale (le président, le conseil, un conseiller); ce plateau télévisé animé par Claude François (le public, les téléspectateurs, l'invité, l'orchestre) cette matelote d’anguille de Maïté (le téléspectateur, Micheline, l’anguille) ; cette intervention de Michel Sardou (vous, toi, toi, le type qui fait "ouh") ou celle-ci de Francis Lalanne (les téléspectateurs, le cameraman, les ronds-de-cuir) ; cet épisode d’Intervilles (les téléspectateurs, le candidat 1, le candidat 2, la foule, Guy Lux) ; mais également cette émission de radio perturbée par une militante pour la cause des animaux (Alexis Grüss, la demoiselle, le service de sécurité, les auditeurs, Joël).
D’autres situations intéressantes de focalisations sont celles où l’on s’adresse à différents interlocuteurs à la fois : dans cet enregistrement dû à Fernand Raynaud, ce sont les indications et corrections du comique à son invité qui créent les changements de focales (réécouter Ashanti). On entend bien dans les cruelles interventions de Fernand Raynaud comment il s’adresse à la fois au pauvre Jacky Bernard et à un auditeur à venir (l’enregistrement a été publié sous la forme d'un 45 tours que Raynaud offrait à ses amis) : il y a une double destination.
De même, dans cet extrait de L’Ecole des Fans, Jacques Martin ne s’adresse formellement qu’au public (premier niveau), mais sa parole comporte en elle-même une adresse masquée à Jean-Sébastien (deuxième niveau) même si bien sûr l’ironie de l’animateur est in fine destinée au public (troisième niveau).
La collection se conclut avec un exemple ambigu d’un homme parlant à la cantonade dans le métro. Différentes sortes d’adresses, concrètes et abstraites, présentes et absentes, se succèdent et se mélangent, si bien qu’on ne sait plus qui est visé en dernière instance.
Propriété d'une parole couplée à un événement extérieur qu'elle suit, désigne, décrit, commente, encourage, commande, et dont elle tire certaines de ses propriétés formelles, notamment rythmiques.
Klaus Groh, extrait du poème sonore Voooxing Poooêtre, 1982.
Scène de jeu à gratter, enregistrement personnel, 2019.
Victoria Azarenka et Caroline Wozniacki, extrait d'une semi-finale de tennis, 2010.
Lancement d'une fusée H-2A, Japon, 2014.
Séance de dressage, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Commentaire d’une partie lors d’un championnat de jeu vidéo, 2018.
La Dame de Carreau, extrait d’une séance de voyance, live Facebook, 2021.
Extrait d'un reportage télévisé, années 2000.
Arrivée d’une course de roller aux Courses de Strasbourg Europe, vidéo YouTube, 2008.
Extrait du bonus du DVD L'École des femmes réalisé par Don Kent, Arte Vidéo, 2008
Roland Barthes, extrait du cours Comment vivre ensemble, Collège de France, 1976-1977.
Instructions d’un réalisateur lors du tournage d’un film pornographique, années 2000.
Natalia Makarovas, répétition du ballet de l'Opéra de Paris, extrait du film documentaire Ballerina, BBC, 1982.
Commentaires d’un match de foot, 2017.
Jean Le Cam, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, Vendée Globe, 2020.
Maïté, extrait de l'émission La Cuisine des Mousquetaires, FR3, 1987.
Extrait d'une partie de Counter strike global offensive, jeu vidéo en ligne, enregistrement personnel, 2018.
Leçon de mathématiques, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2008.
Extrait de l'émission Sur les docks, France Culture, 2009
Extrait d'un commentaire de tiercé, 2007.
Pacific sound 3003, vidéo postée sur YouTube, 2014.
Séance de dressage, extrait d'une vidéo sur YouTube.
Vidéo d’un consommateur, YouTube, 2019.
Dialogue entre une adolescente et son père sur un bateau, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Cours de conduite, 2015
Bernard Jonzier, commentaire d'une course de moto, 2011.
Animateur lors d'une course camargaise, enregistrement personnel, 2019.
Extrait d’une visite guidée du Domus Aurea de Rome, 2019.
John Jacobson, extrait d'un cours de danse en vidéo, 2010.
Extrait d'un tutoriel de cosmetic packaging posté sur Youtube, 2012.
Extrait du film documentaire d'Astrid Bscher, Maestro Andris Nelsons: le feu du génie, Arte, 2012.
Scène de classe, enregistrement personnel, 2017.
Extrait d’un entraînement de boxe pour enfants, YouTube, 2013.
Entraînement de boxe, extrait d'une vidéo postée sur YouTube.
GPS, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Extrait d’un entraînement de boxe pour enfants, YouTube, 2013.
Gamer commentant sa partie, 2014.
Vente aux enchères chez Christie's, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Daniel Elena, extrait de la lecture des notes de conduite durant une course de rallye, Fafe Rally Sprint, 2012.
Scène de masturbation partagée par webcam, XTube, 2004.
Vidéo d’un accouchement postée sur YouTube, 2010.
Renata Sopek, extrait d'un cours de gymnastique à la télévision croate, 2012.
Adolescent jouant au jeu en ligne Fornite, enregistrement personnel, 2018.
Kristina Rose et Manuel Ferrara, extrait du film Kristina Rose Is Slutwoman, 2011.
Reaction video postée sur YouTube, 2008.
Barack Obama, extrait de la cérémonie d'investiture, 2009.
Extrait d'une partie du jeu ARK : Aberration, 2017.
Manfred Kropp, extrait d'un cours au Collège de France, 2008.
Scène de rue, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, 2016.
Adolescent jouant au jeu en ligne Fortnite, enregistrement personnel, 2018.
"Musique blanche" de la Patrouille de France, vidéo postée sur Youtube, 2013.
Gamers jouant à Guitar Hero, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Disque Audimaton, années 1960.
Extrait d'un périscope lors de l'acte VIII des gilets jaunes, 2019.
Commentaire lors du championnat du monde de handball féminin, RMC, 2017
André Manoukian, extrait de l’émission Les routes de la musique, France Inter, 2016.
Extrait d'un commentaire de football, années 2000.
Bernard Pivot, extrait de La Dictée d'Amiens, 2005.
Georges Perec, extrait de l'essai radiophonique Tentative de description de choses vues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978, France Culture, 1978.
Extrait du film Mesrine de Jean-François Richet, 2008.
Alfred Cortot, extrait d'une leçon de piano filmée, 1961.
Valérie Duchâteau, extrait du disque Méthode de guitare classique, 1997.
Patricia Martin, Jean-Marc Four, Pierrick Bolnau, Cyril Grasiani, extrait du 7-9 du week end, France Inter, 2014.
Extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2011.
Scène de coucher du soleil, vidéo postée sur Youtube, 2012.
Extrait d'un commentaire télévisé de patinage artistique, 2007.
Maïté et Micheline, extrait de l'émission La Cuisine des mousquetaires, FR3, 1992.
Extrait du direct de la finale 800 m nage libre aux J.O. d'Athènes, NHK, 2004.
Scène de capture de Rattata, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, 2015.
Extrait d'une vidéo porno amateur postée sur GayTube, 2010.
John Korrey, extrait d'une vente aux enchères, extrait du DVD Chant of a Champion, 2007.
Ferenc Fricsay, extrait d’une répétition d’orchestre, 1960.
Extrait d’un cours de tango posté sur YouTube, 2010.
Extrait de stream d’une run de Dead Cells par At0miumVOD, vidéo Youtube, 2018.
Exercice de respiration dans un cours de chant, enregistrement personnel, 2012.
Extrait du commentaire en direct de la visite officielle de Charles de Gaulle au Québec, Radio-Canada, 1967.
Entraînement de l’équipe nationale de gymnastique rythmique de Bulgarie, télévision bulgare, 2012
Scène de rond-point dans le Gard, extrait d’un live sur périscope, 2018.
Extrait d'un cours de Pilates, 2019
Mohamed, extrait de l'émission Gym Direct, D8, 2014.
Nikos Aliagas, extrait de The Voice saison 6, 2017.
Claude Bartolone, extrait d’une séance de l’Assemblée nationale, 2013.
Compétition de cheerleading (TC Wiliams High School), extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Tutoriel de maquillage, YouTube, 2019.
Extrait du film documentaire de Deborah Scranton The War Tapes, 2006.
Extrait d’une partie du jeu en ligne WarCraft 3, 2014.
Angelo Badalamenti, extrait du documentaire Another Place: Creating Twin Peaks de Charles de Lauzirika, 2007.
Extrait de l'émission Iron Chief America, Food Network, 2009.
Scène de safari, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2007.
Séance de spiritisme, extrait de l’émission “La Mort vivante”, La Série documentaire, France Culture, 2019.
Camelot sur le marché de Choisy-le-Roi, YouTube, 2015.
Commentaire de la finale au tournoi de Wimbledon, BBC Radio, 2015.
Maurice Pialat et des enfants, extrait de la série La Maison des bois de Maurice Pialat, 1970.
Claudette, extrait du film Sans Adieu de Christophe Agou, 2017.
Frédéric Danos, extrait de Tentative réussie d'épuisement d'une cassette 60 mn, 1998.
Extrait du disque 147 heures avec Apollo 8, 1968.
Ernest Ansermet, extrait d'une répétition du Sacre du printemps, années 50.
Conversation téléphonique, extrait d'un enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2007.
Scène de jeu, extrait de l'émission Pictionary sur Une case en moins, 2010.
Match de catch, extrait de l'émission Sur les docks, France Culture, 2009.
Apprentissage de la lecture, enregistrement personnel, Suède, 2017.
Monologue d'un homme dans son canapé, vidéo Youtube, 2014
Extrait de l'émission Choses vues, ORTF, 1969.
Vidéo live sur Instagram, 2019.
Apparition d’un fantôme, extrait de l’émission Boulevard de l'étrange, France Inter, 1984.
Extrait de la net TV "StockMarketFunding.com", 2010.
Michel Gondry, extrait d’une masterclass, 2008.
Extrait d'une partie en ligne de Call of Duty, 2020.
Indexation | Propriété d'une parole couplée à un événement extérieur qu'elle suit, désigne, décrit, commente, encourage, commande, et dont elle tire certaines de ses propriétés formelles, notamment rythmiques.
Nous dirons qu'une parole est indexée à un événement qui lui est extérieur dans la mesure où elle partage avec lui une certaine durée, un cours d'action qui la modifie en retour. Le commentaire sportif est ainsi une parole qui, de l'événement qu'elle commente, tire non seulement sa raison d'être mais aussi certaines caractéristiques formelles. C’est le cas de la course de chevaux et du commentaire de football : débit qui s’accélère, régression des détails aux moments cruciaux, intensité : plus le commentateur produira un commentaire haletant, plus les auditeurs auront l’impression d’assister effectivement à cette course ou à ce match (écouter aussi Medal wa mieta).
L'indexation pourrait donc se décrire comme suit : un locuteur A partage, représente et transmet par sa parole la durée d’une action B à un interlocuteur C en présence. Ainsi la course de chevaux (B) est rapportée par un commentateur (A) pour des spectateurs (C). L’objet de l’indexation étant alors constitué des mouvements d’un inanimé, de l’action d’un humain ou d’un groupe, de l’action d’un humain sur un cheval, du cheval lui-même, du terrain qui défile en raison d’humains qui mènent des actions sur des chevaux et constituent un intérêt pour des spectateurs et commentateurs. Un cas typique nous est offert dans cet extrait de description «en temps réel» du déplacement et de l’accueil du Général De Gaulle au Québec. Un très grand nombre de situation se prêtent à ce genre d’action comme les reportages, les reaction videos, les ventes aux enchères, ou encore cette tentative (de mauvais goût et de mauvaise foi) de traduire du langage des signes (écouter aussi : Capturer un groupe de macaque rhésus femelles, Le premier signal, Look at that big change, The best culinary magic trick, We call this a capitulation, Attentat à Jerusalem).
À partir de ces cas typiques, on peut distinguer un certain nombre d’autres cas qui peuplent la collection :
Quand A et B sont confondus, c’est-à-dire lorsque un locuteur (A) décrit à un tiers (C) l'action (B) qu'il est en train de faire. Par la parole, je me représente en action à un spectateur. Ainsi, dans cet extrait tiré d'un documentaire sur Alfred Cortot, le grand pianiste montre à une jeune femme la manière "rêveuse" dont il lui semble que la pièce Le poète parle de Schumann doive être jouée. Ou encore dans cette analyse harmonique, tirée d'un disque pour apprendre la guitare, où Valérie Duchâteau commente la partition de Bach sur son propre enregistrement du prélude. C’est également le cas dans cet extrait d’émission de cuisine, ce cours de danse, cette leçon de mathématiques, ou ce tutoriel à teneur plus domestique (écouter aussi Ocho cortado).
Quand B et C sont confondus, c'est-à-dire quand l'action qui est décrite se trouve effectuée par celui à qui s'adresse le locuteur A : ainsi dans cet enregistrement, un maître (A) donne des instructions (B) à son chien, lequel chien est destinataire (C) de la parole. Les trois instructions "Couché !", "Assis !" et "Debout !" dépendent de la réponse du chien. Ce cas présente donc une réciprocité de l'indexation, puisque le destinataire de la parole rétroagit sur le locuteur, comme cet entraîneur de boxe ou ce chef d'orchestre (écouter aussi Nur der Fluß ist weg) . Cette relation à l’indexation peut ainsi produire un effet de co-construction de l’événement décrit, on en a un autre exemple avec l'enregistrement d'une partie de Pictionary ou dans l’effervescence d’un accouchement (écouter aussi Montre ce que tu sais faire, Vas-y Isabelle). On trouve aussi dans cette famille les cas d’étayage, de «répéter après moi» : Un bon citoyen, I Barack Hussein Obama.
Quand A et C sont confondus, c’est-à-dire lorsque le locuteur (A) décrit et commente pour lui-même (C) une action (B) à laquelle il assiste. Dans sa Tentative de description de choses vues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978, Georges Perec, posté sur la voie publique, note oralement «ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages». C’est aussi le cas de ce poème de Klaus Groh, qui compte les gouttes. L'annonce du rang de la goutte est indexée sur le rythme des chutes, laissant entre chaque annonce un silence non maîtrisé (écouter aussi : Un pompon jaune, un pompon rouge, un pompon bleu).
Quand A, B et C sont confondus, c’est-à-dire lorsque le locuteur (A) commente pour lui-même (C) une action (B) qu'il est en train de faire. Par exemple dans cet extrait du film Mesrine dans lequel un inspecteur de police (A) énonce à haute voix pour lui-même (C) ce qu'il est en train de taper à la machine (B) (écouter aussi le cas limite Ah-Hooooh).
Ce phénomène d’écrire à haute voix, comme pour soi, est assez courant – on en a un autre exemple dans cette scène du réel. Mais il semble clair que ce genre d’action, lorsqu’elle est effectuée en public, en prend justement compte. Ce dernier extrait serait donc à la fois un cas du dernier sous-ensemble mais aussi un cas de ce que nous avons nommé l’explication. Les sous-ensembles décrits plus hauts ne sont en effet pas exclusifs les uns des autres. Pris dans un jeu, un participant peut à la fois suivre ses actions et celles des autres participants ; pris dans son récit, un compositeur peut à la fois commenter ce qu’il fait et le décrire comme une action qui a déjà eu lieu et serait donc presque extérieur à lui. Enfin, on peut observer dans une régie comment se mélange les observations pour soi et les instructions aux cadreurs. Et certaines activités comme voler ensemble requièrent une concentration collective partagée à voix haute.
Modulation remarquable des intonations d'une parole qui la font tendre vers le chant, la mélopée ou la litanie. Tantôt accidentée, répétitive, contrastée ou monotone, la mélodie donne à la parole toute son expressivité.
Chamane selknam, Argentine, extrait de Les voix du monde : une anthologie des expressions vocales, 1966.
René Lussier, extrait du disque Le Trésor de la langue, 1989.
William Butler Yeats, extrait d'un enregistrement pour la BBC, 1932.
Evelyne Dhéliat, extrait du bulletin météo de TF1, 2016.
Annonce dans une rame TGV, 2011.
Extrait du disque d'hypnose Méta-relaxation : créativité face aux problèmes, années 90.
Orphée Elimane Mbengue, enregistrement de Julie Lacoste, 2008.
Nazareth Casti Rey, dit "el Niño predicador", extrait d’un prêche, années 2000.
Apprentissage du chinois par un enfant, vidéo postée sur YouTube, 2008.
Extrait d'une publicité pour un anti-dépresseur, 2004.
Donald Trump, extrait du discours sur l'état d'urgence, 2019.
Annonce SNCF, années 2000.
Appel de labour en Vendée, extrait du disque Voix du Monde : une anthologie des expressions orales, 1986.
Consignes de sécurité avant décollage, enregistrement de Nicolas Rollet, 2012.
Test radio, extrait d'un enregistrement pour le film Tongue Twisters d'Érik Bullot, 2007.
Extrait d'un sermon catholique, extrait de l'émission La Messe, France Culture, 2009.
Scène de marché, 2019.
Yves, extrait du film Le Moindre Geste de Fernand Deligny, 1962-1971.
David, extrait de la compilation Musics in the Margin – Musiques en marge, 2009.
Gérard Filoche, extrait d'un entretien, LCI, 2013.
Scène de métro, enregistrement de Thibault Capéran, 2012.
Criée sur un marché, 2019.
Présentation de l'émission philippine Pornikula, 2009.
Homme lisant une rubrique nécrologique, enregistrement de Gauthier Tassart, 2007.
Scène de famille, enregistrement de Nicolas Rollet, 2018.
Lil Wayne, extrait de l'album Tha Carter III, 2008.
Patrick Buisson, extrait de l’émission Répliques, 2016
Kenneth Williams et Michael Parkinson, extrait de l'émission Parkinson, BBC 1, 1973.
Jacqueline, Six fois deux / Sur et sous la communication (épisode 6b) de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville, 1976.
Chanson galante, extrait du documentaire Moro no Brasil de Mika Kaurismaki, 2002.
Klaus Kinski, Yves Mourousi, extrait de l'émission Télé Zèbre, Antenne 2, 1990.
Extrait d'une vidéo pour apprendre à compter, Russie, 2013.
Récitation d'un mantra, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, année inconnue.
Annie Johnston, extrait de l’enregistrement d’Alan Lomax, Bird Imitations, île de Barra (Écosse), 1951.
Hafsia Herzi, extrait du film La Graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche, 2007
Olivier Straub, Nadette Thinus, Raymond Gérard, extrait du film En rachâchant de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, 1982.
Dialogue entre une star de la téléréalité et une mendiante, Porto, 2013
André Malraux, extrait du discours prononcé à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, 1964.
Raymond Devos, extrait du film de Jean-Luc Godard, Pierrot le fou, 1965.
Jean-Marie Massou, extrait de Message pour les témoins de Jéhova, 2007.
Message posté sur YouTube, 2013.
Carlo Bonomi, extrait de la série d’Osvaldo Cavandoli La linea, RAI, 1971.
Amy Walker, extrait de la vidéo 21 Accents postée sur YouTube, 2008.
Kristina Rose et Manuel Ferrara, extrait du film Kristina Rose Is Slutwoman, 2011.
Sermon d'une pasteure aux États-Unis, extrait du disque Les Voix du monde : une anthologie des expressions orales, 1978
Scène de retrouvailles, extrait de l'émission A & E show, A&E TV, 2010.
Extrait d'une partie du jeu ARK : Aberration, 2017.
Discours lors d'un pot de départ en retraite, extrait du film Chers camarades de Gérard Vidal, 2004.
Extrait de A-Ronne de Luciano Berio, texte d'Edoardo Sanguineti, 1974.
Extrait d'un cours de yoga, 2010.
Malédiction d'une chamane Itako, enregistré au Grand Festival d'Osorezam, Japon, 1973.
Antonin Artaud, extrait de la pièce radiophonique Pour en finir avec le Jugement de Dieu, enregistrée pour la RDF (mais non diffusée), 1947.
"Musique blanche" de la Patrouille de France, vidéo postée sur Youtube, 2013.
Récitation d'un poème par un enfant lors d'une inauguration officielle, Pologne, 2011
Extrait de City Lights de Charlie Chaplin, 1931.
Raoul Hausmann, extrait de Phonèmes, 1956-1957.
Hasan bin Abdullah Al Awadh, récitation rituelle du Coran, 2006.
Vladimir Jankélévitch, extrait du disque La Tentation, 2002.
Colette Magny, extrait du disque Transit, 1975.
Louis Aragon, extrait de l'émission Entretiens avec, ORTF, 1964.
Jacques Vergès, extrait de plaidoirie au procès de Klaus Barbie, 1987.
Marius Champailler, extrait en franco-provencal du conte Les Corbeaux, enregistrement de J.B. Martin, F. Charpigny et A.M. Genouiller, Aix-en-Provence, 1986.
Leon Trotsky, extrait d'un message filmé, date inconnue.
Vladimir Jankélévitch, extrait de l'émission Dialogues, 1975.
Boniment circassien, enregistrement personnel, 2014.
e.e. cummings, extrait d'une lecture de 95 poems, 1958.
Michael Buffer, présentation du combat George Foreman vs. Shannon Briggs, 1997.
Maria Callas et Barbara Shuttleworth, extrait d'un enregistrement d'une master class à la Julliard School, 1971.
Claude Levi-Strauss et Georges Charbonnier, extrait des Grands Entretiens, France Culture, 1959.
Scène de rue, extrait du documentaire Au bord du monde, Claude Drexel, Arte, 2014.
Extrait de la chaine YouTube d'une consommatrice espagnole, 2015
Marie-Pierre Planchon, extrait de la météo marine, France Inter, 2009.
Josep Maria Puyal, extrait du commentaire d'un match, Catalunya Ràdio, 2007.
Tirage du Sorteo de Navidad, loterie de Noël, 2014.
Témoignage, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2008.
Scène de capture de Rattata, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, 2015.
Lucinda Childs, extrait de l'opéra Einstein On The Beach de Philip Glass et Robert Wilson, 1976.
Cumbia Siglo XX, extrait de la compilation Palenque Palenque : Champeta criolla & Afro Roots in Columbia, années 1970.
John Korrey, extrait d'une vente aux enchères, extrait du DVD Chant of a Champion, 2007.
Extrait du bulletin de la météo marine, Sverige Radio, Suède, 2017.
Présentation du combat Sam King Soliman vs. Raoul Nunoz, 2006.
Sarah Bernhardt récitant une tirade de Phèdre de Jean Racine, 1902.
Appels d'un chiffonnier, Serbie, 2007.
Extrait de la chaine Youtube d'un moine orthodoxe, Roumanie, 2014
Entretien à propos d’un assassinat, télévision portugaise, années 2016.
Extrait du reportage La cour des miracles de Mons, d'Adrien Lasserre et Jean-Christophe Adnet, RTBF, 2012.
Johann Schneider Ammann, Président de la Confédération Helvétique, extrait d’une allocution vidéo à l’occasion de la Journée des malades, 2016.
Scène d’enchères au Tsukiji fish market à Tokyo, vidéo postée sur YouTube, 2007.
Serveur vocal de la mairie de Gennevilliers, 2019
Annonce d'une hôtesse sur Air Maroc, enregistrement personnel, 2010.
Récitation d'un mantra, vidéo postée sur YouTube, 2007.
Concours de récitation de poésie à la télévision chinoise, 2014.
John Cage, extrait de la performance Empty Words au Teatro Lirico de Milan, 1977.
Nöel Godin, extrait de « La croisade pâtissière de Georges Le Gloupier », Strip-tease, 1987.
Extrait d'un cours de yoga, enregistrement personnel, 2012.
Andreï Lado, extrait d'un cours de gymnastique articulatoire, YouTube, 2012.
Comptine improvisée, 2019
Extrait du journal télévisé CNN World News, 2011.
Maria di Trapani, lettre vidéo, YouTube, 2013.
Michel Daedern, extrait d’une interview, 2007
Scène d’atelier d’écriture, extrait deLe Papotin, réalisation Alexandre Plank pour L’Atelier Fiction, France Culture, 2017.
Constance Legris, député européenne Les républicains, Journal de France Culture, 2016.
Scène de métro, enregistrement personnel, 2016.
Victoria, lectrice bénévole, extrait du livre-audio Sans Famille d'Hector Malo, 2009.
Noëlle Obscarskas, extrait d'une conversation avec une autruche, YouTube, 2014.
Récit d’une expérience, 2018.
Extrait d'un prêche à l'église, télévision slovaque, 2014
Jill Bolte Taylor, extrait de la TED conference A Stroke of Insight, 2008.
Extrait d’un cours de marketing, enregistrement personnel, 2014.
Sceneable, extrait d’une vidéo postée sur Youtube, 2017.
Rex Harrison, Wilfrid Hyde-White, extrait du film My Fair Lady de George Cukor, 1964.
Gertrude Stein, lecture du poème If I Told Him, A Completed Portrait of Picasso, 1934-1935.
Réparateur ambulant de parapluies à Shangaï, années 80.
Mélodie | Modulation remarquable des intonations d'une parole qui la font tendre vers le chant, la mélopée ou la litanie. Tantôt accidentée, répétitive, contrastée ou monotone, la mélodie donne à la parole toute son expressivité.
Les grammaires scolaires identifient et enseignent trois types d'intonations correspondant à trois types d’assertion : l’affirmative, l'interrogative, l'exclamative. La première est celle du constat ou du commentaire : sa ligne mélodique "chute" en fin de phrase. La seconde est celle de la question, elle fait monter la voix en fin d’énoncé selon une petite courbe, de manière à marquer un suspens qui demande à être résolu. La dernière est celle de la surprise, également ascendante mais selon une pente plus abrupte, elle semble suspendue à son sommet, figée là-haut par l'évènement qui l'a suscitée.
Mais la parole connaît en vérité de bien plus fines modulations ; il semble évident qu'on ne parle pas toujours sur la même note et que la parole même la plus ordinaire module ses hauteurs aussi bien que ses rythmes. On peut s’en convaincre en écoutant cet extrait d'un morceau de René Lussier.
On constate qu'au même titre qu'à leur timbre, on peut reconnaître certains locuteurs à la mélodie de leur parole ; on peut également reconnaître certaines situations aux mélodies qu’elles suscitent. Certains contextes produiront des mélodies plus accidentées, marqueurs de la dimension affective ou rhétorique de la situation de parole. Enfin, la parole pourra tendre vers le chant ou la litanie. On dira alors que tel locuteur parle comme il chante, et la dimension mélodique de la parole, s'émancipant de la nécessité de l'adresse, privilégiera l'expressivité à l'expression.
Certaines paroles semblent s'élaborer à partir de canons intonatifs préétablis. Par exemple, cette annonce SNCF diffusée sur les quais de gare. L'étrangeté de cette parole vient du fait qu’il s'agit d'une parole montée, faite de mots pré-enregistrés qui composent un énoncé cohérent et immédiatement efficace (les voyageurs se rendront sans tarder à la voie 1) tout en révélant dans les hiatus des lignes intonatives, son caractère artificiel ou rapiécé. On a ici un extrait paradoxal qui se donne à la fois comme régulier tout en étant bizarrement inorganique.
Dans bien des cas, on perçoit clairement la manière dont la parole est sous-tendue (ou sous-entendue) par certains standards mélodiques plus ou moins bien assimilés. Le "bien dire" ou le "bien lire" auxquels ces paroles tendent à se conformer reposent sur une certaine idée de la variété et de la modulation. Ce sermon, cette réponse d’interview, ce récit, visent à animer la scène ou l’énoncé pour les rendre plus attrayants ou plus vivants.
En jouant de plusieurs hauteurs et de plusieurs voix, c’est contre la monotonie d’une parole "monocorde" que ces paroles travaillent (pour une parole monocorde mais passionnante, écouter Mon père de Charles Pennequin).
Dans cet extrait du film de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, En rachachant, les hauteurs conventionnelles de la parole sont accentuées à outrance de manière à produire un dialogue étrange, sonnant "faux" tant il s'applique à réciter juste – définition peut-être du "rachacher". On pense aussi à ce reproche parfois adressé à certains acteurs de trop chanter le texte, de se raccrocher à une idée entendue aux dépens de ce qu’il dit.
Certains extraits de la collection présentent des mélodies remarquables dans la manière qu'elles ont de moduler leurs hauteurs de façon presque sinusoïdale. Cette manière caractérise des énoncés répétitifs dans lesquels le locuteur a soin, en variant les hauteurs, de singulariser chaque itération : c'est le cas de la météo marine, de ce tongue twister ou de cette lecture de Gertrude Stein. Dans le même ordre d’idée, accélérée et compressée à l’extrême, la mélodie très cadencée de ce commissaire-priseur.
C’est aussi souvent par l’usage ou par l’usure qu’une mélodie sinusoïdale finit par s’imposer, comme dans la petite musique de l'hôtesse de l’air, identique en arabe et en français.
Parfois, la répétition et le patron des modulations s'organisent autour d'une note finale fortement accentuée qui met en relief la dimension sérielle de l’énoncé : liste, énumération, argumentaire. Ce genre de mélodie introduit une cadence, comme on l'entend dans cet extrait d'un film d'Abdellatif Kechiche ou ce cours de Vladimir Jankelevitch.
Alors que la parole standard module ses hauteurs sur quelques tons autour d’une fréquence de base, certaines paroles se distinguent à l’inverse par leur mélodie cahotique, "par sauts et gambades", comme typiquement celle de Vladimir Jankelevitch, dont on peut entendre ici un autre merveilleux extrait. Ces cahots de la mélodie manifestent souvent un genre de trouble de la parole. Trouble physiologique chez ce transsexuel sous traitement hormonal, ou plus largement, trouble ou affection d’une parole qui sous l’effet de l’émotion ou par souci d’en produire, déborde de son lit.
Ainsi de la véhémence propre aux discours politiques, au plaidoyer, à la diatribe poétique et dans un cas plus musical encore, au prêche de Gospel (écouter aussi C'est bizarre). Ces mélodies « excentriques » participent de l’emphase, entendue comme une manière particulière de théâtraliser la parole. La déclamation de la tragédienne est ainsi emportée par des vagues d'intonations lyriques, montantes et descendantes (écouter aussi Entre ici, Jean Moulin).
Ces paroles aux mélodies chaotiques relèvent d’un régime qui excède les bornes normales de l’intonation, elles peuvent faire signe vers le règne pré-verbal des animaux ou des petits enfants. Ainsi chez ce vacher du Poitou qui guide ses bêtes, ou chez cet imitateur de chants d’oiseau. Ainsi du babil du bébé qui se donne à entendre à la fois comme expressif (les affects joyeux ou colériques de l'enfant), intentionnel (le babil est adressé, il escompte certains effets) et expérimental. L'enfant découvre et accorde son appareil phonatoire par une série de gammes intuitives qui lui permettent d'en mesurer la tessiture et d'apprendre à en moduler l'expressivité. On n’est pas loin de certaines démarches de compositeurs ou poètes du XXe siècle qui démontent et réinventent les modalités traditionnelles du chant et les formes usuelles de la parole, que ce soit Raoul Hausmann ou Luciano Berio.
Souvent, le fait d’allonger certaines voyelles amène ces paroles au bord du chant comme dans cette cassette d’hypnose, cette lecture d’un poème par son auteur ou cette pièce de John Cage.
A l'extrémité de notre collection Mélodies sont certaines paroles dont les variations intonatives les emmènent à la lisière du chant. On est dans la zone mixte du chanté-parlé ou du parlé-chanté. Le chant lyrique est ainsi une manière de jouer avec l'organisation tonale de la parole. Parfois le parler est comme une modalité résiduelle du chant (écouter C'est fini là il est fichu il est mort ou La bataille), parfois c'est la structure mélodique du chant qui rend possible l'articulation d'un message, comme dans cet enregistrement réalisé par un artiste brut. Enfin, dans certaines énonciations singulières on peut entendre la manière dont se nouent rituellement l'intention de communiquer et l'autonomie esthétique du chant (écouter Mantra de la compassion, L'enfant du Coran, (Mh mh mh) yeh yeh eh) : pour que la parole soit vraiment efficace comme telle, elle doit être chantée ; elle n’est parole précisément qu’en tant qu’elle est chant.
Déviation du cours de la parole par digressions, détours, parenthèses ou citations, lui permettant de jouer de multiples qualités et de différents registres. Le pli produit un louvoiement qui tord le fil du discours sans jamais le briser.
Neil Patrick Harris, extrait de la série How I met your mother, 2012.
Evelyne Dhéliat, extrait du bulletin météo de TF1, 2016.
Des salariés et Bruno Le Maire, ministre du Travail, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2019.
Patrick Buisson, extrait de l’émission Répliques, 2016
Message sur un répondeur téléphonique 2013.
Darry Cowl, extrait du film Assassins et voleurs de Sacha Guitry 1957.
Extrait d’une visite guidée du Domus Aurea de Rome, 2019.
Extrait d'un tutoriel de cosmetic packaging posté sur Youtube, 2012.
Extrait d'une formation à la prévention de la radicalisation, enregistrement personnel, 2016.
Jean-Marc Lebihan, extrait d'une performance au festival d'Aurillac, 2013.
Message laissé sur le répondeur de Martin Juvanon de Vachat, 2017.
André Tubeuf, extrait de l’émission André Tubeuf Mémoire, France Musique, 2021.
Serge Gainsbourg, extrait d’une interview, France Culture, 1982
Message laissé sur un répondeur téléphonique, 2008.
Antonin Artaud, extrait de la pièce radiophonique Pour en finir avec le Jugement de Dieu, enregistrée pour la RDF (mais non diffusée), 1947.
Conversation de fête, enregistrement d'Olivier Nourisson, années 2000.
Message laissé sur un répondeur, 2016
Maurice Pialat, extrait de l'émission Champs Contre-champs, ORTF, 1973.
Barbara, extrait d'un concert, année inconnue.
Message laissé sur le répondeur de Catherine Gilloire, 2011.
Message WhatsApp, 2021.
Barbara, extrait d'un concert à l'Olympia, Paris, 1978.
Fabrice Luchini, extrait de l'émission Répliques, France Culture, 2011.
Pierre Repp, extrait du sketch Les Crêpes, années 60.
Jean-Claude Van Damme, extrait d'un entretien, 2001.
Jean-Luc Delarue, extrait d'un entretien sur RTL, 2009.
Jean-Louis Bory, extrait de l'émission Le Masque et la Plume, France Inter, 1963.
Extrait du journal de France Inter, 2008.
Christophe Tarkos, Le petit bidon, Centre Pompidou, 1999.
Jacques Lacan, extrait du film Télévision de Benoît Jacquot, 1973.
Jacques Derrida, extrait du film Ghost Dance de Ken McMullen's, 1983.
Gilles Deleuze, extrait d'un cours sur Leibniz, 1986.
Henri Guillemin, extrait de l'émission En appel sur Blaise Pascal, RTS, 1972.
Alain Robbe-Grillet, extrait de l'émission Le Roman du nouveau roman, France Culture, 2007.
Scène de rue, extrait du documentaire Au bord du monde, Claude Drexel, Arte, 2014.
Conversation domestique, enregistrement personnel, 2018.
Michel Braud, extrait d'une soutenance de thèse en arts du spectacle, 2012.
Jérôme Mauche, message laissé sur le répondeur téléphonique de Nicolas Rollet, 2008.
Scène de commissariat, extrait du film Faits divers, Raymond Depardon, 1982.
Scène de métro, enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2010.
Aimé Jacquet, extrait du film Les yeux dans les bleus, 1998.
Marie Dasylva, extrait du talk Survie au taff : charge mentale et confinement, Facebook live, 2020.
Roland Barthes, La Préparation du roman, Cours au Collège de France, 1978.
Rosa-Maria Gomes, extrait du film Maine Océan de Jacques Rozier, 1986.
Antonio Lobo Antunes, extrait de l’émission Par les temps qui courent, France Culture, 2019.
Clément Rosset, extrait de l’émission Hors Champs, France Culture, 2013.
Marc Kravetz, extrait de l'émission Les Matins, France Culture, 2007.
Léon Blum, extrait d'un discours au Luna Park de Paris, 1936.
Quentin Le Brouster, Chief Technology Officer de Black Market, vidéo YouTube, 2019.
Tom Lescher aka Kaypacha, extrait d’une vidéo de la chaine YouTube « New Paradigm Astrology », 2019.
Conversation téléphonique, enregistrement de Nicolas Rollet, 2007.
Extrait de l’émission L’école des fans, Antenne 2, 1980.
Sophie Marceau, discours pour la remise de la Palme d'or, Festival de Cannes, 1999.
Françoise Sagan, extrait de l'émission Ramdam, FR3, 1993.
Conversation entre amis, enregistrement personnel, 2020.
Extrait d'une émission sur RTL, 2008.
Scène dans le métro parisien, enregistrement personnel de Joëlle Gayot, 2013.
Bilan d'orthodonsie, enregistrement personnel, 2014.
Jonathan Krohn, extrait d’une intervention à la Conservative Action Conference, 2009.
Pli | Déviation du cours de la parole par digressions, détours, parenthèses ou citations, lui permettant de jouer de multiples qualités et de différents registres. Le pli produit un louvoiement qui tord le fil du discours sans jamais le briser.
Parler de pli suppose d'assimiler métaphoriquement la parole à une ligne continue, à un fil (on parle volontiers du fil d'un discours ou d'un récit) : une ligne continue qui serait non pas droite mais courbe, infléchie, ondulée, formant détours et méandres, passant par des types d'énonciations distincts, opérant des sauts qualitatifs entre différentes strates, mais sans solution de continuité.
Le pli se reconnaît à l'inflexion qu'il creuse dans l'intonation de la parole, signalant l'ouverture d'une parenthèse provisoire. Ainsi l'intonation descendante d'Alain Robbe-Grillet lorsqu'il énonce sa digression illustrative et didactique sur André Breton ; l'allure légèrement renfrognée de la voix de Jean-Marie Straub s'illumine à l'évocation digressive d'un "ami d'enfance" ; on encore la déception feinte de Donald Trump.
Outre qu'il favorise la digression thématique, le pli permet à un discours de revenir sur lui-même et d'anticiper son devenir. Dans cet extrait du cours de Gilles Deleuze sur Leibniz, le plissement sert à mettre en relation différents moments d'une même démonstration philosophique étalée sur plusieurs séances. Une telle réversion des dimensions du temps fournit par ailleurs à l'acteur Jean-Claude Vandamme une théorisation adéquate de sa façon de parler, particulièrement tortueuse.
Certains plis étirent à l'envi le ou les niveaux secondaires, provoquant un sensible retardement de l'objet attendu du discours. Le tout début de Pour en finir avec le Jugement de Dieu d'Antonin Artaud se plaît à repousser le complément d'objet de la célèbre formule initiale "j'ai appris hier". Un journaliste chargé de lire une dépêche AFP livre à ses auditeurs un moment de contrition dont la stratégie sous-jacente est claire : faire désirer l'information. Dans cet extrait du film Assassins et voleurs de Sacha Guitry, le personnage joué par Darry Cowl se dérobe par plis successifs aux aveux que lui exige le tribunal. Le comique de ce genre de situation est accusé lorsque bégaiement et contrepèteries créent une multitude de fausses pistes toutes aussi incongrues les unes que les autres, comme chez l'humoriste Pierre Repp.
Le pli est à même de saturer la parole lorsque la hiérarchie des niveaux tend à se défaire et que les éléments périphériques prolifèrent jusqu'à l'excès. Amené à détailler les raisons d'une absence à une réunion de travail, un homme doit user de locutions du type "enfin bref" pour ne pas perdre son fil initial. Dans une question-fleuve posée par Marc Kravetz au romancier Eduardo Manet, invité des Matins de France Culture, les multiples parenthèses ne sont pas tant des digressions que des éléments qui re-parcourent le roman et complexifient le problème. Cas inverse, cette réponse disproportionnellement longue d'un candidat de l'École des fans à la question : "Tu n'es jamais puni à l'école ?"
Une jeune femme appelle l'hôtel où elle a passé la nuit pour savoir si on y a retrouvé la lingerie qu'elle croit avoir oubliée : le récit, a priori simple, se disloque par profusion de détails périphériques. La saturation par plis atteint son comble lorsqu'à l'incohérence des propos s'ajoute la vélocité du débit : interrogé sur ses liens avec Claude Berri, Jean-Luc Delarue livre à ses interlocuteurs médusés une parole "sans inconscient", née des méandres de son cerveau en pleine ébullition.
Dégagée du souci de maintenir un fil univoque, la parole plissée peut se complaire dans une libre dérive, faire louvoyer une conversation à mille lieux de son sujet d'origine sans que cela ne paraisse problématique : ainsi, dans cet extrait, nous pouvons entendre Françoise Sagan passer sans transition des chevaux de course à la détresse des chômeurs. Ailleurs, le même mot "vert" devient le support d'associations d'idées, quand l'envie de se raconter intimement devant son public conduit Barbara au plaisir de faire comme si elle se perdait dans ses propos.
Lorsque toutefois une telle dérive improvisée ne repose que sur la vacuité du parler pour ne rien dire, elle peut de bon droit provoquer l'ire de l'auditoire.
Tout aussi esseulé, quoique pas tout à fait insensible à ce qui l'environne, un soliloque capturé dans le métro parisien met en série une succession de référents disparates enfilés comme des perles. Le fait étant que le métro offre aux monologues des opportunités de changements d'adresse également propices à quitter son propos principal temporairement.
Enfin, c'est en tant que dérive intellectuelle continue, largement disciplinée toutefois, que se trouve représentée la parole de Jacques Lacan dans le film Télévision de Benoît Jacquot. Ici, le plissement est dramatisé comme manifestation d'une pensée en actes, ménageant comme il se doit ses pauses éloquentes, ses incises, ses citations d'autorité, ses focalisations, ses contrastes d'intonation et d'intensité, etc.
Manière dont une parole est découpée, organisée, articulée. Ensemble de phénomènes par lesquels, dans un contexte donné, une parole fait apparaître sa syntaxe, distribue les effets de sens et permet ou non la participation.
Mark Leckey, extrait de In the Long Tail, Abrons Art Centre, 2009.
Slavoj Žižek, extrait du documentaire The Pervert's Guide to Cinema, 2006.
Ramon Pipin, extrait d’un tutoriel de jazz, vidéo postée sur Facebook, 2020.
Message WhatsApp, 2020.
Ninja (Die Antwoord), extrait d'une interview, 2011.
Anne Cheng, extrait de l'émission Éloge du savoir, France Culture, 2009.
Témoignage, extrait de l'émission Les Pieds sur terre, France Culture, 2007.
Extrait d’un entretien dans le bocage normand, enregistrement de Perrine Davy, 2021.
Discussion avec un homme sur le piétonnier de Bruxelles, enregistrement personnel, 2016.
Conversation téléphonique, enregistrement personnel, 2019.
Paul Claudel, extrait d'un entretien avec Jacques Madaule et Pierre Schaeffer, 1944.
Constat d’huissier, extrait de l'émission Les pieds sur terre, France Culture, 2015.
Présentation d'un conférencier, source inconnue,1999.
Giovanni Trapattoni, entraîneur du Fußball-Club Bayern München e.V., extrait d'une conférence de presse, 1998.
Présentation d'animaux de compagnie, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2016.
Hafsia Herzi, extrait du film La Graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche, 2007
Entretien avec un militaire, extrait de l'émission Sur les docks, France Culture, 2008.
Dan Graham, extrait du film Dan Graham : Beyond d'Anat Ebgi and Aaron Brewer, 2009.
Léon Zitrone, extrait du journal télévisé, FR3, 1980.
Ted Lerner, présentation du combat Z. Gorres vs. Fernando Montie, 2007.
Park Soe-Joon, extrait d’une masterclass, vidéo Youtube, 2018.
Gilles Deleuze, extrait de l'émission Dialogues, France Culture, 1973.
Demande publique en mariage, YouTube, 2012.
Carlo Ginzburg, Francesca Isidori, extrait de l'émission Affinités électives, France Culture, 2007.
Jacques Lacan, extrait d'une conférence à l'université de Louvain, 1972.
Louis Aragon, extrait de l'émission Entretiens avec, ORTF, 1964.
Présentation d'une conférencière, Dailymotion, 2006.
Bernard Pivot, extrait de La Dictée d'Amiens, 2005.
Extrait du reportage Les commandos du renseignement de l'Armée française, France 5, 2013.
Laurent Terzieff, extrait de l'émission La Nuit des Molières, France 2, 1988.
Claude Gaignebet, extrait de l’émission Euphonia, France Culture, 1988.
Vladimir Jankélévitch, extrait de l'émission Dialogues, 1975.
Pierre Zaoui, extrait de l'émission La Suite dans les idées, France Culture, 2007.
Michel Leeb, extrait du sketch La Ponctuation, 1984.
Extrait de la vidéo promotionnelle d'un cabinet d'optimisation fiscale, 2015.
Henri Chopin, extrait d'une intervention à Actoral 6, Marseille, 2008.
Conversation domestique, enregistrement personnel, 2018.
Jérôme Mauche, message laissé sur le répondeur téléphonique de Nicolas Rollet, 2008.
Marie Lechner, Frédéric Kerk, extrait d’un entretien sur radio informal, 2020.
Alpha 5.20, extrait d'une vidéo posté sur YouTube, années 90.
Sophie Perez, extrait d'une présentation au Centre Pompidou, 2009.
Ségolène Royal, extrait d'un entretien radiophonique, 2008.
Jacques Drillon, extrait de l'émission Tire ta langue, France Culture, 1991.
Gilles Deleuze, extrait de l'émission Dialogues, France Culture, 1973.
Message posté sur YouTube, 2019.
Récitation d’un poème, vidéo postée sur YouTube, 2018.
Harold Goodman, extrait de la méthode Michel Thomas pour l'apprentissage du Mandarin, date inconnue.
Maria di Trapani, lettre vidéo, YouTube, 2013.
Scène d’atelier d’écriture, extrait deLe Papotin, réalisation Alexandre Plank pour L’Atelier Fiction, France Culture, 2017.
Patrice Chéreau, extrait du film Phèdre de Stéphane Metge, 2003.
Constance Legris, député européenne Les républicains, Journal de France Culture, 2016.
Témoignage, extrait de l'émission Les Pieds sur terre, France Culture, années 2000.
Dominique de Villepin, extrait d'une déclaration à la presse en marge du procès Clearstream, 2009.
Extrait d'un tirage de cartes divinatoires, YouTube, 2014.
Compte-rendu de consultation médicale, enregistrement personnel, 2012.
Prestation de serment d'un policier japonais, 2013.
Extrait d’un discours de campagne d’un candidat FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs), 2015.
Michael Bates, Malcolm McDowell, extrait du film A Clockwork Orange de Stanley Kubrick, 1971.
Ponctuation | Manière dont une parole est découpée, organisée, articulée. Ensemble de phénomènes par lesquels, dans un contexte donné, une parole fait apparaître sa syntaxe, distribue les effets de sens et permet ou non la participation.
La phrase écrite dispose de signes pour indiquer au lecteur des coupes, des changements de plan, des rythmes correspondant à une organisation syntaxique, idéelle. Or, sauf à considérer la lecture d’un texte, nous ne parlons pas en phrases. Ce que nous connaissons de la phrase est une ressource pour construire notre dire. Le discours oral contient lui aussi ses indices de ponctuation, relevant de pratiques et d'usages socio-culturels.
La collection Ponctuations rassemble un éventail de ces pratiques consistant à ciseler, construire en segments un flux de parole, et organiser la parole en interaction.
Certaines méthodes de ponctuation du flux de parole s’apparentent à celles de la phrase : l’on pourrait transcrire par les signes typographiques conventionnels la façon dont par exemple Laurent Terzief, ou encore Louis Aragon modulent différents espaces pour signaler des points, points virgules, virgules (écouter aussi Un Coup d’couteau dans l’machin), ou encore des "deux points" et des incises, comme dans cet extrait de cours de Gilles Deleuze. Dans son sketch, Michel Leeb joue de cette analogie entre la ponctuation phrastique et la manière de produire une narration comme ressort comique (écouter aussi Silence). À l'inverse, quand un médecin dicte un diagnostic, il énonce les éléments de ponctuation dans une diction d'autant moins ponctuée.
La parole étant bien plus que - voire pas du tout - "dire des phrases", la ponctuation à l’oral rend audible le travail d’un locuteur à découper et lier des unités qui ne sont pas celles de phrases grammaticalement complètes, ou correctes.
On trouve tout d'abord l’utilisation d’items lexicaux. Ce peut être des "bon", des "en fait", des "mon frère", des «yes», pour marquer la fin d’unités, ou encore des tag-questions telles que "n’est-ce pas", ou "hein". On a le même phénomène pour démarrer des unités avec par exemple le "donc" et le "alors", comme dans cet extrait de présentation d'un conférencier.
Ensuite, les locuteurs ont à portée d’autres dispositifs pour poser des balises entre leurs unités à l’oral, non lexicaux ceux-là, comme le "euh" (dans une conférence de Mark Leckey), le "ahm" new yorkais ou des phonèmes encore moins lexicalisés (comme dans cette présentation d'une conférencière). Et bien entendu le silence peut aussi remplir cette fonction de ponctuation, comme dans cet extrait d'une conférence de Jacques Lacan (écouter aussi Libéraux sociaux, socialistes de marché). De plus, on entend des formes acoustiques qui fonctionnent comme des scriptes intonatifs contribuant à constituer des unités, comme dans cet extrait où Léon Zitrone annonce le décès de Joe Dassin (écouter aussi Les Philosophes parlent aux philosophes).
Le recours à des techniques pour ponctuer son discours ne se réduit cependant pas à délimiter des unités. Ces techniques servent aussi à établir une certaine relation vis-à-vis de ce qui est dit, comme dans cet extrait où un jeune homme utilise régulièrement "c’est ça" ou dans celui-ci où c’est le "voilà" qui est mobilisé. Dans les deux cas on peut entendre une sorte de mise à jour critique de la part du locuteur. Dans la même idée, on entend Jacques Rancière avec un "bon" qui pourrait fonctionner comme une actualisation de la situation d’énonciation ; ou encore, davantage tourné vers l’interlocuteur, Abel Ferrara avec "you know" ou Patrice Chéreau avec "tu vois".
L’usage des ponctuants ou lieurs, peuvent permettre de résoudre des problèmes liés à une parole qu’on se sent de devoir maintenir. Par exemple dans cet extrait de message de répondeur, où le locuteur essaie d’être là malgré tout, avec des "euh" et des claquements de langue, ou encore cet extrait où Dan Graham utilise le "ahm" américain pour étayer un discours difficile à rendre fluide en raison d’un problème de bégaiement (réécouter aussi Donc, donc, et voir l'entrée Résidus).
De plus, l’utilisation de formes ponctuées peut permettre de construire des listes (voir l’entrée Séries). Cela peut se faire avec des items comme dans cet extrait avec "et tout", ou simplement en mobilisant des formes acoustiques régulières (écouter Elle fait toujours la belle, Y’a la chimie, la bureautique ; réécouter Les philosophes parlent aux philosophes). Eléments ponctuants qui peuvent même incorporer une évaluation de cette même liste comme lorsque Ségolène Royal énumère les promesses du Président Sarkozy.
Enfin, notre collection illustre le fait que la ponctuation dans la parole ne sied pas seulement au locuteur mais qu'elle peut, d'une part, être une preuve de participation attentive chez les interlocuteurs, comme dans cet extrait où Carlo Ginzburg ponctue le tour de parole de Francesca Isidori par des actes de présence et de ratification. D'autre part, et plus généralement, la ponctuation renvoie à des caractéristiques de la situation d’énonciation, de l’activité en cours : on sait que Bernard Pivot ne lira pas un texte comme il fait la dictée.
Manière dont une parole s'adresse à un interlocuteur absent. Privé de rétroaction, le locuteur projette une image de son destinataire et construit une parole qui révèle l'idée qu'il se fait de leur relation, plus ou moins intime ou générique, réelle ou stéréotypée.
Soliloque dans un bus, 2017.
Serveur téléphonique de Pôle Emploi, 2010.
Stefano Siviero, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Publicité pour les solutions d’investissement d’un promoteur immobilier chypriote, 2016.
Annonce dans une rame TGV, 2011.
Extrait du disque d'hypnose Méta-relaxation : créativité face aux problèmes, années 90.
Simone Signoret, extrait de la pièce de théâtre La Voix humaine de Jean Cocteau, 1964.
Ramon Pipin, extrait d’un tutoriel de jazz, vidéo postée sur Facebook, 2020.
Delphine Seyrig, extrait d'une lettre audio à son fils, 1974.
Message WhatsApp, 2020.
Extrait d'une harangue djihadiste postée sur internet, 2014.
La Dame de Carreau, extrait d’une séance de voyance, live Facebook, 2021.
Jimmy et Imrul, extrait du projet Radio Ld'A de Lincoln Tobier, Laboratoires d'Aubervilliers, 2002.
Message posté sur Youtube, 2019.
Richard Gaitet, extrait de l'émission Nova Book Box, 2013.
Message laissé sur un répondeur, 2021.
Extrait d'un tutoriel de piano de la chanson Imagine, vidéo postée sur YouTube, 2008.
Extrait d'une alerte citoyenne postée sur YouTube, 2011.
Interruption du journal de 20h par la Coordination des intermittents et précaires, France 2, 2003.
Scène de métro, enregistrement de Thibault Capéran, 2012.
Message sur un répondeur téléphonique 2013.
Vidéo d’un consommateur, YouTube, 2019.
Message What’s App, enregistrement personnel, 2018.
Extrait d'un blog vidéo, YouTube, 2007.
Message laissé sur un répondeur téléphonique par une conseillère bancaire, 2007.
Message personnel, extrait du projet d'artiste One Free Minute, Montréal, 2009.
Annie-Claude Chevrier, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2010.
Message laissé sur un répondeur téléphonique, enregistrement personnel, 2016.
Présentation d'animaux de compagnie, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2016.
Vidéo du ministère de l’intérieur, 2016
Message laissé sur un répondeur téléphonique, 2015.
André Malraux, extrait du discours prononcé à l'occasion du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, 1964.
Message laissé sur le répondeur de Martin Juvanon de Vachat, 2017.
Jean-Marie Massou, extrait de Message pour les témoins de Jéhova, 2007.
Message laissé sur un répondeur, 2019
Extrait d’un reportage présenté par des enfants, Jemidor TV, 2021.
Message posté sur YouTube, 2013.
Fabienne Guerrero, extrait d’une vidéo publiée sur YouTube, 2012.
Madness, extrait du disque One Step Beyond, 1979.
Pierre Raymonde, extrait de Erotic Aerobics de Pierre Raymonde and Bugs Bower, 1982.
Video publiée sur YouTube, 2009.
Extrait d'une harangue djihadiste postée sur internet, 2014.
Philip Anselmo, extrait d'un message posté sur YouTube, 2007.
Extrait de la démonstration d'un instrument de musique, années 1970.
Message envoyé sur un groupe Whatsapp pendant la grève contre la réforme des retraites, 2020.
Message posté sur Vice TV, 2020.
Message laissé sur un répondeur téléphonique, 2008.
Charles de Gaulle, extrait de l'appel radiophonique du 22 juin 1940.
Alexandra Viau, extrait de Alexandra, une lettre d'amour audio de Alexandra Viau et Cédric Chabuel, Arte Radio, 2003.
Scène de manifestation à Alger, vidéo YouTube, 2019.
Message laissé sur un répondeur, 2016
Philippe Seguin, extrait d’un discours au premier Parlement des enfants, 1994.
Disque Audimaton, années 1960.
Maurice Garrel, extrait du disque Serge Gainsbourg – Portraits, 2003.
Disque Calibre Auto Recording, années 1960.
Extrait d'une cassette trouvée.
Extrait d'un périscope lors de l'acte VIII des gilets jaunes, 2019.
Message laissé sur le répondeur de Catherine Gilloire, 2011.
Message de campagne de Jean-Luc Mélenchon laissé sur un répondeur, 2019.
Brigitte Fontaine, extrait de l'émission Des Croissants dans l'acide, Ouï FM, 2010.
André Manoukian, extrait de l’émission Les routes de la musique, France Inter, 2016.
Vincent Beckers, extrait d'un tirage de tarot, vidéo postée sur YouTube, 2012.
Frédéric Bourdon, extrait d’une vidéo promotionnelle, YouTube, 2013.
Publicité radio pour Lexmark, années 2000.
Extrait d'un cours de danse, vidéo postée sur YouTube, années 90.
Élaboration d'une déclaration d’amour vidéo, YouTube, 2013.
Message WhatsApp, 2020.
Leon Trotsky, extrait d'un message filmé, date inconnue.
Instructions d'un Photomaton, enregistrement personnel, 2017.
Molly Roth, extrait du disque Plant Talk, 1976
Scène de salle d'attente, enregistrement personnel d'Olivier Normand, 2010.
Doctora Bertha Elena Muñoz Mier, message posthume, 2013.
Extrait d'une lettre audio, 1996.
Prière dite par un enfant, extrait d'un enregistrement posté sur YouTube, 2008.
Abdel Basset-al-Sarout, extrait du film documentaire Return to homs de Talal Derki, 2013.
Serveur vocal de la compagnie Yamato, Japon, 2014.
Extrait d’une performance domestique, vidéo postée sur YouTube, 2018.
Extrait d’une émission de voyance, Telergione Toscana, 2014.
Extrait de stream d’une run de Dead Cells par At0miumVOD, vidéo Youtube, 2018.
Message WhatsApp, 2020.
Extrait d’une recette de cuisine, vidéo postée sur Youtube, 2019.
Sylvie Joly, extrait du sketch SOS Amitié, 1977.
Scène de rond-point dans le Gard, extrait d’un live sur périscope, 2018.
Mohamed, extrait de l'émission Gym Direct, D8, 2014.
Annonce à l'aéroport de Nice, 2010.
Extrait d’un post sur la chaîne YouTube de Francis CG, 2016
Johann Schneider Ammann, Président de la Confédération Helvétique, extrait d’une allocution vidéo à l’occasion de la Journée des malades, 2016.
Isabelle Adjani, extrait du casting pour le film Le Sauveur de Michel Mardore, 1970.
Tutoriel de maquillage, YouTube, 2019.
Message posté sur YouTube, 2019.
Scène d’enchères au Tsukiji fish market à Tokyo, vidéo postée sur YouTube, 2007.
Serveur vocal de la mairie de Gennevilliers, 2019
Théobald de Bentzmann, vidéo de recrutement pour la start-up Chefing, 2018.
Extrait du journal télévisé pour enfants Les Z'infos, Télé Kids, 2007.
Extrait de The Legendary Tape Recordings Vol.2 par Walter Gavitt Ferguson, année inconnue.
Litanie d'un mendiant, enregistrement personnel, 2019.
Méline, extrait de l'horoscope sur NRJ, 1999.
Quentin Le Brouster, Chief Technology Officer de Black Market, vidéo YouTube, 2019.
Message personnel, extrait de l'émission C'est mon choix, FR3, années 90.
Annonce dans le métro parisien, ligne 14, 2010.
Tom Lescher aka Kaypacha, extrait d’une vidéo de la chaine YouTube « New Paradigm Astrology », 2019.
Message posté sur YouTube, 2014.
Pierre Sabbagh, extrait du journal télévisé de l’ORTF, 1968.
Catherine Lemorton lors du débat parlementaire sur la loi Hadopi 2, 2009.
Redjep Mitrovitsa, extrait du spectacle Le Journal de Nijinski enregistré pour France Culture, 1996.
Extrait d'une vidéo postée sur Youtube, année inconnue.
Bernard Heidsieck, extrait du poème sonore Tu viens chéri(e), 1975.
Cinq messages laissés sur le répondeur de Nicolas Rollet, 2008.
Extrait d'un tirage de cartes divinatoires, YouTube, 2014.
Extrait d'une séance de méditation ASMR, YouTube, 2014.
Extrait d’une correspondance audio, 1993
Speakerine, extrait des programmes d'Antenne 2, années 80.
Disque audiomaton, années 1960.
Macha Béranger, extrait du générique de l'émission Allô Macha, France Inter, 1977-2006.
Scène dans le métro parisien, enregistrement personnel de Joëlle Gayot, 2013.
Vidéo live sur Instagram, 2019.
Message de la reine Mathilde, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2018.
Bande-annonce de Beyond the valley of the dolls de Russ Meyer, 1970.
Reine Elizabeth II, allocution du 5 avril 2020.
Extrait du message d'un habitant de Homs à Bachar Al-Assad, YouTube, 2012.
Amy Walker, vidéo postée sur YouTube, 2008.
Extrait de l'émission Sesame Street, saison 43, épisode 12, 2012.
Kenneth Copeland, anathème, 2020.
Robert De Niro, extrait du film Taxi Driver de Martin Scorsese, 1976.
Extrait de la compilation Flexi-Sex, Trunk Records, années 1970.
Extrait d’une vidéo d’hypnose postée sur YouTube, 2016.
Projection | Phénomène par lequel une parole s'adresse à un interlocuteur absent. Privé de rétroaction, le locuteur projette une image de son destinataire et construit une parole qui révèle l'idée qu'il se fait de leur relation, plus ou moins intime ou générique, réelle ou stéréotypée.
Le phénomène que nous avons appelé projection est relativement récent dans l’histoire de la parole humaine. Avant l’invention de l’enregistrement, les situations où l’on s’adressait à un interlocuteur absent étaient plutôt rares : la prière ou l'invocation, le théâtre ou la poésie, la folie. Aujourd'hui ces paroles comportant une adresse projetée sont très présentes dans nos vies, que ce soit à la télévision, à la radio, dans les annonces enregistrées, les serveurs vocaux, les messages de répondeurs ou les vidéos postées sur internet. Dans les situations face à face, la parole s'ajuste et s'accorde en permanence à la parole de l'autre. En revanche, en l'absence d'interlocuteur, le locuteur s’appuie sur l'idée qu'il se fait de celui à qui il s'adresse, donnant à sa parole la forme particulière d'une voix dans le vide.
Dans leur relation avec l’adresse projetée, les formes verbales vont s’ajuster au moins selon le panel de destinataires (une personne, un groupe d’amis, une foule) ; et le degré d’absence des destinataires (des gens dans le métro qui font semblant de ne pas écouter, des auditeurs à la radio, Dieu, des gens dans un aéroport susceptibles d’écouter, etc.). Selon ces deux axes, nous entendrons ainsi des formes des plus standardisées du point de vue de l’adresse, ou au contraire très personnalisées, et des formes où l’on va «faire exister» le destinataire de manière plus ou moins évidente.
On entend quotidiennement des paroles à l’adresse générique, cadencées pour convenir par défaut à tout le monde, à tout type d’interlocuteur. Ce sont des paroles à la neutralité étudiée. C’est par exemple la parole des serveurs vocaux, des annonces enregistrées dans le métro, des annonces d’aéroport ou des rituels de type enchères.
C’est aussi la parole des speakerines à la télévision qui doit pouvoir être reçue par toutes les catégories de téléspectateurs.
De même, les annonces de répondeur sont l’occasion pour chacun de construire une parole accueillante pour tous, que ce soit sa petite amie, ses parents, son employeur ou le contrôleur des impôts. On peut ainsi entendre dans ces annonces une standardisation depuis la façon dont le locuteur entend préparer son panel, et établir une relation plus ou moins distante.
On peut entendre d'une autre façon dans cette lecture d'une chanson de Serge Gainsbourg quelque chose de la recherche d'une adresse à tous.
Dans l’extrait suivant, tiré du making-of d'une radio amateur, on entend précisément la construction d’une adresse standard. Plus précisément, les locuteurs passent sans cesse d’une adresse présente-concrète à une adresse projetée-abstraite.
Le dernier cas, extrait d’un disque d’hypnose, est intéressant dans la mesure où le souci d’une parole opérante pour tous se traduit non par une recherche de neutralité comme dans les exemples précédents, mais à l’inverse, travaille une forme stylisée si étrange qu’elle ne correspond à aucune relation prédéfinie (et peut donc convenir à n’importe qui).
Le phénomène de la projection est particulièrement intéressant quand le locuteur s’adresse à une catégorie donnée de personnes : en se représentant des membres idéalisés de ces catégories, il révèle l'idée qu'il s'en fait.
Cela peut être l'idée de l'enfant, de l’acheteur potentiel d’un instrument exceptionnel, du fan, d'un possible adversaire, d'un micheton, d’un spectateur ou encore d'un auditeur de radio solitaire. On y retrouve aussi les cas de manuels ou de tutoriels : le locuteur s’adresse à un panel plus ou moins large d'adeptes de gymnastique domestique ou de zouk ; d'auditeurs voulant apprendre à jouer une chanson de John Lennon, ou à parler anglais avec un accent russe.
On s'adresse cependant parfois de manière tout à fait similaire au propriétaire d'une plante verte, puis à la plante elle-même.
L'artiste Amy Walker a enregistré une collection de "Yes" qui font jouer à chaque fois l’idée d’une relation particulière avec le destinataire. De même, cet extrait d’un sketch de Sylvie Joly fait apparaître la fiction d'un interlocuteur importun.
Les deux extraits suivants sont des situations où l'on peut apprécier deux façons très différentes de s'adresser à la catégorie "peuple" : il s'agit d'un extrait de l'appel radiophonique du 22 juin 1940 et d'un extrait d'une intervention de la Coordination des intermittents et précaires au journal de France 2.
On peut entendre encore la manière très particulière dont cet artiste brut enregistre un message adressé aux "filles et femmes du monde entier".
D’une manière moins chantonnée, on entend quelquefois, dans la rue ou le métro, des individus s’adressant à tout le monde et à personne, au public composant la rame du métro, aux salauds, aux manipulateurs dont on doute qu’il soient parmi nous (écouter aussi Mais oui t’as raison).
Enfin, la prière est une parole projetée par excellence. De plus, le prieur instruit une relation totalement fantasmée pour certains, bien réelle et intime pour d’autres.
Quand la projection se fait à l’intention d’un interlocuteur familier mais absent, ce qui est mobilisé dans le discours c’est le souvenir de la relation qu’on entretient avec lui, ou que l'on rêve d'entretenir : la projection fait alors apparaître une quintessence de la relation, ou du moins la relation telle que le locuteur la projette.
Ainsi dans cette lettre d'amour audio ou dans cette cassette d'une femme à sa mère (écouter aussi Tu es mon autre).
Dans les appels d'un enfant à sa mère absente, on entend ainsi l'intimité résiduelle de la relation mère-fils.
Un avantage certain de la distance inhérente à la projection, c'est qu'elle constitue un dispositif permettant de dire des choses qu’on ne pourrait pas dire à la personne en face (écouter Te mettre à genoux, Dedicated to Molly), voire de prononcer des aveux confinant à la déclaration d'amour.
Dans le cas du fameux discours de transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon: la solennité emphatique d'André Malraux est certes rendue possible par la projection (on n'imagine pas ce genre de discours adressé à quelqu'un de vivant et de présent), mais elle est sans doute amplifiée par la responsabilité du locuteur parlant au nom de la nation et donnant ainsi au discours une emphase remarquable (voir l'entrée Emphases).
Le cinéma et le théâtre nous donnent le paradigme de situations où l'absence d'interlocuteur réel permet au locuteur de jouer un rôle : ainsi la jeune Isabelle Adjani dans son premier casting, Simone Signoret dans La Voix Humaine, voire Redjep Mitrovitsa interprétant un extrait du Journal de Nijinski (écouter aussi You’re talking to me)
Mais on retrouve également ce genre de phénomène dans des situations non-artistiques : la projection est ce qui permet de performer l’identité qui lui convient sans encourir le risque d’être interrompu ou remis à sa place. Que ce soit une bande du Val-de-Marne s'adressant à un rappeur, une employée de banque laissant un message sur le répondeur de son client, une adolescente s'adressant aux lecteurs de son blog vidéo, ou un individu fustigeant "les assassins de Palestiniens", on entend clairement à chaque fois comment le locuteur met librement en scène sa position au sein de la situation d'interlocution.
Phénomène par lequel on parle pour quelqu'un d'autre, à sa place ou en son nom. Manières plus ou moins légitimes de porter la parole d'autrui, de se présenter comme représentant d'un groupe ou d'une catégorie, voire d'usurper la parole de quelqu'un.
Conférence de presse du ministre portugais de l’économie, 2012.
Cécile Duflot et Claude Bartolone, extrait d’une séance de questions au gouvernement, 2014.
Doc Gynéco et Mustapha, extrait de l'émission On est pas couché, France 2, 2007.
Scène d'intronisation, extrait du documentaire Die Grosse Stille de Philip Gröning, 2006.
Gaël Quirante, SUD PTT 92, prise de parole à sa sortie du commissariat du 13ème après une action au Ministère du travail, 2019.
Conversation entre amis, enregistrement personnel de Pierre-Yves Macé, 2011.
Nicolas Sarkozy, extrait du discours de remise des insignes de la Légion d'honneur à Dany Boon, 2009.
Emmanuel Macron, présentation du "Plan Banlieues" à l’Élysée, 2018
Marie-Georges Buffet, extrait d'une soirée électorale, TF1, 2007.
Abdel Eliot, extrait d'un entretien-canular avec un journaliste du Point, 2010.
Discours d’ouverture d’un congrès politique dans le canton de Vaux, 2019.
Nicolas Sarkozy, extrait du discours de remise des insignes de la Légion d'honneur à Dany Boon, 2009.
Ariane Dubillard à propos de son père, France Culture, 2013.
Extrait d'une alerte citoyenne postée sur YouTube, 2011.
Serge Denoncourt, extrait de l'émission Tout le monde en parle, Radio-Canada, 2011.
Interruption du journal de 20h par la Coordination des intermittents et précaires, France 2, 2003.
Céleste Albaret, extrait de l'émission Portrait souvenir, ORTF, 1962.
Eugène Saccomano, extrait du commentaire de la finale de la coupe du monde de football, Europe 1, 1998.
Pastor Steve Foss, extrait de la vidéo 1-55 Revival Explosion of Power, années 2000.
Geoffroy Didier, extrait d'une intervention au meeting LGBT pour l'égalité, 2012.
Fatou Diome, extrait de l'émission Ce soir (ou jamais), France 2, 2015
Emmanuelle Béart, extrait d'un entretien au journal télévisé de France 2, 1996.
Extrait du sermon d'un imam belge, vidéo YouTube, 2012
Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, extrait d'un enregistrement d'une discussion hors antenne, années 2000.
Extrait d'une formation à la prévention de la radicalisation, enregistrement personnel, 2016.
Jacques Martin, extrait de l'émission L'École des fans, France 2, années 90.
Enfant possédé, extrait du disque Okkulte Stimmen, Recordings of unseen intelligences, 1905–2007.
Maitre Joe Brandon, extrait de sa plaidoirie au procès Madden, 2012.
Extrait d'une harangue djihadiste postée sur internet, 2014.
Danez Smith, lecture publique du poème Dear White America, 2014.
Dominique Bagouet, extrait d'un entretien pour la télévision, 1988.
Discours lors d'un pot de départ en retraite, extrait du film Chers camarades de Gérard Vidal, 2004.
Paule Thévenin, extrait du documentaire La Véritable Histoire d'Artaud le Momo de Gérard Mordillat et Jérome Prieur, 1993.
Discours d’un djéliba lors d’un mariage, 2019.
Scène de manifestation à Alger, vidéo YouTube, 2019.
Maître Rose-Marie Capitaine, extrait du documentaire Cours d'assises, crimes et châtiments d'Amal Moghaizel, 2008.
Dialogue entre une neuro-psychologue et sa patiente, extrait du documentaire Voyage au centre du cerveau, France Culture, 2018.
Claude Vega, extrait d'une imitation de Louis de Funès, années 50.
Raimu, extrait du film La Femme du boulanger de Marcel Pagnol, 1938.
Intervention d’une habitante de Calais devant une assemblée, 2015.
Audrey Pulvar, extrait de la chronique A rebrousse poil', France Inter, 2010.
Agnès Aokky, spot publicitaire pour Quick, années 90.
Chris Crocker, extrait de la vidéo Leave Britney alone postée sur YouTube, 2007.
Christophe Alévêque, extrait de l'émission On n'est pas couché, France 2, 2007.
Conversation de palier, enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2010.
Jacques Chirac, extrait du discours de fin de mandat, 15 mai 2007.
Daniel Balavoine, François Mitterrand, extrait du journal télévisé Midi2, Antenne 2, 1980.
Claude Levi-Strauss et Georges Charbonnier, extrait des Grands Entretiens, France Culture, 1959.
Extrait du film documentaire de Fernand Melgar Exit, 2005.
Conversation domestique, enregistrement personnel, 2018.
Arletty, conversation extraite du disque Entretien avec Marc Laudelout, 1982.
Prise de parole d’un résident du foyer ADOMA, vidéo postée sur Facebook, 2015
Malcom X, extrait de l'émission de télévision City Desk, 1963.
Extrait de Clémence reprend la ferme, Les Pieds sur Terre, France Culture, 2021.
Aimé Césaire, extrait d'un discours au premier Congrès des écrivains et artistes noirs, La Sorbonne, 1956.
Conversation dans un taxi, enregistrement personnel, 2019.
Eva Joly, extrait d'un discours au Cirque d'Hiver à Paris, 2012.
Encouragements d’un entraîneur de rugby avant match, 2008.
Jean-Paul Sartre, extrait d'une lecture de l'article La République du silence, 1944.
Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, déclaration à la Radio Télévision Guinéenne, 2021.
Enfant jouant, enregistrement de Camille Gaudou, 2016.
Arlette Laguiller, message télévisé pour la campagne présidentielle, 1974.
Extrait d’un post sur la chaîne YouTube de Francis CG, 2016
Doc Gynéco et Laurent Ruquier, extrait de l'émission On est pas couché, France 2, 2007.
Roland Barthes, extrait de Comment vivre ensemble, cours au Collège de France, 1976-1977.
Jeb Bush, Donald Trump, extrait d’un débat aux primaires du parti républicain, 2015.
Afida Turner, extrait de l'émission Carré VIIIP, TF1, 2011.
Récitation, vidéo postée sur Youtube, 2019.
Angelo Badalamenti, extrait du documentaire Another Place: Creating Twin Peaks de Charles de Lauzirika, 2007.
Séance d'exorcisme postée sur YouTube, 2012.
Témoignage recueilli par le photographe Antoine Bruy, 2016.
Jacques Lacan, extrait du film Télévision de Benoît Jacquot, 1973.
Nicolas Sarkozy, extrait du discours de remise des insignes de la Légion d'honneur à Dany Boon, 2009.
Sara Forestier, Sabrina Ouazani, Nanou Benhamou, Aurélie Ganito, extrait du film L'Esquive d'Abdellatif Kechiche, 2004.
Ouattara Akué, extrait d'une émission sur Radio Cocody, 2012.
Barnaby Raine, extrait d'une intervention à la conférence Coalition resistance, 2010.
Barack Obama, extrait d'un discours au New Hampshire, 2008.
Reine Elizabeth II, allocution du 5 avril 2020.
George W. Bush, allocution à la nation, 2003.
Bill Clinton, extrait d'un discours en hommage à Martin Luther King, 1993.
Extrait du message d'un habitant de Homs à Bachar Al-Assad, YouTube, 2012.
Michel Drucker, Whitney Houston et Serge Gainsbourg, extrait de l'émission Champs Elysées, Antenne 2, 1986.
Severn Suzuki, extrait d'un discours à l'ONU, 1992.
Extrait d'un disque pour endormir les enfants, source inconnue.
Responsabilité | Phénomène par lequel on parle pour quelqu'un d'autre, à sa place ou en son nom. Manières plus ou moins légitimes de porter la parole d'autrui, de se présenter comme représentant d'un groupe ou d'une catégorie, voire d'usurper la parole de quelqu'un.
Qui exactement parle quand on parle ? Qui fait-on parler ? Dans le discours de fin de mandat de Jacques Chirac en 2007 on peut entendre ainsi une étonnante variété de positions d'énonciation : le Président, le citoyen, le gouvernement, l'homme Chirac, ou encore le Peuple. La collection responsabilités essaie de faire entendre la manière dont différentes instances (individuelles, collectives, symboliques) peuvent être contenues, impliquées, suggérées dans une parole donnée.
Nous avons identifié trois grands types de relations qu’entretient le locuteur avec ces instances ou ces étiquettes : parler au nom de quelqu'un (représentation), en tant que quelque chose (appartenance), ou à la place de (substitution).
Il peut s’agir d’une représentation, c’est-à-dire d’une responsabilité de type "au nom de X". Une parole énonce une instance au nom de laquelle l’animateur de la parole s’exprime, en vertu d’une relation explicite : je représente la parole d'autrui avec une certification reconnue comme légitime. Se pose dans ce cas la question des modalités de légitimation de cette relation (le mandat, la loi, le vote, l'expérience), c'est-à-dire des conditions devant être réunies pour que cette responsabilité soit intelligible, juste, incontestable, etc.
La fonction de président de la République confère à celui qui s'exprime la faculté de parler au nom du peuple. Ainsi, lorsque Nicolas Sarkozy remet la légion d'honneur à Dany Boon : "C'est aujourd'hui la France toute entière, Dany, qui vous remercie..." ; derrière cette instance présidentielle se trouve impliqué l'ensemble des Français : en tant que président, je peux parler au peuple au nom du peuple (écouter aussi We are now the generation of the heart of the fight back).
À l'inverse, dans ce discours en 1956 au premier Congrès des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne, Aimé Césaire délimite clairement la responsabilité du "nous" qui est le sujet et l'adresse de son discours (les intellectuels noirs) : il se garde bien d'élargir cette responsabilité à celle de représentant ou de porte-parole du peuple tout entier (écouter aussi Répressif, Je vis moi aussi, I want to report a fight, Au nom de Dieu, Chokolomo chokolomo). C'est pourtant en briguant la représentation d'un peuple tout entier qu'Eva Joly en campagne pour les présidentielles de 2012 affirme son appartenance à une composante spécifique de ce peuple.
Il peut s’agir d’une relation d’appartenance, c’est-à-dire d'une responsabilité de type "en tant que X". Je parle en tant que (je fais partie de la classe) femme, ouvrier, poète, résistant, Noir, Américain démocrate, etc.. Cette stratégie permet d'orienter la réception d'un discours, d'en préciser les implications dans un contexte donné, mais ne constitue pas a priori une responsabilité : je ne parle pas forcément au nom de la catégorie à laquelle j'appartiens. Il est néanmoins aisé de glisser de cette présentation (de soi) vers une représentation (de la classe dont je suis un membre) : c'est ce qu'on entend dans cette intervention de Daniel Balavoine face à François Mitterand. On entend le même type de glissement dans ce message électoral d'Arlette Laguiller ou encore, de manière peut-être plus spectaculaire ("nous sommes" = "ils sont" = "la France entière") dans ce commentaire de la victoire de la France à la Coupe du Monde 1998 (écouter aussi Ça fait dix ans qu'il nous fait la leçon, Ce que nous défendons, You must change your ways).
Le fait de parler en tant que X entretient une relation possiblement polémique avec le fait de parler au nom de ce X. La question de la légitimité de cette responsabilité peut constituer un objet de controverse, comme dans cet extrait de talk-show, ou bien un objet à manier avec précaution, comme le fait Emmanuelle Béart, qui, invitée sur un plateau télévisé pour témoigner de l'expulsion des sans-papiers de l'église Saint-Bernard en 1996, préface son intervention d'un "Je suis ici en tant que femme" destiné à faire apparaître une catégorie inattendue, compte-tenu de ce qu'elle représente ordinairement sur un plateau télévisé, à savoir une actrice (écouter aussi J'ai des positions politiques, Il n'y a que des faux témoins).
Une autre relation possible est la relation de substitution, c’est-à-dire celle d'une usurpation plus ou moins consentie. Un individu ne parle pas seulement en tant que ou au nom de, mais vraiment à la place de. Mon discours tient lieu du discours d'autrui, je suis lieu-tenant, je parle à la place des gens. C'est ce qu'on entend chez les filles du film L'Esquive, ou ici avec Claude Levi-Strauss qui parle des états d'âmes d'un collègue, ou encore quand Angelo Badalamenti raconte la genèse de la B.O. de Twin Peaks (écouter aussi Il est tombé assez amoureux, En plus i s'fout d'ma gueule, La Pomponnette, Baguette de merde).
Dans cet entretien, Malcolm X va parler non seulement au nom des Noirs ou en tant que Noir mais, plus curieusement, au nom de la classe des esclaves à laquelle il exhibe son appartenance : "The same slavemaster who owned us put his last name on us to denote his property". Il incorpore ainsi l'héritage de l'esclavage et la responsabilité de cet héritage jusqu'à une forme d'identification : il s'agit ici littéralement de parler pour les esclaves, c'est-à-dire à leur place, dans la mesure où ils n'ont pas (n'ont jamais eu) la parole.
C'est bien pour exemplifier ces conseils que cette coach médiatique prête ses phrases à sa commensale. Parler à la place des autres est monnaie courante chez les politiciens, notamment au cours des soirées électorales quand, à partir de simples chiffres, ils induisent toutes sortes de messages délivrés par les électeurs. Le comique Christophe Alévêque joue précisément de cette imposture qui prétend dégager une seule voix d'une multiplicité d'opinions très diverses.
Cette forme de substitution est également à l'œuvre dans l'imitation (écouter La pomme-frite classique, C’est gentil d’accepter de me parler). Mais le procédé de la citation peut également relever de cette catégorie : c’est le cas de cet entretien avec Jacques Lacan, lequel est justement sommé par son interlocuteur de préciser la relation de responsabilité qu’il entretient avec ce qu’il vient de dire à la place de Freud.
Quand la personne dont on usurpe la voix est présente, la relation de substitution peut apparaître comme violente : ainsi Arletty s’adressant à son employée Marthe tout en parlant à sa place, ou Michel Drucker retraduisant de l'anglais à l'anglais la parole de Serge Gainsbourg à Whitney Houston. De manière plus perverse encore, on peut entendre Jacques Martin engager l'action d'un enfant en faisant mine de s'adresser au public, "Ce jeune homme qui va gagner la scène, sans que je lui dise, c'est Jean-Sébastien", et s'exposant à la réfutation butée de celui dont il prétend prédire les actions.
Dans certains cas, la limite entre les deux sujets, celui qui parle et celui à la place duquel on parle, devient floue. La substitution tend à l'identification. C'est le cas dans ce disque de relaxation destiné à être joué aux enfants sur le point de s'endormir. C'est assurément le cas des personnes possédées par le démon, tels que certains enregistrements certifiés authentiques nous les font entendre. C'est peut-être aussi le cas de ce fan de la chanteuse Britney Spears qui sur YouTube prend la parole non pas au nom de la chanteuse (comme le ferait son agent, un ami ou un avocat) mais littéralement à sa place, engagé dans un processus d'empathie et d'identification intense qui flirte (vrai ou faux) avec la schizophrénie. Mais qui parle pour et de qui quand ce marabout fait sa réclame à la troisième personne ?
Réitération appuyée d'une locution, d'un mot, voire d'une syllabe. La répétition marque un ralentissement, un arrêt ou un sur-place de la parole, mais elle suscite aussi une attention accrue de l'auditeur et génère de nombreux effets rhétoriques et poétiques.
Soliloque dans un bus, 2017.
Scène de la Foire du Trône, enregistrement de Daniel Deshays, date inconnue.
Conversation téléphonique entre un manager LIDL et un employé, extrait de l'émission Cash Investigation, France Télévisions, 2017.
Pasteur prêchant dans la rue, São Paulo, 2012.
Victoria Azarenka et Caroline Wozniacki, extrait d'une semi-finale de tennis, 2010.
Scène d’enregistrement d’une publicité radio en studio, 2018
Extrait du dernier discours de Nicolaz Ceauşescu, Televiziunea Românã, 1989.
Lynn Margulis, extrait d’un entretien, NHK-TV, années 80.
Michelle Bachmann, extrait d’un débat télévisé animé par Anderson Cooper pour les primaires républicaines, 2011.
Marie-Thérèse Allier, Sabine Macher, enregistrement de Sabine Macher, 2012.
Scène familiale, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Arrivée d’une course de roller aux Courses de Strasbourg Europe, vidéo YouTube, 2008.
Brice Robin, extrait d'une conférence de presse diffusée par I-Télé, 2015.
Hervé Listeur, extrait d'un spectacle de magie, 2011.
Instructions d’un réalisateur lors du tournage d’un film pornographique, années 2000.
Senator Robert Byrd, extrait d'une intervention au Sénat des États-Unis, 2007.
Test radio, extrait d'un enregistrement pour le film Tongue Twisters d'Érik Bullot, 2007.
Scène de randonnée, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2015.
Extrait d'un entretien avec une apprentie en haute horlogerie, 2019.
Scène de dressage de perroquet, vidéo postée sur YouTube, 2007.
Joan Porras, message de soutien à des prisonniers politiques, 2018.
Geoffrey Carey, Frédéric Danos, extrait d'un enregistrement de prédictions, 2019.
Conversation entre une femme et son chien, enregistrement personnel, 2017.
Vendeur de sandwich de poisson frais à Istanbul, enregistrement de Claude Vittiglio, 2003.
Extrait d'un reportage de Vincent Lapierre, Le média pour tous, 2019.
Marc-Olivier Fogiel, Hamé, Ekoué, Danièle Evenou, extrait de l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde, France 3, 2005.
Des salariés et Bruno Le Maire, ministre du Travail, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2019.
Extrait d'une partie de Counter strike global offensive, jeu vidéo en ligne, enregistrement personnel, 2018.
Pacific sound 3003, vidéo postée sur YouTube, 2014.
Criée sur un marché, 2019.
Noëlle Obscarskas, vidéo postée sur YouTube en 2012.
Homme lisant une rubrique nécrologique, enregistrement de Gauthier Tassart, 2007.
Extrait du jeu télévisé Des chiffres et des lettres, Antenne 2, 1972.
Pierre Velay, extrait du disque Accouchement sans douleur, années 60.
Scène chez le dentiste, extrait d’une vidéo YouTube, années 2010.
Jacqueline, Six fois deux / Sur et sous la communication (épisode 6b) de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville, 1976.
Message d’attente du centre des impôts, 2019
Constat d’huissier, extrait de l'émission Les pieds sur terre, France Culture, 2015.
Monsieur Fraize, extrait du sketch Coiffeur de stars à Cannes, On n'demande qu'à en rire, France 2, 2011.
Extrait d'un disque d'hypnose, année inconnue.
Ouvreur de l’Opéra Bastille, enregistrement d’Olivier Normand, 2013
Jaap Blonk, extrait du disque Flux de Bouche, 1993.
Femme à sa fenêtre, vidéo postée sur Youtube, 2013.
Animateur lors d'une course camargaise, enregistrement personnel, 2019.
Extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2013.
Extrait d'une visioconférence, 2020.
Père Boulad, extrait d'un sermon, 2014.
Zoé Konstantopoulou et Stelios Virvidakis, session de vote au parlement grec, 2013.
Elissa Knight, Ben Burtt, extrait du film d’Andrew Stanton WALL-E, 2008.
Georges Bégué, extrait de l'émission Les Français parlent aux Français, Radio Londres, 1940-1944.
Jean-Pierre Léaud, extrait du film Baisers volés de François Truffaut, 1968.
Extrait d’un entraînement de boxe pour enfants, YouTube, 2013.
Message laissé sur un répondeur, 2019
Répétition de majorettes, source inconnue, années 2000.
Igor Stravinsky, extrait d'une répétition de Vorona.
Vente aux enchères chez Christie's, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Extrait de la vidéo Young Girls Share Cock postée sur YouPorn, 2010.
Dominic West et Wendell Pierce, extrait de la série The Wire de David Simon et Ed Burns, 2002.
Annonce dans le métro parisien, ligne 14, 2010.
Conversation avec un cochonnet, vidéo postée sur YouTube, 2009.
André Tubeuf, extrait de l’émission André Tubeuf Mémoire, France Musique, 2021.
Kenneth E. Hagin, extrait d’un prêche, 2003
Charles Bukowski, extrait d'un entretien, année inconnue.
Scène de panique dans l'avion, vidéo postée sur YouTube, 2009.
Extrait du disque Le Multi-exerciseur K-tel, 1970.
Paula White, extrait d’un prêche en soutien au dépouillement lors de l’élection présidentielle étasunienne, 2020.
Kristina Rose et Manuel Ferrara, extrait du film Kristina Rose Is Slutwoman, 2011.
Eve Ensler, extrait de la Ted Conference Embrace Your Inner Girl, 2009.
Roberto Benigni, Tom Waits, John Lurie, extrait du film Down by Law de Jim Jarmusch, 1986.
Steve Martin et Charlotte Maier, extrait du film The Pink Panther de Shawn Levy, 2006.
Protestation d'un homme menacé par la police, YouTube, 2014.
Lawrence Wiener, extrait de la pièce sonore Having rolled before Incarceration..., 1973.
Jérôme, extrait de l'émission Radio Tisto, l’émission des jeunes de l’hôpital de jour d’Antony, Radio Libertaire, 2020.
Conversation de fête, enregistrement d'Olivier Nourisson, années 2000.
Joseph Beuys, extrait de la performance Ja Ja Ja Ja Ja Nee Nee Nee Nee Nee, Staatliche Kunstakademie Düsseldorf, 1968.
Séance vidéo d'Emotional Freedom Technique, YouTube, 2013
Patrice Chéreau, extrait d'une interview au journal télévisé, Antenne 2, 1983.
Scène de manifestation à Alger, vidéo YouTube, 2019.
Extrait de l'émission Questions pour un champion, année inconnue.
Gaël Morel, extrait du film Les Roseaux sauvages d'André Téchiné, 1994.
Disque Calibre Auto Recording, années 1960.
Scène de dîner, enregistrement personnel de Valérie Louys, 2013.
Jean-Claude Bajeux, discours aux funérailles de Me Yves Volel, 1987.
Bernard Pivot, extrait de La Dictée d'Amiens, 2005.
Stéphane Bern, Alexis Grüss, une militante, extrait de l'émission Le Fou du roi, France Inter, 2008.
Prière au Kenya, extrait du disque Les Voix du monde : une anthologie des expressions vocales, année d'enregistrement inconnue.
Mister mv lors du Z event 2021, Twitch TV, 2021.
Josep Maria Puyal, extrait du commentaire d'un match, Catalunya Ràdio, 2007.
Tirage du Sorteo de Navidad, loterie de Noël, 2014.
Extrait d'une méthode Assimil de russe, année inconnue.
Moi Renee, extrait de la performance Miss Honey, 1992.
François Hollande, extrait du débat présidentiel de l'entre-deux tours, France 2, 2012.
Dominique de Villepin, extrait d'un discours à l'Assemblée, 2006.
Extrait d'une vente aux enchères de taureaux, 2011.
The Monty Python, extrait de l'émission The Monty Python's flying Circus, 1972.
Slogans lors d’une manifestation, 2018.
Extrait de stream d’une run de Dead Cells par At0miumVOD, vidéo Youtube, 2018.
Exercice de respiration dans un cours de chant, enregistrement personnel, 2012.
Extrait d'une émission sportive de France Bleu La Rochelle, 2013.
Appels d'un chiffonnier, Serbie, 2007.
Jean-Marie Straub, extrait d'un débat dans un cinéma, années 2000.
Extrait d'une conférence de développement personnel, Allemagne, 2014.
Extrait de l'enregistrement Les Techniques de sommeil, date inconnue.
Edwy Plenel, Robert Ménard, extrait de l'émission Mots croisés, France 2, 2011.
Réprimandes, vidéo postée sur YouTube, 2016
Extrait d’une vidéo ASMR, YouTube, 2019.
Extrait de La Belle Istanbul de Jeanne Robet, Arte Radio, 2006.
Martine Viard, Récitation 10 (partie gauche : 1ère version) de Georges Aperghis, 1978.
Extrait du film Avec le Sang des autres de Bruno Muel (Groupe Medvedkine), 1974.
Message posté sur YouTube, 2019.
Scène de rue, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Soliloque sur un quai métro, enregistrement personnel, 2016.
Steffen Königer, discours au parlement allemand, 2016.
Litanie d'un mendiant, enregistrement personnel, 2019.
Christophe Fiat, extrait d'une lecture de Une Aventure de Catwoman, 2001.
Femme parlant à un âne, enregistrement de Tiago Pereira, Portugal, années 2000.
Scène de classe en Bulgarie, 2013.
Bruno Karsenti, extrait de l'émission La Suite dans les idées, France Culture, 2006.
Scène de rue, enregistrement personnel, 2021.
Andreï Lado, extrait d'un cours de gymnastique articulatoire, YouTube, 2012.
Barack Obama, début de son discours d’acceptation de l’investiture démocrate, 2008.
Extrait d'une démonstration de la méthode "Tadoma speechreading" pour déficients visuels et auditifs, Sensory Communication Group at the MIT, 2011.
Daniel Linehan, extrait de la performance Not about Everything, 2007.
Slogan dans une manifestation à Athènes, enregistrement personnel, 2012.
Gouy Gui, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Témoignage recueilli par le photographe Antoine Bruy, 2016.
Scène de métro, enregistrement personnel, 2016.
Pierre Velay, extrait du disque Accouchement sans douleur, années 60.
Manifestation, extrait du site Révoltes FM de Bruno Guiganti.
Apprentissage de la lecture, enregistrement personnel, Suède, 2017.
Extrait de l'émission Choses vues, ORTF, 1969.
Cláudia Dias, extrait de la performance Composition en temps réel de Joāo Fiadeiro, Centre national de la Danse, 2004.
Michel Thomas, extrait d’une méthode d’apprentissage du français, date inconnue.
Scène de panique à Shanghai, 2015.
Slogan féministe, années 70.
Intervention lors d'un rassemblement contre la politique du logement de Jean-Claude Gaudin à Marseille, vidéo postée sur Facebook, 2019.
Extrait d'un entretien de Belinda Annaloro avec des enfants, 2014.
Publicité pour un séminaire de développement personnel en Slovénie, vidéo YouTube, 2016
Conversation téléphonique, enregistrement personnel, 2018
Répétition | Réitération appuyée d'une locution, d'un mot, voire d'une syllabe. La répétition marque un ralentissement, un arrêt ou un sur-place de la parole, mais elle suscite aussi une attention accrue de l'auditeur et génère de nombreux effets rhétoriques et poétiques.
La collection aborde différentes manières de faire de la répétition un outil de parole, selon le stock d'énoncés dont le locuteur dispose dans une situation et les variations qu'il peut y associer. Elle va se déployer entre deux pôles : la suspension, lorsqu'un élément se boucle temporairement dans un énoncé plus large, et la ritournelle, pour laquelle la structure entière de l'énoncé est une boucle.
Commençons avec une annonce faite sur Radio Londres pendant la Seconde Guerre mondiale. Le message est ici réduit à une phrase répétée à l'identique : c'est précisément la répétition de l'énoncé (appuyée d'un "nous disons deux fois") qui le signale en tant que message codé.
Dans une émission de radio, la diction du chercheur Bruno Karsenti bute parfois sur certains énoncés, produisant la répétition bégayante d'un "euh" résiduel. Ce cahotement introduit de légers arrêts dans le flux de la parole. Une autre temporalité émerge, qui entraîne un changement d'attention chez l'auditeur.
La répétition d'une syllabe, d'un mot ou d'une phrase induit en effet une compréhension différente, qui peut se complexifier au fur et à mesure des répétitions : ainsi l'énoncé "green trees", au fur et à mesure qu'il est répété par Charles Bukowski, se vide progressivement de sa couleur : "OK, what you gonna do with it ?"
Expédient poétique ou exemple insistant, la répétition d'un énoncé fonctionne également comme un argument qui permet à un locuteur de garder l'autorité dans une situation : c'est ce qu'on peut entendre dans cette répétition d'Igor Stravinsky, ou dans cette interview aux allures d'interrogatoire.
Contrairement au cas particulier de l'annonce de radio Londres déjà cité, la possibilité d'existence d'une répétition tient souvent aux variations qui vont lui être imprimées par le locuteur. Que ce soit chez le sénateur Robert Bird lorsqu'il dénonce des combats de chiens ou chez le cinéaste Jean-Marie Straub lors d'une discussion d'après projection, l'émotion, qu'elle soit feinte ou réelle, se concentre dans un ensemble limité de mots que les locuteurs font résonner en variant leur adresse, leur intensité, leur intonation. L'emphase se mêle d'espacement chez Nicolaz Ceauşescu lorsque son discours, interrompu par l'irruption de la foule, se réduit à un "Alo !" ("du calme !"), répété d'abord comme un ordre puis comme une supplique à son peuple en colère. Également reconnaissable dans ce disque d'hypnose pour insomniaques, la répétition de l'énoncé est aussi la répétition d'un silence dont on entend diverses qualités.
La suspension d'une parole est souvent le fait d'une indexation à une activité extérieure. Mais alors que dans cette vente aux enchères la répétition encourage la reprise d'un mouvement, lors de cet accouchement ou de cet entraînement de majorettes, c'est plutôt une manière de poursuivre ou d'accentuer le cours de l'action, comme le fait entendre cette actrice pornographique. La répétition varie en sympathie avec le travail que demande l'activité à laquelle elle est indexée.
Cette partie de la collection présente des cas situés entre la suspension et la ritournelle : à force d'épuisement lexical, la répétition ne fonctionne plus comme un arrêt temporaire dans le flux de la parole, elle constitue la structure même du discours. Elle n'est plus un écart dans la routine d'un discours, elle construit des situations.
Les situations d'apprentissage fonctionnent ainsi par la répétition d'éléments successifs d'un énoncé, que ce soit par le maître lui-même comme dans cette dictée ou par le maître et l'élève dans cette méthode d'apprentissage du russe. Ce peut être une information en direction d’usagers, mais également le prénom des protagonistes d'une intrigue amoureuse ou des instructions données lors d'un cours de gym dont les énoncés se combinent aléatoirement, tout comme les appels de ce rémouleur turc.
Ici nous écouterons la répétition d'énoncés uniques auxquels viennent s'agréger de nombreuses variations et modifications comme dans cet extrait du film La Panthère Rose.
Que ce soit dans cet enregistrement de tongue twisters, ou dans cette partition de Georges Aperghis, le motif qui se dégage de la répétition met au premier plan la forme de la parole. C'est une opération poétique ordinaire qui peut avoir pour effet d'épuiser une locution et son sens comme dans cette performance de Joseph Beuys, d'accepter son orientation sexuelle, comme dans cette scène du film Les Roseaux Sauvages d'André Téchiné, d'accompagner le travail d'une parturiente, ou encore d'asséner un message politique, comme dans l'intervention d'une militante lors d'une émission sur le cirque Gruss.
La répétition est également un outil particulièrement efficace pour construire un groupe : c'est par la répétition d'un slogan que se constitue un chœur de prisonniers dans cette scène du film Dawn by Law de Jim Jarmusch. On peut entendre d'autres formes de choralité par répétition dans ces louanges à Allah ou dans cette intervention artistique aux allures de manifestation.
Comme nous avons pu également l'entendre dans l'allocution de Nicolaz Ceauşescu et dans l'extrait de La Panthère Rose, la répétition d'un même énoncé a aussi pour fonction de préciser, voire de modifier le sens de cet énoncé au fur et à mesure qu'il est répété. Ainsi, dans cette séquence tirée de la série The Wire et cet enregistrement d'une femme parlant à un âne, les seuls mots "fuck" et "sta" tiennent lieu, respectivement, de description de la scène d'un meurtre et de conduite d'un animal.
La collection se ferme sur plusieurs extraits qui, structurés par la répétition d'un énoncé, vont le modifier. Dans cet extrait d'une performance improvisée de Joaõ Fiadeiro, l'énoncé initial va s'augmenter d'ajouts temporaires, mais cette augmentation peut aussi se réaliser par accumulation comme dans cette lecture de Christophe Fiat, ou se combiner à une série comme chez cet homme lisant la rubrique Nécrologie d'un quotidien.
De son côté, le poète Jaap Blonk répète un même énoncé ("Der Minister bedauert derartige Aüsserungen"), le compressant de plus en plus, jusqu'à le concasser en une suite de contoïdes purement percussifs.
Élément de la parole considéré comme superflu ou secondaire : hésitations, balbutiements, râles, bruits de bouche, claquements de langue, respirations... Mais on peut aussi voir dans le résidu un élément qui résiste et marque la singularité d'une parole.
Luisa Castellani, extrait de Sequenza III de Luciano Berio, 1998.
Scène de rééducation, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2008.
Coralie Innelé, extrait de l'émission La Fabrique de l'Histoire, France Culture, 2009.
Annonce du décès du chanteur Carlos, France Bleu, 2008.
Pacific sound 3003, vidéo postée sur YouTube, 2014.
Catherine Chalier, extrait de l'émission Les Nouveaux chemins de la connaissance, France Culture, 2010.
Extrait d'une vidéo postée sur youtube, 2012.
Barbara Matijević, extrait de Purgatoire de Joris Lacoste, Théâtre national de la Colline, 2007.
Charles Manson, extrait d'un entretien avec Heidi Shulman, Today Show, 1987.
Présentation d'un conférencier, source inconnue,1999.
Frank Stella, extrait du film Painters Painting d'Emile de Antonio, 1972
Enfant posant une question, source et année inconnue.
Mike Tyson, extrait du film Tyson de James Toback, 2008.
Reaction video postée sur YouTube, 2008.
Dan Graham, extrait du film Dan Graham : Beyond d'Anat Ebgi and Aaron Brewer, 2009.
Michael Pitt, extrait du film Last Days de Gus Van Sant, 2005.
Serge Gainsbourg, extrait d’une interview, France Culture, 1982
Louis-Ferdinand Céline, extrait de l'émission Lectures pour tous, ORTF, 1957.
Malédiction d'une chamane Itako, enregistré au Grand Festival d'Osorezam, Japon, 1973.
Erwan, extrait de l'émission Secret Story, TF1, 2007.
Nicolas Couturier, extrait d'un récit d'hypnose, enregistrement de Joris Lacoste, 2005.
Récit de rêve, 2017
Helena Janeczek, extrait de l'émission La Grande table, France Culture, 2019.
Philippe Busquin, extrait de l'émission À Bout portant, RTBF, 1998.
Patrick Modiano, extrait de l'émission Un Siècle d’écrivain, France 3, 1996.
Extrait du journal de France Inter, 2008.
Gérard Lanvin, Benoît Poelvoorde, extrait de l'émission Le 23-15, France 2, 2002.
Michael Jackson, extrait du concert MJ & Friends à Munich, 1999.
Fernand Raynaud, extrait du sketch Ça eut payé (le paysan), années 60.
Lecture de Céline par un russe non francophone, extrait d'un enregistrement personnel de Cédric Anglaret, années 2000.
Joacine Katar Moreira, discours au Parlement portugais, 2019.
Message WhatsApp, 2020.
Clément Rosset, extrait de l’émission Hors Champs, France Culture, 2013.
Marc Kravetz, extrait de l'émission Les Matins, France Culture, 2007.
Philippe Bourgois, extrait d'une conférence à l'EHESS, extrait enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2007.
Bruno Karsenti, extrait de l'émission La Suite dans les idées, France Culture, 2006.
Michael Jackson, extrait d'un message laissé sur un répondeur téléphonique, 2009.
Michel Prades, extrait de la pièce sonore Mmmmmmmm de Boris Achour, 2000.
Catherine Lemorton lors du débat parlementaire sur la loi Hadopi 2, 2009.
Extrait d'un documentaire, Radio nationale croate, date inconnue.
Récit de rêve, 2020.
Gwenaël Morin, extrait d’un entretien pour Radio Amandiers, 2021.
Paul Dutton, extrait de l'album Mouth Pieces : Solo Soundsinging, 2000.
Constance Legris, député européenne Les républicains, Journal de France Culture, 2016.
Claudette, extrait du film Sans Adieu de Christophe Agou, 2017.
Françoise Sagan, extrait de l'émission Ramdam, FR3, 1993.
Brigitte Fontaine, extrait du journal télévisé 19/20, France 3, 2009.
Extrait d'un enregistrement personnel de Gauthier Tassart, 2007.
David Hasselhoff et Taylor-Ann Hasselhoff, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, années 2000.
Coluche, extrait du sketch C'est l'histoire d'un mec, 1974.
Extrait d'un entretien de Belinda Annaloro avec des enfants, 2014.
Résidu | Élément de la parole considéré comme superflu ou secondaire : hésitations, balbutiements, râles, bruits de bouche, claquements de langue, respirations... Mais on peut aussi voir dans le résidu un élément qui résiste et marque la singularité d'une parole.
Quels éléments pourrait-on distinguer et qualifier de résiduels dans la parole ? Marques d’hésitations, bafouillages et bégaiements, respirations, tics de langage n’ayant aucune valeur sémantique, cheveux sur la langue, espacements excessifs, vitesses d’élocution non prévisibles, etc. Parfois relevant de la manifestation pathologique, ces éléments se posent comme parasites par rapport à un standard de communication que nous ne pouvons qu'imaginer. Une parole sans résidu serait une parole "transparente" et sans aspérités gênantes, dont la fonction (transmettre des informations) contraindrait la forme.
Trois thèmes structurent la collection : le parasite, l’accident et la ponctuation. La notion de résidu se situe dans un lieu paradoxal, entre l’intentionnel, l’accidentel, le jugement de valeur, ce qui paraît superflu et ce qui ne l’est pourtant pas.
Si je présente un tiers devant une assemblée, je dois être le plus précis possible. Dans cet extrait où une femme a pour tâche de présenter un chercheur , pour une raison difficile à cerner, on entend qu'elle est incapable de constituer un discours clair, lequel est parasité d’hésitations et de proliférations de "donc"; entre les tics de langage et le sauvetage phatique (écouter aussi Alors d’abord sur en fait, Suivre le mouvement des associations, Ces pulsions de haine affreuse).
Il peut aussi s’agir d’un défaut articulatoire, qu'il soit provoqué par l'ingestion de substances, comme l'acteur David Hasselhoff en conversation avec sa fille (écouter aussi If you actually go there, The biggest in the world), ou par une pathologie plus ou moins handicapante (écouter Ai-le-ron, Le côté, l’enfance, Tous les matins, Une chose enfantine, La pensée libérale pure et simple).
Mais ce résidu-parasite peut paradoxalement contribuer à dramatiser certaines interventions. C’est le cas d'Erwan, un participant à l’émission de télé-réalité Secret Story. Il peut permettre de faire patienter son interlocuteur quand on cherche ses idées, comme lors de cette expérience d’hypnose que le locuteur essaie de reconstruire en passant par de longs espacements, des claquements de langue et des onomatopées. Dans un entretien pour l'ORTF, Louis-Ferdinand Céline produit une continuité de parole en tapissant son propos de souffles et de murmures comme Brigitte Fontaine qui joue des mélodies et des timbres. La dimension de parasitage peut aussi être utilisée à dessein, c’est le cas de cet extrait dans lequel Charles Manson, lors d’un entretien, utilise la force de brouillage du résidu pour produire un discours volontairement incompréhensible.
Si je délivre un enseignement, il faut que je sois compris par le public auquel je m’adresse. Un intervenant enregistré à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales bafouille quelques dizaines de secondes, hésite, essaie de se reprendre en vain, et finit par craindre que son auditoire ne le prenne pour un "fou bizarre". L'effet comique de l'accident est le même si quelqu'un fait, publiquement, l’annonce d’un décès.
Le résidu peut également être provoqué par une certaine incompétence linguistique : le plasticien Cédric Anglaret a demandé à un locuteur russophone de lire à voix haute Mort à Crédit, le roman de Louis-Ferdinand Céline. Ce locuteur ne comprend pas ce qu'il est en train de lire, il essaie de réaliser une lecture du texte en ne conservant que les valeurs phoniques des termes, valeurs dont il ne peut fournir que des approximations. Articuler certains sons lui cause des difficultés car il ne peut, comme le ferait un locuteur francophone, anticiper la réalisation sonore de ce qu'il lit. Les critères de prononciation qu’il possède lui sont donnés principalement par la connaissance de sa propre langue, le russe (écouter aussi Veu wreu rah n'importe quoi).
Certains extraits nous ont amenés à poser la question du résidu comme ressource (voir aussi l'entrée Ponctuations). Le fait qu’un mot ou un son soit répété et traité de prime abord comme parasite (par rapport à un idéal syntaxique ou sémantique) n'empêche pas qu'il puisse aussi avoir une fonction d'appui ou de béquille dans le flux du parler. C'est le cas de l'artiste américain Dan Graham et sa parole fortement cadencée par la récurrence de la marque d'hésitation "ahm". Cette marque est toujours la même : elle est émise à la même intonation, et parfois sa répétition produit un effet rythmique : ce "ahm" obstiné apparaît — pour prendre une métaphore musicale — comme une basse continue, un bourdon d'où émerge la parole intelligible. Le résidu se fait ici substrat nécessaire de la parole, d’un point de vue pragmatique : de lui dépend la possibilité de parler. En effet, Dan Graham est un locuteur bègue. Il doit poser ce résidu pour que sa parole puisse se faire jour. C'est ce même "ahm" qu'utilise l'acteur Michael Richards pour trouver le ton et les mots exacts pour des excuses après un dérapage sur scène (réécouter Ces pulsions de haine affreuse).
Enfin, le résidu peut également constituer un matériau à divertissement (écouter aussi Y’a deux genres de mec, Moi, qu’est ce que j’ai comme blé ?). Il peut enfin être reconfiguré dans le camp des objets esthétiques, comme dans ce spectacle, dans cette pièce sonore, ou dans la Sequenza III pour voix de femme de Berio.
Phénomène qui pousse la parole à une certaine limite. Propriété d'une parole saturée de cris, d'émotions, d'informations, voire de silences. Manière de déborder le cadre de la parole, de perturber ou de revigorer le flux du discours.
Anne-James Chaton, extrait de la performance Le Plasticien, 2008.
Conversation téléphonique entre un manager LIDL et un employé, extrait de l'émission Cash Investigation, France Télévisions, 2017.
Stefano Siviero, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Pasteur prêchant dans la rue, São Paulo, 2012.
Laurie Cholewa, extrait de l'émission TNT Show, Direct 8, 2008.
Témoignage, extrait du film Grizzly Man de Werner Herzog, 2005.
Amber, extrait de l'émission Big Brother 8, CBS, 2007.
Nicole Kidman, extrait du discours de remerciement pour l'oscar de la meilleure actrice, 2003.
Jocelyn Regina, extrait d’un spectacle, années 2000.
Jaap Blonk, extrait du disque Flux de bouche, 1993.
Scène de randonnée, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2015.
Cérémonie de l'église Church Universal and Triumphant, extrait de la compilation The Sounds of American Doomsday Cults, 1984.
Marc-Olivier Fogiel, Hamé, Ekoué, Danièle Evenou, extrait de l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde, France 3, 2005.
Liane Foly, appel téléphonique lors d'une émission télévisée, 2018.
Des salariés et Bruno Le Maire, ministre du Travail, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2019.
Extrait d'une alerte citoyenne postée sur YouTube, 2011.
Interruption du journal de 20h par la Coordination des intermittents et précaires, France 2, 2003.
Pastor Steve Foss, extrait de la vidéo 1-55 Revival Explosion of Power, années 2000.
Geoffroy Didier, extrait d'une intervention au meeting LGBT pour l'égalité, 2012.
Franco Dragone, extrait du film documentaire Looking for Dragone de Manu Bonmariage, 2009.
Extrait de l’École des fans, Antenne 2, 1983
Message laissé sur un répondeur téléphonique par une conseillère bancaire, 2007.
Femme à sa fenêtre, vidéo postée sur Youtube, 2013.
Klaus Kinski, Yves Mourousi, extrait de l'émission Télé Zèbre, Antenne 2, 1990.
Guy "Bear" Vasquez, vidéo postée sur YouTube, 2010.
Dialogue radio entre le conducteur d'un train déraillé et un agent de police, Italie, 2009.
Francis Lalanne, extrait de l'émission Des Croissants dans l'acide, OuïFM, 2010.
Extrait de l'émission "Le Portugal face aux incendies", La Série Documentaire, France Culture, 2018.
Zoé Konstantopoulou et Stelios Virvidakis, session de vote au parlement grec, 2013.
Jean-Marc Lebihan, extrait d'une performance au festival d'Aurillac, 2013.
Sinéad O’Connor, extrait du Bob Dylan 30th anniversary concert, 1992.
Intervention d’une députée hongroise au parlement européen, 2015.
Scène de classe, Italie, 2015.
Henri Guaino et Jérôme Guedj, extrait La Voix est libre, France 3, 2012.
Extrait d'un concert de Nirvana, 1989.
Extrait de la vidéo Yelling at cats postée sur YouTube, 2006.
Extrait d'un commentaire de football, années 2000.
Scène de panique dans l'avion, vidéo postée sur YouTube, 2009.
Cuba Gooding Jr., extrait du discours de réception de l'oscar du meilleur acteur dans un second rôle, 1997.
Halle Berry, extrait du discours de réception de l'oscar de la meilleure actrice, 2002.
Kristina Rose et Manuel Ferrara, extrait du film Kristina Rose Is Slutwoman, 2011.
Extrait des archives téléphoniques des urgences médicales, États-Unis, années 2000.
Vidéo postée sur YouTube, 2011.
Mike Tyson, extrait du film Tyson de James Toback, 2008.
Intervention lors d’une visioconférence de la police de Los Angeles, 2020.
Reaction video postée sur YouTube, 2008.
Scène de famille enregistrée sur un téléphone, 2014.
Philip Anselmo, extrait d'un message posté sur YouTube, 2007.
Danez Smith, lecture publique du poème Dear White America, 2014.
Message envoyé sur un groupe Whatsapp pendant la grève contre la réforme des retraites, 2020.
Extrait d'un commentaire de football, années 2000.
Commentaire en direct d'un krach boursier, 2010.
Afida Turner, extrait de l'émission Les Anges de la téléréalité, NRJ12, 2010.
Jérôme, extrait de l'émission Radio Tisto, l’émission des jeunes de l’hôpital de jour d’Antony, Radio Libertaire, 2020.
Scène de manifestation à Alger, vidéo YouTube, 2019.
Scène d’atelier d’écriture, extrait de Le Papotin, réalisation Alexandre Plank pour L’Atelier Fiction, France Culture, 2017.
Natalie Sbaï, bulletin météo de la Radio Télévision Suisse, 2020.
Pierre Repp, extrait du sketch Les Crêpes, années 60.
Extrait d’un prêche évangéliste, 2019
Helena Janeczek, extrait de l'émission La Grande table, France Culture, 2019.
Jacques Lacan, extrait d'une conférence à l'université de Louvain, 1972.
Jean-Luc Delarue, extrait d'un entretien sur RTL, 2009.
Chris Crocker, extrait de la vidéo Leave Britney alone postée sur YouTube, 2007.
Daniel Balavoine, François Mitterrand, extrait du journal télévisé Midi2, Antenne 2, 1980.
Stéphane Bern, Alexis Grüss, une militante, extrait de l'émission Le Fou du roi, France Inter, 2008.
Conversation domestique, enregistrement personnel, 2018.
Mister mv lors du Z event 2021, Twitch TV, 2021.
Scène de commissariat, extrait du film Faits divers, Raymond Depardon, 1982.
Charles Pennequin, extrait d'une lecture au Centre Pompidou, 2000
Extrait de l'émission Ringbahndam Gschechtla, ∏node, 2021.
Intervention au parlement égyptien, 2013.
Senator Robert Byrd, extrait d'une déclaration au Sénat des États-Unis, 2008.
Vittorio Sgarbi, intervention à l’école des Beaux-Arts de Carrare, 2010.
John Korrey, extrait d'une vente aux enchères, extrait du DVD Chant of a Champion, 2007.
Récit de rêve, message What’sApp, 2019.
Janina Pasqual, intervention lors d’une manifestation anti-Dilma Rousseff, 2016.
Blair Fowley, extrait de son blog vidéo juicystar07, 2010.
Doc Gynéco, extrait de la vidéo Doc Gynéco pète les plombs sur YouTube, années 2000.
Encouragements d’un entraîneur de rugby avant match, 2008.
Muriel Robin, Laurent Ruquier, Michel Polac, extrait de l'émission On n'est pas couché, France 2, 2006.
Samir Hadj-Doudou, extrait de l’émission Le Téléphone sonne, France Inter, 2020.
Extrait d'un appel au service clientèle de l’entreprise Telmex, 2008.
Scène de police, extrait du film Faits divers de Raymond Depardon, 1982.
Extrait du film documentaire Looking for Dragone de Manu Bonmariage, 2009.
Claude Bartolone, extrait d’une séance de l’Assemblée nationale, 2013.
Scène de rue, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2014.
Marc Kravetz, extrait de l'émission Les Matins, France Culture, 2007.
Commentaires d'un entraîneur de football après le match, vidéo YouTube, 2015
Emma Gonzalez, extrait d'un discours lors de la "March for our lives", 2017.
Extrait d'un commentaire sportif sur la chaîne 7 Gold Telecity, 2010.
Joel Burns, intervention au conseil municipal de Fort Worth City, 2010.
Hubert Wulfranc, réaction à l’attaque terroriste de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, 2016.
Joutes oratoires, demi-finales du Samford Tournament, 2010.
Scène de classe en Bulgarie, 2013.
Extrait d’une partie du jeu en ligne WarCraft 3, 2014.
Extrait du verdict du procès Khodorkovski-Lebedev, 2010.
Azealia Banks, extrait de l'émission radio Hot 97, 2014.
Jim Cramer, extrait de l'émission Mad Money, CNBC, 2007.
Gwyneth Paltrow, extrait du discours de réception de l'oscar de la meilleure actrice, 1999.
Rohff, extrait de la vidéo Rohff répond à ses détracteurs postée sur YouTube, 2007.
Message laissé sur un répondeur téléphonique, 2012.
Traders à la corbeille de la bourse de New York, vidéo postée sur YouTube, 2008.
Cinq messages laissés sur le répondeur de Nicolas Rollet, 2008.
Extrait d'un appel téléphonique à un service clientèle, 2003.
Frédéric Danos, extrait de Tentative réussie d'épuisement d'une cassette 60 mn, 1998.
Françoise Lebrun, extrait du film La Maman et la putain de Jean Eustache, 1973.
Extrait d'un tchat entre deux gameurs, ViolVocal.com, 2007.
Récit d’une expérience, 2018.
Protestations d'un homme immobilisé par la police, vidéo YouTube, 2014
Daniel Cohn-Bendit, extrait d'une intervention au Parlement européen, 2008.
Extrait de la net TV "StockMarketFunding.com", 2010.
Intervention lors d'un rassemblement contre la politique du logement de Jean-Claude Gaudin à Marseille, vidéo postée sur Facebook, 2019.
Rod Paradot, discours de remerciement pour la remise du meilleur espoir masculin, cérémonie des Césars, 2016.
Hans Rudolf Merz, extrait d’un discours au Conseil fédéral suisse, 2010.
Saturation | Phénomène qui pousse la parole à une certaine limite. Propriété d'une parole saturée de cris, d'émotions, d'informations, voire de silences. Manière de déborder le cadre de la parole, de perturber ou de revigorer le flux du discours.
On peut appeler saturation l'opération qui met en jeu le cadre d'émission de la parole, en le perturbant, en le troublant, en le parodiant, en le brouillant, en le parasitant ou en le refusant. Par exemple, quand Daniel Balavoine assène sur le plateau du 13h trois minutes d'une tirade implacable, intense et virtuose, il bouscule et sature avec calme le cadre poli de l'information télévisuelle.
La saturation peut être un effet subi par le locuteur comme pour ce cas de bafouillement, voire augmentée de l'auto-commentaire de la faillite en cours pour cette introduction à une conférence. On peut comparer ces phénomènes avec la manière dont l'humoriste Pierre Repp pratique un comique de saturation.
Ce sont parfois les larmes d'une amie, d'un disciple ou d'un pair qui saturent le cadre de la parole; ou, plus trivial, le rire du locuteur. La saturation est également provoquée par un évènement extérieur, mystérieux dans le cas de la présentatrice télé Laure Cholewa, ou non-événement dans le cas de ce chat qui refuse d'obtempérer. Les tabloïds nous ont appris ce qui rendait Jean-Luc Delarue si loquace et on suppose que ce spectateur ne boit pas que de l'eau.
C'est une confusion dramatique qui sourd quand un simple dépôt de plainte dans un commissariat tourne à l’épanchement, quand un appel au secours vire à la rage, quand une chronique devient plaidoyer, quand un arc-en-ciel porte à l'extase.
Le cadre même d’énonciation peut se faire l’agent d’une saturation passant par le timbre et la cadence: gorge serrée et débit fluctuant le 10 novembre 2003 sur le plateau du 20h de France 2, ou en mai 2008, quand Daniel Cohn-Bendit intervient au Parlement européen.
Si ce message laissé sur un répondeur téléphonique nous offre un cas de saturation produite par un cadre et des contraintes fantasmées, la saturation imposée par le cadre en est un produit nécessaire pour rendre compte en temps réel d'actions en cours, comme lors d'une course hippique ou d'un match de football.
Quand une militante investit l'espace dialogal d'un direct radio, ou quand Marc-Olivier Fogiel s’entretient avec La Rumeur, ils provoquent une situation saturée d’empêchement de la parole en usant de la répétition. Par contre, le journaliste Marc Kravetz fait d'un défaut un art quand il adresse cette vertigineuse question à l’écrivain Eduardo Manet.
Ailleurs le locuteur imposera et le cadre et son contenu : jeux d'accumulation dans les performances parlées des poètes Anne-James Chaton, Charles Pennequin, concours de vitesse pour ce "speed-debate", liste hypnotique dans cette litanie sectaire, focalisation des attentions avec cette vente de bétail aux enchères.
L'autorité induite par le statut de vedette permet à Francis Lalanne et à Doc Gynéco d'imposer leur monologue saturant. C'est l’absence d’interlocution qui permet une saturation maîtrisée par occupation du territoire de la parole dans cet extrait d’un biff posté sur YouTube, une saturation enrichie d'entrelacs de registres avec le rappeur Rohff, ou mêlant langue maternelle et dialectes supposés dans ce prêche du pasteur Steve Foss.
La saturation sait aussi procéder du moins et du vide, par exemple quand Juliette Binoche se joue de ce que devrait être un entretien et réduit ses réponses au plus court, ou quand le psychanalyste Jacques Lacan surligne et théâtralise sa parole à grands coups d’espacements.
Phénomène de contamination d'une parole par une autre. La sympathie marque comment des manières de parler, des intonations, des accents ou des expressions se transmettent et se propagent d'un locuteur à un autre.
Scène de pêche, extrait d’une vidéo YouTube, Suède, 2013.
Apprentissage d'un poème de G.M. Hopkins par des enfants de 2 ans, enregistrement personnel de Stacy Doris, 2008.
Témoignage d’un couple, enregistrement de David Christoffel, Monaco, 2016.
Jeunesses pétainistes, extrait du film Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophuls, 1969.
Geoffrey Carey, Frédéric Danos, extrait d'un enregistrement de prédictions, 2019.
Conversation entre une femme et son chien, enregistrement personnel, 2017.
Scène de cocktail à l'Unesco, enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2011.
Extrait du film Biquefarre de Georges Rouquier, 1983.
Extrait d’un entretien dans le bocage normand, enregistrement de Perrine Davy, 2021.
Conversation entre amis, extrait d'un enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2008.
Raekwon, Ghostface Killah, extrait de l'album Striving for Perfection, 1995.
Alain Delon, Dick Cavett, extrait de l'émission Dick Cavett Show, ABC, 1970.
Extrait du film Doulaye, une saison des pluies de Henri-François Imbert, 1999.
Scène de famille, enregistrement de Nicolas Rollet, 2018.
Maurice Jarre, extrait du film In the Tracks of Maurice Jarre de Pascale Cuenot, 2007.
Scène de métro, extrait d'un enregistrement posté sur Audioboo, 2011.
Fernandel, extrait d'une lecture de La Chèvre de monsieur Seguin d'Alphonse Daudet, 1955.
Conversation de palier, enregistrement personnel de Nicolas Rollet, 2011.
Extrait d'une joute oratoire brésilienne, vidéo postée sur YouTube, années 2000.
Elissa Knight, Ben Burtt, extrait du film d’Andrew Stanton WALL-E, 2008.
Igor Stravinsky, extrait d'une répétition de Vorona.
Chien qui parle, YouTube, années 2000.
Scène de masturbation partagée par webcam, XTube, 2004.
Kristina Rose et Manuel Ferrara, extrait du film Kristina Rose Is Slutwoman, 2011.
Steve Martin et Charlotte Maier, extrait du film The Pink Panther de Shawn Levy, 2006.
Extrait d’un épisode d’une série Nollywood, 2019.
Fabrice Luchini et Alain Finkielkraut, extrait de l'émission Répliques, France Culture, 2011.
Conversation entre amis, extrait d'un enregistrement personnel d'Esther Salmona, 2009.
Philippe Chaine, François Christophe, enregistrement du générique d'une fiction radio, extrait du livre Rouge Micro de Temps Machine, Diaphane éditions, 2013.
Scène de nuit parisienne, enregistrement personnel, 2013.
Bernard Blier, Daniel Prévost, Pierre Repp, Pierre Richard et Pierre Tornade, extrait du film Je sais rien mais je dirai tout, 1973.
Extrait d'un cours de langue, vidéo postée sur YouTube, 2011.
Marie Lechner, Frédéric Kerk, extrait d’un entretien sur radio informal, 2020.
Henriette Coulouvrat, Anne Sinclair, extrait de l'émission Megahertz, TF1, années 1980.
Sage Francis, Apathy, extrait de la mixtape Still Sick... Urine Trouble, 2000.
Conversation entre deux enfants de 2 ans, enregistrement de Stacy Doris, 2008.
Tom Waits & Jimmy Fallon, extrait de l'émission Late Night, NBC, 2012.
Disque audiomaton, années 1960
Extrait du film documentaire J'ai mis 9 ans à ne pas terminer de Frédéric Danos, 2010.
Extrait du film Hinterland de Marie Voignier, 2009.
Orosko, extrait d'un message posté sur YouTube, 2008.
Raffaella Gardon et Antonio, enregistrement de Nicolas Rollet, 2014.
Dialogue entre un père et son fils, vidéo postée sur YouTube, 2011.
Scène de prêche, YouTube, 2014.
Robert Wilson et Christopher Knowles, extrait de la performance A Letter to Queen Victoria: The Sundance Kid is Beautiful, 1975.
David Hogan et son interprète, extrait d'une prédication en Allemagne, 2008.
Dieudonné, extrait du spectacle Sandrine, 2009.
Arnaud Laporte, Marie Audran, Vincent Huguet, extrait de l'émission La Dispute, France Culture, 2012.
Extrait de l'émission Une vie, une oeuvre, France Culture, 2016.
Public avant un spectacle, enregistrement de Joris Lacoste, 2013.
Scène de répétition, extrait de l'émission Star Academy, TF1, 2007.
Dialogue entre une fillette et ses parents, enregistrement personnel de Kelly Copper, 1973.
Kenneth Copeland, anathème, 2020.
Sympathie | Phénomène de contamination d'une parole par une autre. La sympathie marque comment des manières de parler, des intonations, des accents ou des expressions se transmettent et se propagent d'un locuteur à un autre.
La singularité d'une façon de parler n'est pas déterminée uniquement par les particularités physiques de la voix : sur des plans aussi divers que l'intonation, l'accentuation, le rythme, voire le timbre, elles sont souvent modelées par des paroles autres, au contact desquelles on apprend à parler ou on modifie sa propre parole.
Ce phénomène de sympathie se fait jour lorsque la parole d'un locuteur A emprunte des traits à celles d'un locuteur B, qu'il soit présent ou absent. Ce dernier paramètre (présence/absence) distinguera pour nous deux familles : la sympathie in absentia et la sympathie in praesentia.
Il y a sympathie in absentia lorsque le locuteur B est absent, mais néanmoins reconnaissable. L'influence par filiation ou proximité renforcée en est le paradigme : Jean Sarkozy et Marine Le Pen s'expriment le plus couramment du monde en sympathie flagrante avec leur père respectif. Très différents sont les cas où la sympathie fait l'objet d'un jeu ou d'une altération plus ou moins consciente : performance théâtrale du comédien Éric Ruf réinterprétant un entretien de Michel Foucault, ou délire d'un autiste transformant en charabia une imitation du Général de Gaulle. Ailleurs, la sympathie est mobilisée comme un pli ou une incise pour animer, à l'intérieur d'un discours, la parole de l'absent : ainsi ces imitations d'Antonin Artaud et de Winston Churchill.
Ces cas ont pour réquisit implicite que le parler du locuteur B soit connu par avance du plus grand nombre – autrement dit que B appartienne à la classe des "parleurs célèbres". Mais B peut également être un personnage de fiction, tels le loup et la trompe dans la fable de La chèvre de Monsieur Seguin lue par Fernandel. Ailleurs B pourra être un type, une universalité abstraite. Le "mec qui parlait comme ça" dans un sketch de Dieudonné pourra faire écho à l’opposant caricaturé par un jeune politicien conservateur ou encore à la mise en opposition du parler bourgeois et de la langue vulgaire dans cette plaidoirie de cinéma.
On dira qu'il y a sympathie in praesentia lorsque A et B sont impliqués dans le même acte de parole – alors la contamination devient sensible en actes.
On en trouve des occurrences particulièrement saillantes dans des situations de traduction simultanée, ainsi ce sermon de David Ogan, en anglais puis en allemand chez l'interprète, avec des intonations très voisines. Lorsque Robert Wilson et Christopher Knowles performent des poèmes sonores, ils forment conjointement une continuité rythmique, syntaxique, tonale, un même flux. Très proches également, ces courbes intonatives des paroles paysannes mises en scène dans le film Biquefarre de Georges Rouquier : la sympathie est ici révélatrice d'une communauté fortement soudée, jusqu'à sa parlure.
Cette forme de sympathie trouve son terrain d'élection dans des situations d'apprentissage, que ce soit un cours de la Star Academy, où l'apprenti chanteur module tel segment d'une chanson de Stevie Wonder à partir de l'interprétation plus assurée de sa professeure (écouter aussi Fortissimo). Pour amener sa fille à réciter l’alphabet, cette maman adopte un jeu de questions-réponses dans lequel chacune défie l'autre de poursuivre en adoptant sa cadence (écouter aussi Si ! No !). Cas particulier, ce chien auquel sa maîtresse apprend à dire "I love you" ou "Eric Clapton" : la sympathie est alors affaire de projection de B sur A (le désir de B que A parle). Tandis que dans cette scène drolatique du film la Panthère Rose, la sympathie se révèle en négatif, par l'échec répété du processus d'apprentissage.
Moins évidentes à première vue, les sympathies ayant lieu au cours d'une conversation, comme par inadvertance, sont révélatrices de la porosité ponctuelle des manières de parler. Sous sa forme minimale, la sympathie peut prendre la forme d'un soutien : une basse continue de "oui", "hmm", par lesquels un locuteur B encourage A à poursuivre son discours.
Ici, les deux locutrices se mettent à l'unisson sur une même intonation aigüe; là, une proposition lexicale est aussitôt recyclée (écouter Chick chick, Étrange étrange étrange). Là encore, les locutrices parlant parfois simultanément valident leurs propos par la répétition ou par un rire partagé. Dans cette rencontre entre Alain Finkielkraut et Fabrice Lucchini, l'accord intellectuel est tel que la célèbre exubérance du second déteint sensiblement sur la parole du premier. Le présentateur Jimmy Fallon, interrogeant Tom Waits sur les consignes qu’il donne à ses musiciens en répétition, est sympathique à la fois de la réponse présente de son invité, en accentuant comme lui certains mots, et d'une parole entendue précédemment qu'il identifie pour le public comme typique du chanteur (timbre de voix, ton, incongruité des propos).
La contamination peut devenir ludique par effet d'imitation ou d'entraînement, comme dans cette partie de jeu vidéo, dans cette scène de métro ou dans cet extrait du film Je sais rien mais je dirai tout.
À l'échelle d'un groupe important, ce déploiement de marques sympathiques est à même de construire une polyphonie complexe (écouter Chauffe-eau ou Le soufflé). Dans une salle de spectacle, à l’entrée du public, les individus sont à la fois unis par une activité commune - celle de l’attente du début - et séparés. Les conversations sont tournées vers leur objet propre (faire des commentaires sur un ami, raconter un spectacle précédent, etc.) et s’ajustent dans le même temps, par le volume en particulier, au brouhaha qui se forme.
Succession plus ou moins complexe d'éléments de discours apparaissant sur un même plan, comme faisant partie d'une même classe ou d'un même mouvement : listes, énumérations, inventaires, dont la linéarité peut servir d'appui rhétorique et esthétique au discours.
Anne-James Chaton, extrait de la performance Le Plasticien, 2008.
Serge de Beketch, entretien radiophonique Le libre Journal, 1996
Lecture de Atomic Alphabet par Chris Burden, 1982.
Liturgie catholique, extrait de l'émission La Messe, France Culture, 2011.
Eve Ensler, extrait de la Ted Conference : Happiness in body and soul, 2004.
Extrait d'un rituel satanique, YouTube, 2011.
Enregistrement d'Erik Bullot pour le film Glossolalie, 2005.
Interview d'un politicien danois, 2015
Extrait d'une harangue djihadiste postée sur internet, 2014.
Donald Trump, extrait du discours sur l'état d'urgence, 2019.
Danielle Mérian, vidéo de remerciement postée sur YouTube, 2015.
François Asselineau, vidéo postée sur le site de l’UPR, 7 mai 2017.
Roland Barthes, extrait de Le Neutre, cours au Collège de France, 1977-1978.
Serveur vocal de l'horloge parlante en France, 2013.
Improvisation d’un enfant de six ans, enregistrement personnel, 2019.
Extrait du disque Message du salut de la Mission suisse par disque, 1962.
Conversation familiale, enregistrement d'Ese Brume, 2013.
Joan Porras, message de soutien à des prisonniers politiques, 2018.
LL Cool J, extrait du morceau "It Gets No Rougher", 1989.
Jean Le Cam, extrait d’une vidéo postée sur YouTube, Vendée Globe, 2020.
Extrait d'un prêche à Kinshasa, enregistrement de Manuel Coursin, 2004.
Soundcheck de micro avant un concert du groupe Five Finger Death Punch, Casper, WY, 2012.
Fatou Diome, extrait de l'émission Ce soir (ou jamais), France 2, 2015
Homme lisant une rubrique nécrologique, enregistrement de Gauthier Tassart, 2007.
Scène de famille, enregistrement de Nicolas Rollet, 2018.
Christiane Taubira, réponse à une question de Laurent Wauquiez à l'Assemblée Nationale, 2013.
Extrait d'un blog vidéo, YouTube, 2007.
Extrait d'une vidéo pour apprendre à compter, Russie, 2013.
Extrait d’une visite guidée du Domus Aurea de Rome, 2019.
Marilena Chauí, extrait d’une table ronde, 2014.
Julien Blaine, récitation du poème I am a poet, années 2000.
Ouverture d’une conférence de presse du Conseil fédéral, Suisse, 2020.
Zoé Konstantopoulou et Stelios Virvidakis, session de vote au parlement grec, 2013.
Extrait d'une intervention de La Barbe à la présentation de saison du Théâtre de L'Odéon, 2012.
Message de quarantaine posté sur Whatsapp, 2020.
Idi Amin Dada, extrait d’un conseil des ministres, années 70.
Jean-François Kahn, extrait de l'émission Mots croisés, France 2, 2008.
Helen Mirren, extrait d'une présentation de nominés aux Oscars, 2008.
Enregistrement d'Erik Bullot pour le film Glossolalie, 2005.
Efrim Menuck, extrait d'un concert de A Silver Mt. Zion en Finlande, 2008.
Amy Walker, extrait de la vidéo 21 Accents postée sur YouTube, 2008.
Renata Sopek, extrait d'un cours de gymnastique à la télévision croate, 2012.
Paula White, extrait d’un prêche en soutien au dépouillement lors de l’élection présidentielle étasunienne, 2020.
Wolfgang Sobotka, extrait d’une séance au Conseil National du Parlement autrichien, 2019.
Discours lors d'un pot de départ en retraite, extrait du film Chers camarades de Gérard Vidal, 2004.
Extrait d'un cours de yoga, 2010.
Christian Sommer, extrait de l’émission Répliques, 2013.
Enregistrement personnel d'Eve Couturier, 1979.
Jack Ralite, extrait d'une prise de parole dans une AG, 2014.
Fillette décrivant des sons, extrait d'un enregistrement personnel de Kerwin Rolland, 2010.
Jérôme, extrait de l'émission Radio Tisto, l’émission des jeunes de l’hôpital de jour d’Antony, Radio Libertaire, 2020.
Nicolas Sarkozy, extrait de l’émission Chic Chaud, RFI, 1986.
Séance vidéo d'Emotional Freedom Technique, YouTube, 2013
Maître Herzog, extrait d'une déclaration à la presse en marge du procès Clearstream, 2009.
Sylvie Noachovitch, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2007.
Scène de dîner, enregistrement personnel de Valérie Louys, 2013.
Elie Hay, extrait d’un récit d’hypnose, enregistrement de Joris Lacoste, 2008.
Jean-Claude Bajeux, discours aux funérailles de Me Yves Volel, 1987.
Épreuve de décompte dans un jeu télévisé, 2013.
Michel Foucault, extrait d'un cours au collège de France, 1975-1976.
Extrait d’un prêche évangéliste, 2019
Louis de Funès et Denise Provence, extrait du film Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury, 1973.
Dominique Strauss-Khan, extrait d'un débat télévisé, 2005.
Extrait du film Les Invasions barbares de Denys Arcand, 2002.
Laurent Terzieff, extrait de l'émission La Nuit des Molières, France 2, 1988.
Enfant racontant une histoire, vidéo postée sur YouTube, 2011.
Philippe Chaine, François Christophe, enregistrement du générique d'une fiction radio, extrait du livre Rouge Micro de Temps Machine, Diaphane éditions, 2013.
Coluche, extrait du discours de candidature aux élections présidentielles, 1981.
Instructions d'un Photomaton, enregistrement personnel, 2017.
Boniment circassien, enregistrement personnel, 2014.
Annonce RATP, enregistrement personnel, 2018.
Scène de nuit parisienne, enregistrement personnel, 2013.
Extrait de la chaine YouTube d'une consommatrice espagnole, 2015
Discussion dans un jardin partagé, 2019
Jane Birkin, extrait du disque live Arabesques, 2002.
Mister mv lors du Z event 2021, Twitch TV, 2021.
Extrait d'un discours du maire d'Essakane, Mali, 2007.
Conversation, extrait d'un enregistrement personnel, 2010.
Roman Opalka, extrait de l'enregistrement 1965/1-∞, 1977.
Extrait d'une méthode Assimil de russe, année inconnue.
François Hollande, extrait du débat présidentiel de l'entre-deux tours, France 2, 2012.
Extrait du film de Stéphane Bernarsconi Tintin au Tibet, 1991.
Ingrid Berg, exercices sur l'accent norvégien, Les Archives de la parole, 1912.
Intervention au parlement égyptien, 2013.
Conversation dans un taxi, enregistrement personnel, 2019.
Eva Joly, extrait d'un discours au Cirque d'Hiver à Paris, 2012.
Annonce du programme lors du concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique, 2018.
Encouragements d’un entraîneur de rugby avant match, 2008.
Serge Aron, extrait d'une conférence à la Cité des Sciences et de l'Industrie, 2011.
Jeanne Moreau, extrait d'un entretien avec Marguerite Duras, ORTF, 1965.
Message WhatsApp, 2020.
Extrait d’une recette de cuisine, vidéo postée sur Youtube, 2019.
Emmanuel Macron, discours d’inauguration de la station F, 2017.
Marina Lubouchkine et Alexis Strycek, extrait de Pratique du russe parlé, Hachette Éducation, 1992.
Extrait de l'émission Champ libre, Télévision Suisse Romande, 1966.
Extrait d'un cours de Pilates, 2019
Apprentissage de la lecture, enregistrement d’Emmanuelle Lafon, 2017.
Gabriel, Louise, Sarah et Marc Tchalik, extrait de l'émission Métaclassique #101, 2021.
Lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, déclaration à la Radio Télévision Guinéenne, 2021.
Nikos Aliagas, extrait de The Voice saison 6, 2017.
Lancement du journal télévisé, RTS, 2020.
Marlène Jobert, Chantal Goya, Jean-Pierre Léaud, extrait du film Masculin, féminin de Jean-Luc Godard, 1966.
Extrait du bulletin La bourse, France Inter, années 80.
Extrait d’un post sur la chaîne YouTube de Francis CG, 2016
Extrait du film Avec le Sang des autres de Bruno Muel (Groupe Medvedkine), 1974.
Réprimandes à un chien, vidéo postée sur YouTube, 2018
Steffen Königer, discours au parlement allemand, 2016.
Emma Gonzalez, extrait d'un discours lors de la "March for our lives", 2017.
Juliet Berto et Philippe Clévenot, extrait du film Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette, 1974.
Récitation, vidéo postée sur Youtube, 2019.
Andreï Lado, extrait d'un cours de gymnastique articulatoire, YouTube, 2012.
Barack Obama, extrait d'un discours à la convention nationale du parti démocrate, 2004.
Bande-annonce du film E.T. de Steven Spielberg, 1982.
Maître Mantak Chia, extrait du DVD Exercices for Revitalization, Health and Longevity, 2007.
Ice-T, extrait du disque Home Invasion, 1993.
Apéro entre amis, enregistrement personnel, 2020.
Audrey Hepburn, extrait du discours de réception du Cecil B. DeMille Award, 1990.
Bernard Heidsieck, extrait du poème Vaduz, 1974.
Camelot sur le marché de Choisy-le-Roi, YouTube, 2015.
Gouy Gui, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2012.
Marilyn Horne, extrait du film documentaire Marilyn Horne, a portrait, 1994.
Discours de remerciement, enregistrement personnel, 2019.
Pierre-Yves Macé, Grégory Castéra, Joris Lacoste, Frédéric Danos, extrait d'une réunion de l'Encyclopédie de la parole, 2009.
Scène de jeu, extrait de l'émission Pictionary sur Une case en moins, 2010.
Extrait de l'émission Choses vues, ORTF, 1969.
Intervention d'un petit porteur dans une assemblée générale de Carrefour, extrait d'une vidéo postée sur Dailymotion, 2009.
Barnaby Raine, extrait d'une intervention à la conférence Coalition resistance, 2010.
Extrait d’un cours de marketing, enregistrement personnel, 2014.
Michel Gondry, extrait d’une masterclass, 2008.
Alfred Hitchcock, extrait de l'émisson Cinéastes de notre temps d'André S. Labarthe, ORTF, 1965.
Fred Hampton, extrait d'un discours, 1969.
Dick Cavett, extrait du talk show The Dick Cavett Show, 1971.
Série | Succession plus ou moins complexe d'éléments de discours apparaissant sur un même plan, comme faisant partie d'une même classe ou d'un même mouvement : listes, énumérations, inventaires, dont la linéarité peut servir d'appui rhétorique et esthétique au discours.
Les goûts pour le classement, la mise en famille, l’association d’idées s’écoutent dans une grande variété de situations sociales et supportent diverses dimensions qui peuvent cohabiter dans une même série. La collection dresse un inventaire qui donne un aperçu de cette variété et de ces diversités : quelles sont les différentes formes de séries, que peut-on dire de "l’effet liste" ?
A partir de deux éléments mis côte à côte, on peut percevoir une série, en dégager des propriétés telles qu’un troisième élément est imaginable, prévisible. Une série est souvent traitée comme complète à partir de trois éléments (écouter La vieille antienne). En ce sens, l’utilisation de la série est à ce point ancrée dans les pratiques langagières que régulièrement quelqu’un peut construire une série en mettant côte à côte deux éléments suivis d’un généralisateur comme "etc", ou en disant par exemple "et, je vous passe tous vos articles en promotion sur le marché alimentaire c’est bourré de pesticides c’est de la vraie merde" comme dans Vous ne contrôlez rien, ou bien encore c’est l’interlocuteur qui produit et propose un troisième possible élément.
La forme la plus évidente et qui a ouvert sur la collection est la série par énumération ordonnée de façon conventionnelle comme l’alphabet (écouter A for Atomic, Aleph, beth, ghimel), la numérotation (écouter Compte, Hana, tul, set, net), ou celle d'un manuel. Parmi les cinq extraits mentionnés, l'Atomic alphabet de Chris Burden se démarque des quatre autres dans la mesure où l’on entend une exploitation esthétique de l’ordre conventionnel : chaque lettre de l’alphabet est associée à un mot - ressemblant par là à la tradition des cheerleaders ("B for bomb", "G for gorilla"). Par ces procédés, et à travers une forme syntaxique systématique et simple, deux listes en une sont construites.
L’utilisation esthétique de la série prend aussi des formes moins conventionnelles, mais exploite le principe d’association d’éléments mis côte à côte qui crée un tout (écouter Tout autour, I come from, A la vie éternelle, La pontire). A cette dimension esthétique peut s’associer un principe d’argumentation comme dans cet extrait de face-à-face télévisé entre Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy, ou cette conférence de presse sur les marches d’un tribunal (écouter aussi Bientôt le seigneur va venir, Le Théâtre-Texte, La discipline n'est pas toujours institutionnelle, Ça va venir).
Une série peut être entendue comme fermée (par exemple les alphabets) ou bien ouverte au point de fonctionner surtout comme un exemplier, comme dans l'annonce de Coluche qui s'adresse à un panel d'électeurs possibles, et peut alors constituer un tout-ouvert, désignant ceux à qui l'on ne penserait jamais (écouter aussi Petite leçon d’argot, Le crétinisme, Pousse ton derrière, De tout mon amour, Vous ne contrôlez rien, Y'a la chimie, la bureautique, J'encule les punks).
Enfin la série couvre également les recours à l’énumération pour délivrer une opération en train de se faire ou à suivre, comme une recette de cuisine livrée sur un pas d’immeuble, un mouvement du corps décrit par un maître de qi gong, un parcours généalogique, la lecture d’une rubrique nécrologique, des remerciements à la fin d'un concert, la recherche d’un mot ou d’une idée (écouter Une théière, une cafetière, Une grosse Bertha, une Black Maria) un inventaire de sensations livré par un enfant.
Ensemble des propriétés physiques qui font la singularité ou le grain d'une voix. Manières dont, selon les contextes, ces propriétés sont mobilisées pour séduire, informer, vendre, convaincre, rassurer, terroriser, imiter ou prendre des masques.
Voix de synthèse, extrait d'une lecture de Katalin Molnár au Centre Pompidou (Paris), 2000.
Publicité pour les solutions d’investissement d’un promoteur immobilier chypriote, 2016.
Voix de synthèse prononçant les paroles de la chanson ABC des Jackson 5, 2013.
Nazareth Casti Rey, dit "el Niño predicador", extrait d’un prêche, années 2000.
Extrait d'une publicité pour un anti-dépresseur, 2004.
Jean-Luc Godard, extrait d'un live Instagram, 2020.
Témoignage, extrait du documentaire radio Et Godt sted de Gyrid Listuen, NRK, 2007.
Conversation familiale, enregistrement d'Ese Brume, 2013.
Extrait du spectacle Peter Peter Pet...er !!! de Stéphanie Chêne, 2006.
Abdel Eliot, extrait d'un entretien-canular avec un journaliste du Point, 2010.
Michel Sardou, extrait de l'émission T'empêche tout le monde de dormir, M6, 2007.
Sourds-muets interprétant une cantate de Bach, extrait du disque Deaf Bach de Artur Zmijewski, 2003.
Pierre-Alain de Garrigues, spot publicitaire radio, années 2000.
Extrait de la série Les Feux de l'amour, année inconnue.
Gaston Bachelard, extrait d'un entretien avec Pierre Schaeffer, Radio Télévision Française, années 40.
Jouet Minniecontes et chansons, IMC Toys, 2012.
Kenneth Williams et Michael Parkinson, extrait de l'émission Parkinson, BBC 1, 1973.
Paul Léautaud, extrait d'un entretien avec Robert Mallet, Radio Télévision Française, 1951.
Ouvreur de l’Opéra Bastille, enregistrement d’Olivier Normand, 2013
Témoignage, extrait de l'émission Le Troisième Quart de Siècle, Radio Canada, 1975.
Extrait d'une vidéo pour apprendre à compter, Russie, 2013.
Catherine Erhardy, extrait d'un film institutionnel PSA, années 2000.
Leonard Cohen, extrait du documentaire If It Be Your Will de Kari Hesthamarn, 2006.
Jeanne Robet, enregistrement personnel, années 2000.
Clip promotionnel pour une boite de nuit, YouTube, 2014.
Nicolas Bouvier, Pierre Stucki, extrait de l’émission scientifique Dimensions, RTS, 1975.
Jean-Marc Lebihan, extrait d'une performance au festival d'Aurillac, 2013.
Elissa Knight, Ben Burtt, extrait du film d’Andrew Stanton WALL-E, 2008.
Jack Nicholson, extrait d'un discours à la cérémonie ATI, 2010.
Gamer commentant sa partie, 2014.
Hervé Bernard Omnes, extrait du documentaire Flash Gordon, années 2000.
Fanny Charmont, spot publicitaire radio, années 2000.
Extrait de l'émission Lynch+Sound de Jeanne Robet, Arte Radio, 2007.
Conversation avec un cochonnet, vidéo postée sur YouTube, 2009.
Marie-Lou Retton, extrait de Fantastic Family Fitness Fun Session, 2007.
Carlo Bonomi, extrait de la série d’Osvaldo Cavandoli La linea, RAI, 1971.
Cathy Berberian, extrait de la pièce Recital for Cathy de Luciano Berio & Kurt Weill, 1968-1972.
Pierre Raymonde, extrait de Erotic Aerobics de Pierre Raymonde and Bugs Bower, 1982.
Extrait de l’émission The Rosie O’Donnell Show, USA, année inconnue.
Dialogue entre un enfant et ses parents, vidéo postée sur YouTube, 2013.
Serge Gainsbourg, extrait d’une interview, France Culture, 1982
Message posté sur Vice TV, 2020.
Bande-annonce de la série Once Upon A Time, 2011.
Jeff Buckley, extrait d'un entretien à Paris, années 90.
Antonin Artaud, extrait de la pièce radiophonique Pour en finir avec le Jugement de Dieu, enregistrée pour la RDF (mais non diffusée), 1947.
Alexandra Viau, extrait de Alexandra, une lettre d'amour audio de Alexandra Viau et Cédric Chabuel, Arte Radio, 2003.
Sylvie Caspar, extrait de Sylvie, la voix d'Arte de Sylvain Gire et Christophe Rault, Arte Radio, 2002.
Jérémie Covillault, extrait du film de Peter Jackson Le Hobbit : un voyage inattendu, 2012.
Extrait de la série Lego Bionicle, Netflix, 2016.
Femme parlant à une chèvre, extrait d'un enregistrement de Jeanne Robet, 2007.
Publicité radio, 2019.
Conversation entre amis, enregistrement personnel, 2016.
Extrait de l'émission Le Troisième Quart du Siècle, Radio Canada, 1975.
Claude Vega, extrait d'une imitation de Louis de Funès, années 50.
Didier Gustin, extrait du disque La Voix mystère, Professeur imitateur, 1989.
Eyesea, extrait de la version acapella de Phobohunt, YouTube, 2009.
Publicité radio pour Lexmark, années 2000.
Marguerite Duras, extrait d'un entretien avec Lucien Attoun, 1968.
Message posté sur WhatsApp, 2020.
Lecture de poésie à la télévision egyptienne, 2012.
Arletty, extrait de l'émission Le jeu du téléphone, années 60.
Pierre Schaeffer, extrait d'une démonstration, source inconnue.
Témoignage, extrait d'une vidéo postée sur Youtube, 2008.
Philippe et Cooky, extrait d'un sketch de ventriloquie, source inconnue.
Nicki Minaj, extrait de l'album de Kanye West, My Beautiful Dark Twisted Fantasy, 2010.
Bill Merriman, interview pour Sunday Sports, 2011.
Extrait de Clémence reprend la ferme, Les Pieds sur Terre, France Culture, 2021.
Bourvil, extrait de l'émission Soyez les bienvenus, Radio Mémoire, 1959.
Extrait d’une performance domestique, vidéo postée sur YouTube, 2018.
Extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2011.
Extrait du dessin animé Hokuto no Ken, épisode 1, TV Asahi, 1984.
Extrait du témoignage d’une personne atteinte de la maladie de Huntington, 2016.
Auguste Branly, extrait du coffret Pierre Schaeffer : 10 ans d'essais radiophoniques 1942-1952.
Publicité pour une chaîne de pizza, année inconnue.
Mohamed, extrait de l'émission Gym Direct, D8, 2014.
Séance d'exorcisme, extrait d'une vidéo postée sur YouTube, 2011.
Antonio Lobo Antunes, extrait de l’émission Par les temps qui courent, France Culture, 2019.
Extrait de la série Vincent Chalvon-Demersay et David Michel Monster Buster Club, 2008.
Thierry Mercier, extrait de la série Stargate 2, années 2000.
Marguerite Duras, extrait d'un entretien, 1986.
Yves Lecoq, extrait de la performance Un homme public de Philippe Parreno (collection Frac Bourgogne), 1994.
Extrait du dessin animé The Simpsons, épisode 4, saison 2, 1990.
Scène de classe en Bulgarie, 2013.
Témoignage d'un lépreux, extrait du film L'Ordre de Jean-Daniel Pollet, 1974.
Scène de rue, enregistrement personnel, 2021.
Publicité japonaise pour Panasonic, 2013.
Sabrina Marchese, spot publicitaire pour Télétoon, années 2000.
Bande-annonce du film E.T. de Steven Spielberg, 1982.
Charles Hartshorne, extrait d’un entretien, 1983.
Extrait d'une démonstration de la méthode "Tadoma speechreading" pour déficients visuels et auditifs, Sensory Communication Group at the MIT, 2011.
Extrait d’un concert de Venom, 1986.
Transgenre avant et après un traitement à la testostérone, montage à partir de deux vidéos postées sur YouTube (2003 et 2008).
Mel Blanc, campagne contre la drogue de Bugs Bunny, années 70.
Leona Anderson, extrait du disque Music to suffer by, 1957.
Michel Daedern, extrait d’une interview, 2007
Gerrit Graham, extrait d'un bonus au DVD Phantom of the Paradise de Brian De Palma, 1974.
Séance d'exorcisme postée sur YouTube, 2012.
Julie Bataille, spot publicitaire Eau Écarlate, années 2000.
Dieudonné, extrait du spectacle Sandrine, 2009.
Petite fille récitant un poème, extrait de l'émission Le Troisième Quart de Siècle, Radio Canada, 1975.
Récit de rêve, 2019
Extrait d'une séance de méditation ASMR, YouTube, 2014.
Alejandro Jodorowsky, extrait d'une démonstration, YouTube, 2012.
Maurice Serfati et Henri Virlogeux, extrait du disque L'Étoile mystérieuse, 1962.
Karine Will, extrait du documentaire La Lionne et le cobra, années 2000.
Françoise Rosay, extrait de l'émission Un dimanche dans un fauteuil, ORTF, années 60.
Brigitte Fontaine, extrait du journal télévisé 19/20, France 3, 2009.
Extrait d'un entretien avec un homme ayant subi une ablation du larynx, source inconnue, années 60.
Session d'enregistrement d'un disque d’hypnose, 2010.
Macha Béranger, extrait du générique de l'émission Allô Macha, France Inter, 1977-2006.
Protestations d'un homme immobilisé par la police, vidéo YouTube, 2014
Extrait de la net TV "StockMarketFunding.com", 2010.
Jonathan Krohn, extrait d’une intervention à la Conservative Action Conference, 2009.
Extrait de l'émission Sesame Street, saison 43, épisode 12, 2012.
Extrait de la compilation Flexi-Sex, Trunk Records, années 1970.
Rod Paradot, discours de remerciement pour la remise du meilleur espoir masculin, cérémonie des Césars, 2016.
Timbre | Ensemble des propriétés physiques qui font la singularité ou le grain d'une voix. Manières dont, selon les contextes, ces propriétés sont mobilisées pour séduire, informer, vendre, convaincre, rassurer, terroriser, imiter ou prendre des masques.
La collection est partagée entre une certaine idée de l'authenticité de la voix, dans sa naturalité plus ou moins fantasmée, et l'appréhension de la dimension construite du timbre. Le timbre est d'abord désigné comme la donnée proprement physiologique et irréductible de la voix. Il est cependant facile d'observer des phénomènes d'altération et de transformation du timbre. Mais nous nous attacherons surtout à la manière dont les locuteurs peuvent moduler certaines propriétés de leur voix et faire du timbre une ressource.
Un premier exemple est une collection à lui tout seul. L'actrice Amy Walker donne à entendre, pour un même énoncé, différents accents et autant de manières de modifier sa voix. Pour autant nous reconnaissons très bien, traversant inaltéré toutes ces modulations, le timbre singulier de la locutrice.
Dans la performance Deaf Bach, l'artiste Arthur Zmijewski fait chanter des cantates de Bach par des sourds. L’écoute de ce chœur de voix dissonantes donne le sentiment d'avoir accès à une certaine intimité des chanteurs, au son brut de leurs cordes vocales.
Le timbre de la voix résulte de données proprement physiques, anatomiques, physiologiques. Il dépend de l'épaisseur et de la longueur des cordes vocales, ainsi que de leurs conditions d'accolement. Il dépend également des caractéristiques des cavités de résonance (pharynx, bouche et cavité nasale). La combinaison de ces différents paramètres produira pour chaque individu un timbre particulier, tributaire des caractéristiques de son appareil phonatoire. De tous les autres paramètres phoniques par lesquels on peut caractériser la voix (hauteur, intonations, accentuations), le timbre est le plus mystérieux, le plus irréductiblement physiologique. D'une certaine manière, il n'est pas un usage du corps, il est le corps lui-même.
On peut ainsi "reconnaitre entre mille" le timbre de Macha Béranger sur France Inter, de Sylvie Caspar sur Arte, ou celui de cette petite fille, contrairement à la voix "sans chair" qui interprète ce poème.
Parce que le timbre est une donnée difficile à cerner, on aura souvent recours à des métaphores pour tenter de le définir. On dit par exemple que le timbre, c'est la couleur de la voix. A l'inverse, certaines voix sont dites "blanches" quand elles sont chuchotées, non timbrées, comme dans cet extrait du spectacle Peter Peter Pet...er !!!. Mais on pourra également attribuer au timbre une température, une matière, une saveur, une valeur, une luisance, une épaisseur : les timbres de Macha Béranger et de Leona Anderson sont dotés d'une chaleur sombre, tandis que le même timbre de Macha Béranger a en commun avec celui de Gaston Bachelard, de Leonard Cohen ou de Pierre-Alain de Garrigues une épaisseur mate. Le timbre de cet enfant de dix ans est mince comme celui de David Lynch, ou encore de Mary Lou Retton, également doux, ou comme celui de Didier Gustin, qui tend à s'assécher. Tous deux sont clairs comme celui de Paul Léautaud, de cette dame et de Fanny Charmont, ce dernier brillant comme celui d'Auguste Branly, lui-même aigre comme celui d'Antonin Artaud.
Comme nous le montre ce présentateur d'émission pour enfants, il suffit d'inhaler de l'hélium pour transformer radicalement sa voix.
Les transformations d'un corps sont l'occasion d'entendre les modifications de son timbre, qui peut parfois devenir méconnaissable. Ces transformations marquent néanmoins souvent les stades d'un processus : adolescence, vieillissement, maladie, etc... A la puberté, par exemple, l’adolescent doit notamment apprendre à réguler la pression de l’air sous ses cordes vocales, sous peine de produire ces « couacs » qui font déraper sa voix vers des aigus en fausset. Une mutation similaire est observable chez les transsexuels "F to M", dans le cas de traitements à la testostérone. On entend également ici l'avant et l'après traitement.
Le timbre, bien sûr, s'altère également en vieillissant. On l'entend ici à trois âges de Marguerite Duras : clair, puis aggravé par le vieillissement et le tabac, et enfin après avoir subi une trachéotomie.
Un simple rhume peut modifier la qualité d'une voix jusqu'à la rendre méconnaissable. Plus radicalement, ce monsieur ayant subi une laryngectomie fait entendre un timbre très spécifique : les sons sont produits en avalant de l'air par l'œsophage, et en le restituant sous la forme de "rots", une technique analogue à celle de ce ventriloque. Comme une marionnette étranglée, la voix de cette enfant possédée par un démon et de ce lépreux montrent également des cas de modification extrême du timbre.
Le chenal phonatoire, véritable instrument de la parole, peut se retrouver prolongé par diverses prothèses qui peuvent radicalement modifier la perception du timbre : porte-voix, microphone, sans même parler des spécificités acoustiques du lieu dans lequel la parole est émise. Pierre Schaeffer nous montre ainsi qu'un micro à ruban donnera une couleur spécifique à la voix. Les techniques de mixage permettent également de supprimer ou d'accentuer certaines fréquences de la voix enregistrée, la rendant ainsi à loisir plus grave, plus aigue, plus douce ou plus aigre, horripilante ou irrésistible.
Il est difficile de réduire le timbre uniquement à des propriétés physiques : en tant que singularité, marqueur d'identité, il s'agit aussi d'une construction sociale, d'une ressource que le locuteur peut mobiliser et moduler, de manière à produire certains effets spécifiques, en réponse au contexte dans lequel il agit.
Les techniques de cri des chanteurs de grindcore du groupe Eye Sea nous montrent ainsi une manière de "sortir" de son timbre et de modifier la chair de la voix. À l'inverse, les technologies de communication permettent de jouer avec une très faible intensité, comme le message que cette jeune femme enregistre pour son amoureux.
On a déjà vu le cas de la voix de Sylvie Caspar : suave, intime, érotique. On sait aussi comment les voix des reportages, des dessins animés, des jeux télévisés, des messageries vocales, des répondeurs d'entreprises, des annonces du métro parisien, utilisent des timbres savamment choisis pour leur caractère plus ou moins rassurant, aventurier, dramatique, grave, institutionnel, etc. La publicité en particulier exploite un petit nombre de "personnages timbraux" selon des codes assez rigides : l'homme de cinquante ans au timbre viril, rassurant et chaleureux, georgeclooneyesque, un peu granuleux et grasseyant, utilisé pour vendre du café, des parfums, des voitures de sport ou annoncer les films du dimanche soir ; la "mère de famille sexy" au timbre clair, souriant, légèrement rengorgé, soutenu par des intonations américaines, qui vante des shampooings ou des lingettes ; le jeune désinvolte au timbre plein d'avenir et aux intonations traînantes, tout prêt à emménager avec sa copine ; le faux-enfant espiègle (écouter aussi Te taper les fesses par terre) à la voix acidulée et enthousiaste ; le personnage de cartoon au timbre irréel et familier à la fois ; le noir des années 70 au ton exagérément grave et articulé.
C'est ainsi que la profondeur et la chaleur "virile" de la voix de Michel Sardou lui permettent d'asséner, sur un ton paternaliste, quelques vérités bien réactionnaires. De son côté, Bourvil, en s'interviewant lui-même, nous montre comment il use de sa voix pour construire son personnage public.
L'usage du timbre, parmi d'autres stratégies d'interprétation, permet ainsi de répondre aux attentes stéréotypées d'un journaliste comme dans ce canular, ou encore lors de ce meeting du Parti républicain américain, de caricaturer les détracteurs du conservatisme.
On peut conclure comme on a commencé, par une série d'imitations : dans cette histoire du manga Dragon Ball, racontée par Yves Lecoq empruntant les voix de personnalités connues, c'est surtout le phonostyle, c'est-à-dire la manière dont Jacques Chirac ou Johnny Hallyday jouent de leur timbre, de leurs inflexions et de leurs prononciations, que l'imitateur reproduit.
Le timbre, "c’est l’homme (la femme) même", mais tel qu’il ou elle se donne à entendre.